Urbacodon est un genre de dinosaure théropode troodontidé décrit en 2007 par Averianov et Sues, avec U. itemirensis pour espèce. Son holotype est un dentaire gauche (ZIN PH 944/16) découvert dans le Cénomanien de la formation géologique de Dzharakuduk (Navoiy, Ouzbékistan). Averianov et Sues ont également attribué à Urbacodon sp. des dents isolées du Turonien de la formation géologique de Bissekty (Navoiy, Ouzbékistan).

A la fin des années 1990, un dentaire de théropode fut découvert dans le Coniacien-Campanien de la formation géologique d’Iren Dabasu (Nei Mongol, Chine). Wang et ses collègues décrivent ainsi ce spécimen comme l’holotype d’une nouvelle espèce d’Urbacodon qu’ils baptisent Urbacodon norelli (en l’honneur du paléontologue américain Mark Norell). L’holotype (LH PV38) d’Urbacodon norelli est un dentaire droit partiel dont le stade ontogénique est inconnu.

L’analyse phylogénétique de Wang et ses collègues a classé Urbacodon norelli en espèce-soeur d’Urbacodon itemirensis. Elle classe Urbacodon comme un troodontidé troodontiné taxon-soeur de Zanabazar. Les résultats de Wang et ses collègues confirment ainsi la position dérivée d’Urbacodon au sein de Troodontidae.

Wang et ses collègues ont également analysé le remplacement dentaire d’Urbacodon norelli à l’aide d’un scan CT de son holotype (LH PV38). Ils remarquent que LH PV38 préserve 20 emplacements dentaires, ce qui indique qu’U. norelli possédait au moins 20 dents de chaque côté du dentaire. Sa dentition présente une condition homodonte, avec des dents quasiment toutes identiques caractérisées par l’absence de dentelures. Sur le dentaire d’U. norelli, trois générations de dents sont présentes : une fonctionnelle et deux de remplacement.

Le mode de remplacement dentaire d’Urbacodon norelli se fait en alternance, comme la plupart des autres théropodes. Ce cycle de remplacement permet d’éviter la présence de trous dans la mâchoire liés à l’absence simultanée de plusieurs dents consécutives. Les dents antérieures du dentaire d’U. norelli ont un remplacement qui se fait progressivement sur 3 dents : les dents 1, 4, 7 et 10 sont remplacées en même temps, alors que les dents 2, 5, 8 et 11 sont remplacées quelques temps après et que les dents 3, 6, 9 et 12 sont remplacées encore quelques temps après. Wang et ses collègues notent toutefois que le rythme de remplacement des dents postérieures du dentaire est différent mais indéterminé.

La phase de remplacement d’U. norelli est particulière et pourrait être propre aux troodontidés. En effet, les dents des troodontidés (y compris U. norelli) sont implantées dans un sillon dentaire et séparées les unes des autres par un septa interdentaire (une extension osseuse du dentaire). Chez Urbacodon norelli, les 12 dents dentaires antérieures sont resserrées entre elles et séparées par un septa interdentaire très mince, alors que les dents postérieures sont plus espacées et séparées par un septa interdentaire épais.

Le septa interdentaire est le site d’attache des ligaments parodontaux des dents des troodontidés. Lors du remplacement dentaire, le septa interdentaire qui cloisonne la dent sur le point d’être remplacée est résorbé. De ce fait, les ligaments parodontaux de la dent sur le point d’être remplacée sont rompus, ce qui permet sa chute et son remplacement. L’épaisseur plus grande du septa interdentaire des dents dentaires postérieures d’Urbacodon norelli explique leur rythme de remplacement différent des dents dentaires antérieures.

Chez Urbacodon norelli, les dents fonctionnelles sont remplacées au moment où les dents de remplacement correspondantes ont atteint 10 à 20% de leur taille finale. Cette rapidité est due au mode de remplacement par résorption du septa interdentaire. Il en résulte que les troodontidés comme U. norelli étaient des théropodes au taux de remplacement dentaire élevé. Toutefois, Wang et ses collègues ne proposent pas d’explication sur les pressions évolutives qui ont pu permettre le développement de ce phénomène.

Urbacodon norelli était un petit théropode dont la dentition dépourvue de dentelures semble indiquer une écologie alimentaire particulière. Il est possible qu’il se soit en partie nourri de végétaux, ce qui expliquerait son taux de remplacement dentaire élevé, qui aurait été nécessaire de par l’usure dentaire causée par l’alimentation à base de plantes. U. norelli vivait dans un environnement de plaines inondables. Il cohabitait avec le sauropode titanosaure Sonidosaurus, des ornithopodes, l’ornithomimosaure Archaeornithomimus, des oviraptorosaures, d’autres troodontidés, le tyrannosauroidé Alectrosaurus et des therizinosauridés.
Références : Wang, S.; Ding, N.; Tan, Q.; Yang, R.; Zhang, Q.; Tan, L., 2024, A new Urbacodon (Theropoda, Troodontidae) from the Upper Cretaceous Iren Dabasu Formation, China: Implications for troodontid phylogeny and tooth biology. Cladistics.
Averianov, AO.; Sues, H.-D., 2007, A new troodontid (Dinosauria: Theropoda) from the Cenomanian of Uzbekistan, with a review of troodontid records from the territories of the former Soviet Union. Journal of Vertebrate Paleontology. 27(1): 87-98.
Toutes les images proviennent de Wang et al., 2024, à l’exception de la première qui provient d’Averianov et Sues, 2007