Posture de Trigonosaurus

Trigonosaurus est un genre de sauropode titanosaure Aeolosaurini décrit en 2005 par Campos et ses collègues, avec T. pricei pour espèce. Il se base sur un squelette partiel (MCT 1488-R) découvert dans le Maastrichtien de la formation géologique de Marília (Minas Gerais, Brésil). Campos et ses collègues avaient alors désigné comme paratype de T. pricei une série de 10 vertèbres caudales (MCT 1719-R) découvertes dans la même formation. En 2022, Silva Junior et ses collègues ont synonymisé Trigonosaurus pricei à Baurutitan britoi (voir cet article) et crée le genre Caieiria pour l’ancien paratype de T. pricei (voir cet article). Vidal et ses collègues décrivent ainsi en détail la posture de Trigonosaurus tout en revenant sur son statut taxonomique.

Photographies des vertèbres de l’holotype (MCT 1488-R) de Trigonosaurus pricei

Vidal et ses collègues notent que Trigonosaurus pricei présente plusieurs différences avec Baurutitan britoi, jugées liées à la variation intraspécifique par Silva Junior et ses collègues. Pour Vidal et ses collègues, ces différences sont cruciales et justifient la distinction entre les deux taxons, ce qui rend à nouveau valide le genre Trigonosaurus. Vidal et ses collègues constatent également des similitudes entre l’articulation du sacrum de Trigonosaurus et les vertèbres caudales de Caieiria. Ils s’abstiennent de synonymiser Caieiria à Trigonosaurus mais notent qu’une étude détaillée à ce sujet est nécessaire et prévue.

Photographies des vertèbres caudales holotype (MCT 1719-R) de Caieiria allocaudata (sensu Silva Junior et al., 2022) ou bien paratype de Trigonosaurus pricei (sensu Campos et al., 2005 et Vidal et al., 2024)

Vidal et ses collègues ont donc analysé la biomécanique des vertèbres de Trigonosaurus sensu lato, c’est à dire de son holotype (MCT 1488-R) et de son supposé paratype (MCT 1719-R). En suivant la taxonomie de Silva Junior et ses collègues, l’analyse de Vidal et ses collègues porte donc sur la biomécanique des vertèbres cervicales et dorsales de Baurutitan et sur celle des vertèbres caudales de Caieiria. Pour effectuer leur analyse, Vidal et ses collègues ont scanné les vertèbres de MCT 1488-R et MCT 1719-R afin de les soumettre à des analyses biomécaniques. Ils ont reconstruit les éléments manquants pour réaliser une reconstitution 3D de toute la colonne vertébrale de Trigonosaurus.

Reconstitution squelettique de Trigonosaurus dans la posture hypothétisée par Vidal et ses collègues (A- avec son paratype MCT 1719-R ; B- sans son paratype, en considérant Caieiria comme un genre valide)

Les vertèbres cervicales et dorsales de Trigonosaurus ont une articulation opisthocœle (la face articulaire antérieure est convexe et la face articulaire postérieure est concave), son sacrum a des articulations hétérocœles (les faces articulaires sont en forme de selle) et finalement ses vertèbres caudales sont ont une articulation procœle (la face articulaire antérieure est concave et la face articulaire postérieure est convexe). Ces différences d’articulation permettent la flexibilité de la colonne vertébrale de Trigonosaurus. Vidal et ses collègues notent que l’articulation opisthocœle conférait à son cou et à son dos une forte stabilité afin de permettre une grande amplitude de mouvement vertical.

Reconstitution 3D de la queue de Trigonosaurus (ou bien de Caieiria), montrant sa posture possible selon l’épaisseur des tissus mous situés entre les vertèbres ; on note sa posture sigmoïdale quelle que soit l’épaisseur de tissus mous estimée

Vidal et ses collègues constatent que les vertèbres cervicales de Trigonosaurus auraient permis à son cou d’être dressé en position oblique, avec une tête orientée horizontalement. Ses vertèbres dorsales D2 et D3 sont des vertèbres de transition entre cette posture oblique du cou et une posture beaucoup plus horizontale du dos. Le dos de Trigonosaurus aurait été légèrement arqué et légèrement incliné vers le haut. Sa queue avait quant à elle une morphologie particulière, puisqu’elle aurait eu une posture sigmoïdale. Il s’agit de la première documentation d’une queue sigmoïdale chez les sauropodes, qui pourrait être typique de Trigonosaurus (ou bien de Caieiria).

Photographie et reconstitution (en rose) des vertèbres dorsales D2 et D3 de Trigonosaurus, montrant leur rôle de transition entre la posture du cou et du dos

La compréhension de la posture de la colonne vertébrale de Trigonosaurus permet de mieux comprendre son écologie. Vidal et ses collègues notent que la posture de son cou lui aurait permis d’avoir une grande amplitude de mouvement, et donc d’avoir accès à une grande variété de végétation. Trigonosaurus aurait donc pu se nourrir dans les arbres mais aussi dans les buissons. Sa queue sigmoïdale est particulière mais Vidal et ses collègues ne proposent pas d’explication sur son potentiel rôle écologique pour Trigonosaurus.

Reconstitution du vivant de Trigonosaurus avec la posture hypothétisée par Vidal et ses collègues

Références : Vidal, L.S.; Bergqvist, L.P.; Candeiro, C.R.A; Bandeira, K.L.N.; Tavares, S.; Brusatte, S.L.; Pereira, P.V.L.G.C., 2024, The axial biomechanics of Trigonosaurus pricei (Neosauropoda: Titanosauria) and the importance of the cervical–dorsal region to sauropod high-browser feeding strategy. Zoological Journal of the Linnean Society. 201: zlae087.

Kellner, A.W.; Campos, D.D.A.; Trotta, M.N.F., 2005, Description of a titanosaurid caudal series from the Bauru Group, Late Cretaceous of Brazil. Arquivos do Museu Nacional. 63(3): 529-564.

Silva Junior, J.C.G.; Martinelli, A.G.; Marinho, T.S.; da Silva, J.I.; Langer, M.C., 2022, New specimens of Baurutitan britoi and a taxonomic reassessment of the titanosaur dinosaur fauna (Sauropoda) from the Serra da Galga Formation (Late Cretaceous) of Brazil. PeerJ. 10: e14333.

Toutes les images proviennent de Vidal et al., 2024

Laisser un commentaire