Europasaurus est un sauropode brachiosauridé connu de plusieurs spécimens aux stades ontogéniques variés, provenant du Kimméridgien de la formation géologique de Süntel (Niedersachsen, Allemagne). Europasaurus, dont l’espèce type est E. holgeri, est par ailleurs sujet au nanisme insulaire, avec une taille adulte ne dépassant pas les 6 mètres de longueur. Malgré le fait que le genre soit très bien connu, notamment par des crânes bien préservés, son écologie reste encore obscure. Régent et ses collègues étudient ainsi la dentition d’Europasaurus afin de mieux connaître son écologie alimentaire.

Régent et ses collègues ont analysé 13 dentaires, 5 prémaxillaires, 1 maxillaire, 2 rangées de dents isolées, un crâne partiel et 90 dents isolées d’individus de plusieurs stades ontogéniques d’Europasaurus holgeri. Ils constatent qu’Europasaurus présente 4 dents prémaxillaires, 12 dents maxillaires et 13 à 14 dents dentaires pour chaque côté des mâchoires. Ils notent que chez Europasaurus, le nombre de dents ne change pas au cours de l’ontogénie.

Régent et ses collègues remarquent que comme chez le brachiosauridé Giraffatitan et de nombreux autres sauropodomorphes, les dents de remplacement d’Europasaurus ont des denticules sur leurs carènes. Ces denticules sont presque invisibles sur les dents fonctionnelles car l’usure dentaire use ces denticules. Régent et ses collègues notent que comme chez les autres membres de Neosauropoda, Europasaurus possède un remplacement dentaire très rapide, plus fréquent à l’avant de la mâchoire qu’à l’arrière. Cette différence de fréquence est liée au fait que les dents postérieures sont moins sollicitées et usées lors de l’alimentation.

L’usure dentaire d’Europasaurus est particulière car elle se présente sous deux formes d’usure (le type A et B). Les sauropodes présentent habituellement un seul de ces deux types d’usure. Le type A est une usure de l’apex de la couronne dentaire et indique un contact dent à dent et une alimentation à base de végétaux robustes. Le type B est une usure latérale de l’apex de la couronne dentaire et est causé par un arrachage de la végétation. Pour Régent et ces collègues, la présence de ces deux types d’usure chez Europasaurus suggère une écologie alimentaire végétivore généraliste chez ce taxon.

Finalement, Régent et ses collègues mettent l’accent sur un mode de conservation inhabituel des spécimens d’Europasaurus pour des fossiles de dinosaures. En effet, il existe des rangées de dents isolées d’Europasaurus, préservées dans leur position anatomique mais sans élément osseux de mâchoire. Pour Régent et ses collègues, cela ne peut s’expliquer que par la présence d’un tissu mou recouvrant partiellement les dents, comme cela a déjà été suggéré (voir cet article). A la mort des spécimens, ce tissu aurait rétréci et séparé les dents des mâchoires, mais conservé leur position d’origine. Europasaurus aurait donc eu un bec de kératine qui aurait amélioré l’ancrage de ses dents dans la mâchoire.

Référence : Régent, V.; Wiersma-Weyand, K.; Wings, O.; Knötschke, N.; Sander, P.M., 2024, The dentition of the Late Jurassic dwarf sauropod Europasaurus holgeri from northern Germany: ontogeny, function, and implications for a rhamphotheca-like structure in Sauropoda. PeerJ. 12: e17764.
Marpmann, J.S.; Carballido, J.L.; Sander, M.P.; Knötschke, N., 2014, Cranial anatomy of the late jurassic dwarf sauropod Europasaurus holgeri (Dinosauria, Camarasauromorpha): ontogenetic changes and size dimorphism. Journal of Systematic Palaeontology. 1: 875074.
Toutes les images proviennent de Régent et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Marpmann et al., 2014