Terrestrisuchus est un genre de crocodylomorphe saltoposuchidé décrit en 1984 par Crush, avec T. gracilis pour espèce. Son holotype est un squelette partiel (NHMUK PV R 7557a–h) et plus de 200 spécimens lui ont été référés, provenant tous d’un dépôt d’une fissure du Rhétien, dans la carrière de Pant-y-Ffynnon (Carmarthenshire, Pays de Galles). En 2023, Spiekman et ses collègues ont redécrit Terrestrisuchus en détail (voir cet article), mais avec une description sommaire du squelette postcrânien. Spiekman et ses collègues décrivent ainsi le squelette postcrânien et l’ostéohistologie de Terrestrisuchus.

Spiekman et ses collègues ont analysé en détail les caractéristiques du squelette postcrânien de Terrestrisuchus gracilis. Ils ont également testé la posture de Terrestrisuchus dans une analyse statistique pour déterminer s’il était quadrupède ou bipède. L’analyse de Spiekman et ses collègues place Terrestrisuchus dans un morphospace occupé par des taxons entièrement quadrupèdes. L’allongement des carpes radiale et ulnare ainsi que le fait que les métacarpiens sont étroitement serrés confère aux mains de Terrestrisuchus la capacité d’être digitigrades et de soutenir son poids sur ses membres antérieurs.

Spiekman et ses collègues ont réalisé des coupes ostéohistologiques sur un fémur (NHMUK PV R 37865) et trois tibias (NHMUK PV R 37652, NHMUK PV R 37664 et NHMUK PV R 37653) référés à Terrestrisuchus gracilis. Le spécimen NHMUK PV R 37652 s’est avéré trop altéré taphonomiquement pour pouvoir être analysé. Les trois autres spécimens présentent un tissu osseux peu remodelé et indicateur d’une croissance rapide. Le fémur NHMUK PV R 37865 présente une seule ligne d’arrêt de croissance alors que le tibia NHMUK PV R 37664 en présente trois et que le tibia NHMUK PV R 37653 n’en possède pas. Les trois spécimens de T. gracilis analysés par Spiekman et ses collègues sont des individus juvéniles à subadultes.

Spiekman et ses collègues constatent que les caractéristiques ostéohistologiques du spécimen NHMUK PV R 37653 indiquent qu’il était plus âgé que les spécimens NHMUK PV R 37664 et NHMUK PV R 37865. Cette observation contraste avec le nombre de lignes d’arrêt de croissance, qui supposerait que NHMUK PV R 37653 soit l’individu le plus jeune puisqu’il n’en possède pas. Selon le nombre de lignes d’arrêt de croissance, NHMUK PV R 37653 aurait eu moins d’un an à sa mort, alors que NHMUK PV R 37664 avait 3 ans à sa mort et que NHMUK PV R 37865 avait 1 an à sa mort.

Pour Spiekman et ses collègues, cette situation implique que soit Terrestrisuchus était soumis à une plasticité de croissance (certains individus grandissaient moins que d’autres), soit les lignes d’arrêt de croissance ne sont pas des marqueurs annuels de croissance. Dans ce second cas, les lignes d’arrêt de croissance se seraient déposées au cours de périodes où la croissance des individus était ralentie à cause de pénuries de ressources. Ces pénuries ont alors pu survenir sur des périodes plus fréquentes qu’un an, et donc biaiser notre compréhension de l’âge des spécimens de Terrestrisuchus.
Références : Spiekman, S.N.F.; Butler, R.J.; Maidment, S.C.R., 2024, The postcranial anatomy and osteohistology of Terrestrisuchus gracilis (Archosauria, Crocodylomorpha) from the Late Triassic of Wales. Papers in Palaeontology. 10(4): e1577.
Spiekman, S.N.F.; Fernandez, V.; Butler, R.J.; Dollman, K.N.; Maidment, S.C.R., 2023, A taxonomic revision and cranial description of Terrestrisuchus gracilis (Archosauria, Crocodylomorpha) from the Upper Triassic of Pant-y-Ffynnon Quarry (southern Wales). Papers in Palaeontology. 9(6): e1534.
Crush, P.J., 1984, A late Upper Triassic sphenosuchid crocodilian from Wales. Palaeontology. 27: 131-157.
Toutes les images proviennent de Spiekman et al., 2024, à l’exception de la première qui est une oeuvre de Jaime A. Headden