En 1993, le squelette partiel d’un sauropode fut découvert dans la carrière de Howe, dans le Kimméridgien-Tithonien de la formation géologique de Morrison (Wyoming, Etats-Unis). Ce squelette fut alors identifié comme un Diplodocus et surnommé nommé « Brösmeli ». Une fois excavé, « Brösmeli » transita par plusieurs musée et fut endommagé lors d’un incendie. Il fut finalement installé dans un musée aux Pays-Bas pour former un squelette composite de Diplodocus avec deux autres squelettes partiels (« Twin » et « Triplo »), collectivement surnommés « Kirby ». van der Linden et ses collègues décrivent ainsi « Brösmeli » comme l’holotype d’un taxon différent de Diplodocus, qu’ils baptisent Ardetosaurus (« lézard brûlé »), avec A. viator pour espèce.

L’holotype (MAB011899) d’Ardetosaurus viator est un squelette postcrânien partiel composé de 2 vertèbres cervicales, de 10 vertèbres dorsales, du sacrum, de 5 vertèbres caudales, de 8 côtes dorsales, de 2 chevrons, du coracoïde gauche, de l’ilium gauche, des pubis, des ischiums, du fémur gauche, du tibia gauche et de la fibula gauche partielle. L’incendie qui a endommagé MAB011899 a détruit 4 vertèbres cervicales ainsi que des morceaux du fémur, du tibia et de la fibula gauches.

Dans sa thèse de doctorat de 2019, Waskow a analysé l’ostéohistologie de MAB011899 qu’il a alors attribué à Diplodocinae indet.. Il constata que ce spécimen était un individu adulte âgé de 22 ans, ayant atteint la maturité sexuelle à environ 13 ans et la maturité squelettique à environ 17 ans. van der Linden et ses collègues notent également que la morphologie particulière du premier chevron de l’holotype (MAB011899) d’Ardetosaurus viator pourrait être un indicateur de dimorphisme sexuel.

van der Linden et ses collègues n’ont pas effectué d’analyse phylogénétique car cela s’inscrit dans le cadre d’une autre étude. Par conséquent, le classement d’Ardetosaurus se limite aux comparaisons morphologiques qui permettent de le considérer comme un diplodocidé diplodociné proche de Barosaurus et Galeamopus. Malgré l’abondance de diplodocinés dans la formation géologique de Morrison, Ardetosaurus s’en distingue par 5 caractéristiques vertébrales. Pour van der Linden et ses collègues, ces caractéristiques sont suffisantes pour justifier le fait qu’Ardetosaurus soit un nouveau taxon.

Ardetosaurus était un diplodocidé de taille moyenne, mesurant environ 18 à 19 mètres de longueur. Sa morphologie est typique du groupe et suggère qu’il se nourrissait de végétaux à mi-hauteur des arbres. La grande diversité de diplodocidés dans la formation géologique de Morrison est intrigante et suggère des partitions de niche encore inconnues. Ardetosaurus vivait dans des plaines inondables boisées en compagnie d’une grande diversité d’animaux comprenant dinosaures, crocodylomorphes, ptérosaures, rhynchocéphales, tortues…
Références : van der Linden, T.T.P.; Tschopp, E.; Sookias, R.B.; Wallaard, J.J.W.; Holwerda, F.M.; Schulp, A.S., 2024, A new diplodocine sauropod from the Morrison Formation, Wyoming, USA. Palaeontologia Electronica. 27(3): a50.
Waskow, K., 2019, Patterns of life history recorded in the dorsal rib histology of amniotes. Unpublished PhD Thesis, Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn. 339 p.
Toutes les images proviennent de van der Linden et al., 2024, à l’exception de la troisième qui provient de Waskow, 2019