Dans les années 2000, le squelette partiel d’un sauropode fut découvert à Las Campanas, dans le Cénomanien de la formation géologique de Candeleros (Neuquén, Argentine). En 2016, Paulina Carabajal et ses collègues ont décrit la boîte crânienne de ce spécimen comme appartenant à un Rebbachisauridae indet. distinct de Limaysaurus. Ils n’ont toutefois pas décrit le reste du squelette. Lerzo et ses collègues décrivent ainsi ce squelette comme l’holotype d’un nouveau taxon qu’ils baptisent Campananeyen (« air de Las Campanas »), avec C. fragilissimus pour espèce.

L’holotype (MMCh-PV 71) de Campananeyen fragilissimus est un squelette partiel composé du crâne partiel, d’un arc neural dorsal, d’une vertèbre sacrale, d’une épine neurale sacrale, de plusieurs vertèbres caudales, des iliums partiels et de deux phalanges unguéales. Lerzo et ses collègues ne spécifient pas le stade ontogénique de MMCh-PV 71, mais il s’agit probablement d’un adulte ou d’un subadulte. A noter que l’une des phalanges unguéales possède trois petits renflements potentiellement pathologiques.

L’analyse phylogénétique de Lerzo et ses collègues classe Campananeyen comme un membre basal des rebbachisauridés, dans un clade avec Zapalasaurus et Sidersaura. Cette analyse confirme la relation entre Zapalasaurus et Sidersaura déjà mise en évidence dans la description initiale de Sidersaura (voir cet article). Toutefois, Itapeuasaurus est ici retrouvé dans une position plus dérivée que ce clade.

Campananeyen se caractérise par sa très forte pneumatisation postcrânienne, notamment au niveau de l’ilium. Malgré cette pneumatisation, Lerzo et ses collègues notent que son squelette était très solide grâce à la présence de puissants muscles au niveau du bassin. Comme chez les autres rebbachisauridés, la pneumatisation de Campananeyen est camérée, c’est-à-dire que de grandes cavités formant des chambres permettaient d’alléger la structure des os de Campananeyen. Le rôle exact de cette pneumatisation reste à déterminer, mais il est probable qu’elle servait à alléger le poids total du corps des rebbachisauridés.

Campananeyen était un petit rebbachisauridé puisque son holotype aurait mesuré environ 6 mètres de longueur. Sur la base de ses proches parents, il semble probable qu’il ait été un végétivore se nourrissant près du sol. Il vivait dans une région assez aride connue sous le nom de désert de Kokorkom. Campananeyen y cohabitait avec des rhynchocéphales, des crocodylomorphes, des squamates, des tortues, des sauropodes, des ornithopodes, le thyreophore Jakapil, le dromaeosauridé Buitreraptor, le coelurosaure Bicentenaria, l’alvarezsauridé Alnashetri, l’abelisauridé Ekrixinatosaurus et le carcharodontosauridé Giganotosaurus.
Références : Lerzo, L.N.; Fernández-Baldor, F.T.; Canale, J.I.; Whitlock, J.A.; Otero, A.; Gallina, P.A., 2024, They all floated in the Cretaceous: new rebbachisaurid (Sauropoda, Diplodocoidea) with a highly pneumatized skeleton from the Upper Cretaceous (lower Cenomanian) of Patagonia, Argentina. Historical Biology.
Paulina Carabajal, A.; Canale, J.I.; Haluza, A, 2016, New rebbachisaurid cranial remains (Sauropoda, Diplodocoidea) from the Cretaceous of Patagonia, Argentina, and the first endocranial description for a South American representative of the clade. Journal of Vertebrate Paleontology. 36(5): e1167067.
Toutes les images proviennent de Lerzo et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Paulina Carabajal et al., 2016