Pterodaustro est un ptérosaure ctenochasmatidé notamment connu pour son crâne long, mince et incurvé vers le haut avec une dentition très spécialisée. Il est représenté par plusieurs centaines de spécimens de tous les stades ontogéniques, trouvés dans l’Albien de la formation géologique de Lagarcito (San Luis, Argentine). La grande quantité de spécimens de Pterodaustro permet d’étudier de nombreux aspects de son anatomie ainsi que de sa paléobiologie. Burlot et ses collègues analysent ainsi en détail la morphologie de la cheville de Pterodaustro.

Burlot et ses collègues ont étudié 28 spécimens plus ou moins complets de tous les stades ontogéniques disponibles de Pterodaustro guinazui. Ils constatent que la cheville de Pterodaustro passe par trois étapes de croissance. Chez les juvéniles, les tarses proximaux (astragale et calcanéum) ne sont pas fusionnés au tibia et les tarses distaux II, III et IV ne sont pas fusionnés.


Chez les subadultes, l’astragale et le calcanéum fusionnent entre eux (formant un astragalocanéum) puis sont fusionnés au tibia (formant un tibiotarse). Les tarses distaux II et III fusionnent pour former le tarse distal médial et le tarse distal IV (aussi appelé tarse distal latéral) demeure non fusionné. Toutefois, Burlot et ses collègues notent que chez les subadultes, les sutures de fusion sont visibles. Les adultes de P. guinazui ont un tibiotarse et des tarses distaux sans sutures de fusion visible.


Burlot et ses collègues remarquent que l’extrémité distale du tibiotarse de Pterodaustro est asymétrique et présente trois facettes articulaires. C’est une condition inhabituelle chez les ptérosaures, et indique un mode de locomotion particulier. Alors que l’articulation la plus médiale est très restreinte en mouvements de flexion-extension, l’articulation latérale possède une amplitude de mouvement très large. Ces caractéristiques sont combinées à un tarse distal latéral également asymétrique. Pour Burlot et ses collègues, cette condition se rapproche de celle de la cheville des oiseaux nageurs, et peut indiquer que Pterodaustro nageait régulièrement.

Burlot et ses collègues constatent également que le spécimen MIC-V623 présente des traces de tissus mous entre ses métatarsiens droits. Ce sont des tissus mal préservés et leur nature ne peut pas être actuellement déterminée. Toutefois, si Pterodaustro avait un mode de vie incluant régulièrement la nage, notamment pour se nourrir, Burlot et ses collègues supposent qu’il a pu posséder des pattes palmées. Les tissus mous de MIC-V623 peuvent donc potentiellement représenter en partie des restes de palmure.


Références : Burlot, R.; Codorniú, L.; Defend, L.; Laurin, M., 2024, The ankle joint of Pterodaustro guinazui. Acta Palaeontologica Polonica. 69(2): 329-350.
Cerda, I.A.; Codorniú, L., 2023, Palaeohistology reveals an unusual periodontium and tooth implantation in a filter-feeding pterodactyloid pterosaur, Pterodaustro guinazui, from the Lower Cretaceous of Argentina. Journal of Anatomy.
Toutes les images proviennent de Burlot et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Cerda et Codorniú, 2023 et de la dernière qui est une oeuvre de Maxence Ducros (aimablement fournie par Romain Burlot)
Bonjour!
Je suis Romain Burlot, merci pour ton article! Si tu veux une vue d’artiste de Pterodaustro avec le pied palmé et en train de nager par Maxence Ducros, je peux te l’envoyer!
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Bonjour Romain,
Un grand merci pour ton commentaire ! Cela a été un plaisir de lire votre article !!
Je serai ravi d’avoir accès à cette reconstitution pour pouvoir l’ajouter à mon article !!
Vous pouvez me l’envoyer par mail (dans la rubrique contact du site).
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