Au cours de fouilles dans l’Anisien de la formation géologique de Guanling (Yunnan, Chine), le squelette postcrânien partiel d’un archosauromorphe fut mis au jour. Ce n’est que récemment que les paléontologues ont pris conscience que ce spécimen représente un nouveau taxon. Lu et Liu le décrivent ainsi sous le nom de Luxisaurus (« lézard du comté de Luxi »), avec L. terrestris pour espèce.

L’holotype (HFUT SML-21-08-001) de Luxisaurus terrestris est un squelette postcrânien partiel. Il se compose de 2 vertèbres sacrales et 14 caudales, de gastralias et de côtes, du bassin partiel et des membres presque complets. Plusieurs caractéristiques au niveau de l’ossification des éléments de HFUT SML-21-08-001 indiquent que c’était un individu juvénile. Lu et Liu notent la présence d’une zone brune près du bassin et du fémur gauche, qui pourrait être une masse coprolithique. Néanmoins, ils ne discutent pas plus en détail de cette particularité.

L’analyse phylogénétique réalisée par Lu et Liu a classé Luxisaurus comme un membre basal de Tanystropheidae. Il est le tanystropheidé le plus basal à l’exception de Fuyuansaurus. Lu et Liu remarquent que les membres les plus basaux de Tanystropheidae ont été découverts en Chine, tout comme le groupe-soeur des dinocephalosauridés. Ils suggèrent ainsi que les tanystropheidés soient un groupe originaire de Chine, mais cette hypothèse nécessite d’être consolidée par de nouvelles découvertes. A noter également que la nature juvénile de l’holotype de Luxisaurus peut jouer un rôle dans la position basale du genre, mais cela ne peut être vérifié qu’avec la découverte d’un individu adulte.

Luxisaurus se caractérise par des membres allongés et graciles, avec des extrémités articulaires prononcées. Pour Lu et Liu, cela indique que les articulations des membres de Luxisaurus étaient flexibles, et que ses membres étaient construits pour la locomotion terrestre. Cette hypothèse est renforcée par par la morphologie de son pied, puisque son cinquième doigt est puissant, ce qui lui aurait conféré des capacités de propulsion du pied. Luxisaurus aurait donc été un tanystropheidé terrestre, comme Macrocnemus, Elessaurus ou Langobardisaurus, mais contrairement à la majorité des membres de ce groupe. A noter que ces caractéristiques sont valables pour l’holotype de Luxisaurus, qui est un juvénile. Il est possible que les Luxisaurus adultes aient été des animaux semi-aquatiques, mais c’est invérifiable.

Ni le crâne ni le cou de Luxisaurus sont connus, ce qui ne permet pas de le distinguer de Gracilicollum, un autre tanystropheidé de la formation géologique de Guanling. Des fossiles plus complets permettront de déterminer si ces deux genres sont synonymes ou non. Cette absence de crâne rend impossible toute détermination de l’écologie alimentaire de Luxisaurus. Si il vivait sur terre, il aurait probablement chassé des invertébrés et des petits vertébrés. Peut-être son cou était-il allongé comme celui des autres tanystropheidés. Luxisaurus vivait près des côtes, en compagnie des archosauromorphes Dinocephalosaurus et Gracilicollum.
Référence : Lu, Y.-T.; Liu, J., 2023, A new tanystropheid (Diapsida: Archosauromorpha) from the Middle Triassic of SW China and the biogeographical origin of Tanystropheidae. Journal of Systematic Palaeontology. 21(1): 2250778.
Toutes les images proviennent de Lu et Liu, 2023