Nouveau pachypleurosaure : Luopingosaurus

Il y a quelques années, un squelette de pachypleurosaure fut découvert dans l’Anisien de la formation géologique de Guanling (Yunnan, Chine). Xu et ses collègues décrivent ainsi ce spécimen comme l’holotype (IVPP V19049) du nouveau genre Luopingosaurus (en référence au comté de Luoping), avec L. imparilis pour espèce. L’holotype (IVPP V19049) de Luopingosaurus imparilis est un squelette quasi complet, préservé ventralement, auquel il ne manque que l’extrémité de la queue.

Photographie (a) et dessin interprétatif (b) de l’holotype (IVPP V19049) de Luopingosaurus imparilis

L’analyse phylogénétique de Xu et ses collègues a classé Luopingosaurus au sein des pachypleurosauridés, dans une position dérivée de taxon-soeur de Honghesaurus. Elle a également révélé que le pachypleurosauridé européen Prosantosaurus est plus proche des genres asiatiques de cette famille. C’est contraire aux résultats obtenus lors de sa description, qui le classait dans un clade avec les pachypleurosauridés européens Serpianosaurus et Neusticosaurus. Cette phylogénie proposée par Xu et ses collègues suggère ainsi que la famille des pachypleurosauridés serait originaire d’Europe et se serait dispersée en Asie, alors que l’on pensait auparavant que tous les pachypleurosaures s’étaient dispersés d’Asie vers l’Europe.

Résultats de l’analyse phylogénétique de Xu et ses collègues, classant Luopingosaurus comme un pachypleurosauridé dérivé, taxon-soeur de Honghesaurus

Luopingosaurus présente une réduction de la taille de ses côtes caudales, indiquant que sa queue était comprimée latéralement. Selon Xu et ses collègues, cette morphologie caudale lui aurait conféré un avantage fonctionnel, améliorant sa maniabilité et l’efficacité de sa nage ondulatoire. Luopingosaurus se caractérise également par une hyperphalangie au niveau de ses mains, avec un nombre de phalanges plus élevé que la norme au troisième doigt. Cette hyperphalangie n’est pas très prononcée et n’augmente pas la longueur des nageoires, mais peut affecter leur contour de déformation lors de la nage. Luopingosaurus était probablement un nageur axial, sa propulsion étant principalement assurée par la flexion de l’axe du corps plutôt que par les membres. Son hyperphalangie est donc assez difficile à interpréter mais elle pourrait contribuer à une amélioration de l’hydrodynamisme de Luopingosaurus. A noter que l’hyperphalangie de Luopingosaurus est le premier cas d’hyperphalangie rapporté chez les pachypleurosaures.

Photographie (a) et dessin interprétatif (b) des membres antérieurs et du tronc de l’holotype (IVPP V19049) de Luopingosaurus imparilis, mettant en évidence son hyperphalangie aux mains

Contrairement aux autres pachypleurosaures mais à l’instar de ses proches parents Honghesaurus et Wumengosaurus, Luopingosaurus possédait un museau allongé. Une telle longirostrie est liée à ses adaptations écologiques selon Xu et ses collègues, car un long museau permet d’avoir un crâne plus effilé et donc plus hydrodynamique, ainsi que des rangées de dents plus longues. Pour Xu et ses collègues, ces caractéristiques sont des adaptations pour saisir ses proies et pour nager plus rapidement. Toutefois, contrairement aux pachypleurosaures brévirostres, Luopingosaurus avait des capacités d’aspiration plus faibles. Comme les autres pachypleurosauridés, Luopingosaurus possède des dents coniques, efficaces pour capturer de petites proies rapides.

Photographies (a-b) et dessins interprétatifs (c-d) du crâne l’holotype (IVPP V19049) de Luopingosaurus imparilis, mettant en valeur son museau allongé

Luopingosaurus, sur la base de la taille de l’holotype, mesurait environ 65 centimètres de longueur. Il vivait dans une mer assez peu profonde, en compagnie d’ichthyosauromorphes, de saurosphargidés, du sauropterygien basal Atopodentatus, de nothosauroidés, de pachypleurosaures basaux, keichousauridés et pachypleurosauridés. Sur la base de ses caractéristiques morphologiques, ce devait être un très bon nageur, spécialisé dans la chasse de petites proies rapides, très probablement de petits poissons. Les genres brévirostres, moins hydrodynamiques, devaient chasser des proies plus lentes par aspiration, comme des mollusques aquatiques. Une telle différence écologique explique la cohabitation de pachypleurosauridés brévirostres (Keichousauridae) et longirostres (Pachypleurosauridae) dans l’écosystème de Guanling, car leur alimentation différait.

Référence : Xu, G.-H.; Shang, Q.-H.; Wang, W.; Ren, Y.; Lei, H.; Liao, J.-L.; Zhao, L.-J.; Li, C., 2023, A new long-snouted marine reptile from the Middle Triassic of China illuminates pachypleurosauroid evolution. Scientific Reports. 13: 16.

Toutes les images proviennent de Xu et al., 2023

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