Nouveau matériel d’Hyperodapedon

Hyperodapedon est un genre d’archosauromorphe rhynchosaure rhynchosauridé connu de six espèces : H. gordoni (l’espèce-type), H. huenei, H. huxleyi, H. mariensis, H. sanjuanensis et H. tikiensis. A noter qu’une étude récente menée en 2023 par Fitch et ses collègues (voir cet article) a mis en évidence la possibilité que le genre Hyperodapedon se limite à son espèce-type H. gordoni, et que les autres espèces représentent chacune un genre distinct. H. sanjuanensis (ou « H. » sanjuanensis selon Fitch et al., 2023) est présent dans le Carnien du Brésil et d’Argentine. Schiefelbein et ses collègues décrivent ainsi un nouveau spécimen d’Hyperodapedon sanjuanensis de la formation géologique de Santa Maria (Rio Grande do Sul, Brésil)

Photographies du crâne ULBRA-PVT 053, référé à « Hyperodapedon » sanjuanensis par Schiefelbein et ses collègues

Le spécimen décrit par Schiefelbein et ses collègues est un crâne presque complet (ULBRA-PVT 053) auquel il manque la partie postérieure du toit crânien et de la mandibule. La combinaison de caractéristiques de ULBRA-PVT 053 permet à Schiefelbein et ses collègues de l’attribuer sans aucun doute à « Hyperodapedon » sanjuanensis. Ces observations sont confirmées par leur analyse phylogénétique qui classe ULBRA-PVT 053 en taxon-soeur d’H. » sanjuanensis. Par ailleurs, cette analyse confirme qu' »H. » sanjuanensis se situe hors du genre Hyperodapedon et qu’il devrait recevoir son propre nom de genre.

Reconstitution squelettique d’Hyperodapedon, montrant les éléments connus d’ULBRA-PVT 053 en couleur
Résultats de l’analyse phylogénétique de Schiefelbein et ses collègues, qui classe ULBRA-PVT 053 en taxon-soeur d’H. » sanjuanensis et qui montre qu' »H. » sanjuanensis se situe hors du genre Hyperodapedon

Schiefelbein et ses collègues notent que le crâne ULBRA-PVT 053 préserve l’intégralité de l’anneau sclérotique droit. L’anneau sclérotique est une structure composée d’osselets scléraux qui empêche la distorsion de l’œil lorsque la cornée change de forme pour focaliser précisément la lumière sur la rétine. Il semble donc qu' »Hyperodapedon » sanjuanensis possédait au moins 9 osselets sclérotiques. La présence d’un anneau sclérotique chez les rhynchosaures a déjà été documentée et suggère que leurs yeux étaient situés sur le côté du crâne et qu’ils dépassaient des orbites, mais surtout que la vue était un sens essentiel chez les rhynchosaures.

Photographie (F) et dessin interprétatif (A) de l’anneau sclérotique du spécimen ULBRA-PVT 053, référé à « Hyperodapedon » sanjuanensis par Schiefelbein et ses collègues ; cet anneau sclérotique est comparé avec celui des spécimens de rhynchosaures NUGD A d’Hyperodapedon gordoni (B), SAM-PK-K6536 de Mesosuchus browni (C), SAM-PK-K5884 d’Howesia browni (D) et SAM-PK-K10159 d’Eohyosaurus wolvaardti (E)

« Hyperodapedon » sanjuanensis était un petit quadrupède trapu qui se nourrissait de gastéropodes, de crustacés et d’arthropodes qu’il trouvait en fouillant dans la boue à l’aide de ses capacités sensorielles. Il vivait dans des plaines inondables traversées par des cours d’eau sinueux et cohabitait avec des cynodontes, des temnospondyles, des sphenodontiens, d’autres rhynchosaures, des proterochampsidés, l’aetosaure Aetosauroides, l’ornithosuchidé Dynamosuchus, le loricata Rauisuchus, des lagerpetidés, des silesauridés, des herrerasauriens ainsi qu’avec de nombreux sauropodomorphes.

Reconstitution du vivant d' »Hyperodapedon » sanjuanensis, montrant ses yeux dépassant des orbites

Références : Schiefelbein, J.H.; Garcia, M.S.; Cabreira, S.F.; Silva, L.R.; Müller, R.T., 2024, Craniomandibular osteology and the first record of the ocular skeleton in a South American rhynchosaur (Archosauromorpha, Hyperodapedontinae). Palaeoworld.

Fitch, A.J.; Haas, M.; C’Hair, W.; Ridgley, E.; Ridgley, B.; Oldman, D.; Reynolds, C.; Lovelace, D.M., 2023, A New Rhynchosaur Taxon from the Popo Agie Formation, WY: Implications for a Northern Pangean Early-Late Triassic (Carnian) Fauna. Diversity. 15: 544.

Toutes les images proviennent de Schiefelbein et al., 2024

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