Plateosaurus est un genre de dinosaure sauropodomorphe plateosauridé connu d’une centaine de spécimens découverts dans le Norien d’Europe. A l’heure actuelle, seules trois espèces de ce genre sont valides : P. trossingensis (l’espèce-type), P. longiceps et P. gracilis. Le très grand nombre de spécimens de Plateosaurus a permis l’étude de nombreux aspects de la morphologie et de l’écologie de ce genre (voir par exemple cet article). Schaeffer et ses collègues analysent ainsi les pathologies affectant les chevrons de plusieurs spécimens de Plateosaurus.
Schaeffer et ses collègues ont relevé la présence de pathologies affectant les chevrons de quatre spécimens de Plateosaurus trossingensis. Il s’agit des squelettes partiels SMNS 13200 (holotype de P. trossingensis), SMNS 91296, MSF 18.1 et GPIT-PV-70385. Seules les pathologies de SMNS 13200 et SMNS 91296 ont été analysées en détail. Schaeffer et ses collègues notent que les chevrons 16, 17, 18 et 19 de MSF 18.1 présentent une excroissance osseuse pathologique, et que le chevron 12 de GPIT-PV-30785 présente une extrémité distale pathologique impossible à déterminer.
Les chevrons 8, 9 et 10 de SMNS 13200 ont une extrémité ventrale recouverte d’os périosté, un tissu osseux caractéristique de la guérison des pathologies osseuses. De plus, ces chevrons sont aussi plus courts que les autres chevrons environnants, indiquant un retard de croissance pour les chevrons pathologiques. Ces observations avaient déjà été faites par Schaeffer (voir cet article), sans toutefois faire l’objet d’une discussion. Pour Schaeffer et ses collègues, les chevrons 8, 9 et 10 de SMNS 13200 ont probablement été affectés par un traumatisme causé par une surtension des muscles de la queue. SMNS 13200 a pu se débattre suite à sa capture par un prédateur ou à un embourbement, ce qui a entraîné cette surtension.
Les chevrons 9 à 15 de SMNS 91296 présentent plusieurs fractures ainsi que des déplacements de fragments osseux. La position des fractures et le sens de déplacement des fragments indique que la force du traumatisme provenait du côté droit et du dessous de la queue. Pour Schaeffer et ses collègues, ce traumatisme a été causé par un écrasement de cette partie de la queue, causé par une chute ou plus probablement une morsure. Cette morsure n’a pas pu pénétrer plus profondément l’os de par la présence de nombreux muscles et de graisses dans la queue de Plateosaurus. Elle a donc été amortie et n’a entraîné qu’un traumatisme assez superficiel.
Dans le cas de SMNS 13200 comme de SMNS 91296, les traumatismes sont localisés dans la partie médiane de la queue. Chez ces deux spécimens, les évènements traumatiques qui les ont affectés sont isolés et n’ont pas entraîné la mort des animaux. SMNS 13200 a pu s’extraire de la boue dans laquelle il était piégé, et SMNS 91296 a pu échapper au prédateur qui l’a mordu. Enfin, vu la nature superficielle de leurs blessures, SMNS 13200 et SMNS 91296 n’ont probablement pas été très affectés par leurs pathologies caudales.
Références : Schaeffer, J.; Wolff, E.; Witzmann, F.; Ferreira, G.S.; Schoch, R.R.; Mujal, E., 2024, Paleobiological implications of chevron pathology in the sauropodomorph Plateosaurus trossingensis from the Upper Triassic of SW Germany. PLoS ONE. 19(7): e0306819.
Schaeffer, J., 2024, Osteological redescription of the holotype of Plateosaurus trossingensis (Dinosauria: Sauropodomorpha) from the Upper Triassic of SW Germany and its phylogenetic implications. Journal of Vertebrate Palaeontology. 22(1): 2335387.
Toutes les images proviennent de Schaeffer et al., 2024
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