Les drepanosauromorphes sont un groupe de petits sauropsides du trias supérieur, dont les fossiles n’ont été retrouvés qu’en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Ce groupe est mal connu, avec seulement une poignée de genres décrits et de nombreux détails de leur anatomie encore obscurs. Leur classement est incertain, les drepanosauromorphes ont été considérés comme des lepidosaures, des archosauromorphes et plus récemment, comme des neodiapsides basaux. Pritchard et ses collègues décrivent ainsi plusieurs fémurs isolés découverts dans différentes localités aux Etats-Unis, attribuables à Drepanosauromorpha.

Le matériel décrit par Pritchard et ses collègues se compose uniquement de fémurs, préservés en trois dimensions et en assez bon état. 5 d’entre eux (GR 387, GR 1078, GR 1079, GR 388 et GR 1080) proviennent du Norien de la formation géologique de Chinle (Nouveau-Mexique, USA). 4 autres fémurs (TTU-P24739, TTU-P24741, TTU-P24746 et TTU-P24745) proviennent du Norien de la formation géologique de Cooper Canyon (Texas, USA). Enfin, le dernier fémur décrit (TMM 31100-1333) provient du Norien de la formation géologique de Colorado City (Texas, USA). Plusieurs genres de drepanosauridés sont connus de ces formations géologiques, il est donc impossible d’attribuer ces fémurs à un genre précis. De plus, leur morphologie est plus similaire à celle des drepanosauromorphes basaux comme Hypuronector et Vallesaurus. Pritchard et ses collègues réfèrent donc cet ensemble de 10 fémurs à Drepanosauromorpha indet.

L’écologie des drepanosauromorphes est encore floue, du fait de leur anatomie mal comprise. Il a été suggéré que les drepanosauromorphes soient des animaux aquatiques, arboricoles ou même creuseurs. Cela est du au fait que les spécimens les plus complets de ce groupe sont préservés en deux dimensions, rendant impossible toute description détaillée. Ces fémurs décrits par Pritchard et ses collègues permettent de connaître en détail la morphologie des fémurs des drepanosauromorphes. Ils ont pu établir un diagnostic complet des caractéristiques des fémurs de ce groupe, et ont établi des comparaisons avec plusieurs groupes de sauropsides.

L’analyse de Pritchard et ses collègues en conclut que deux hypothèses sont viables pour la posture des membres des drepanosauromorphes. La première confirme l’écologie arboricole, en ce que les fémurs des drepanosauromorphes sont très semblables à ceux des caméléons. Ils seraient dotés d’une forte amplitude de protraction des membres postérieurs, une capacité très utile pour s’agripper aux branches. La seconde hypothèse suggère que les membres des drepanosauromorphes étaient placés plus en dessous du corps que ce que l’on pensait, comme chez les thérapsides et les archosauriformes. Si cette seconde hypothèse d’avère correcte, il est fort probable que l’écologie des drepanosauromorphes soit bien différente de ce qu’ont proposé les études précédentes. Des fossiles bien conservés du bassin des drepanosauromorphes sont nécessaires pour tester ces deux hypothèses.
Référence : Pritchard, A.C.; Irmis, R.B.; Olori, J.C.; Nesbitt, S.J.; Smith, N.D.; Stocker, M.R.; Turner, A.H., 2023, The femora of Drepanosauromorpha (Reptilia: Diapsida): Implications for the functional evolution of the thigh of Sauropsida. The Anatomical Record.
Renesto, S.; Spielmann, J.A.; Lucas, S.G.; Spagnoli, G.T., 2010, The taxonomy and paleobiology of the Late Triassic (Carnian-Norian: Adamanian-Apachean) drepnosaurs (Diapsida: Archosauromorpha: Drepanosauromorpha). New Mexico Museum of Natural History and Science. Bulletin 46.
Toutes les images proviennent de Pritchard et al., 2023 à l’exception de la première qui provient de Renesto et al., 2010