Analyse ostéohistologique de Supersaurus et de Diplodocus

Supersaurus et Diplodocus sont deux genres de sauropodes diplodocoidé diplodocidés connus du Kimméridgien-Tithonien de la formation géologique de Morrison (Etats-Unis). Les espèces Supersaurus vivianae et Diplodocus hallorum sont parmi les plus grandes espèces de sauropodes de cette formation, en mesurant chacune plus de 30 mètres de longueur. Leur grande taille corporelle indique potentiellement un stade ontogénique avancé, mais cela reste à vérifier. Woodruff et ses collègues étudient ainsi l’ostéohistologie d’un spécimen de Supersaurus vivianae et de Diplodocus hallorum afin de connaître leur stade ontogénique.

Reconstitution squelettique de Supersaurus, par Scott Hartman

Woodruff et ses collègues ont réalisé des coupes histologiques sur le fémur droit et la côte dorsale 3 droite de l’holotype (NMMNH P-25079) de Diplodocus hallorum, ainsi que sur le tibia gauche et une côte dorsale droite du spécimen WDC DMJ-021 (surnommé “Jimbo”), référé à Supersaurus vivianae. Les deux spécimens ont un tissu osseux fortement remodelé, avec de nombreux ostéons secondaires et peu de vascularisation. De nombreuses lignes d’arrêt de croissances sont présentes en périphérie du tissu osseux, et celui-ci se termine par un tissu fondamental externe qui indique que NMMNH P-25079 et WDC DMJ-021 ont atteint la maturité squelettique.

Coupe ostéohistologique du fémur droit de l’holotype (NMMNH P-25079) de Diplodocus hallorum ; on note le tissu osseux remodelé (secondary osteons), peu vascularisé avec des lignes d’arrêt de croissance (Type F) et le tissu fondamental externe (EFS)

Les caractéristiques ostéohistologiques de NMMNH P-25079 et WDC DMJ-021 sont claires : ces deux individus sont des adultes qui ont atteint leur taille corporelle maximale. Sur la base des lignes d’arrêt de croissance, Woodruff et ses collègues ont cherché à estimer l’âge de ces spécimens. Ils constatent que le tissu osseux de WDC DMJ-021 est tellement remodelé qu’il est impossible d’estimer son âge, même en tentant de reconstituer les lignes d’arrêt de croissance effacées par le remodelage. Woodruff et ses collègues en concluent que le spécimen WDC DMJ-021 de Supersaurus vivianae était un individu exceptionnellement âgé dont il est impossible d’estimer l’âge.

Coupe ostéohistologique du tibia gauche du spécimen WDC DMJ-021 (surnommé “Jimbo”), référé à Supersaurus vivianae ; on note le tissu osseux très remodelé (secondary osteons, remodeling zone), peu vascularisé avec des lignes d’arrêt de croissance (Type F) et le tissu fondamental externe (EFS)

Contrairement à WDC DMJ-021, le tissu osseux de NMMNH P-25079 est beaucoup moins remodelé, et Woodruff et ses collègues estiment à 60 ans son âge maximal à sa mort. Il s’agirait donc du sauropode le plus vieux dont l’âge a pu être estimé. Malgré cela, les caractéristiques du tissu osseux de NMMNH P-25079 indiquent qu’il avait atteint sa taille adulte récemment avant sa mort. Woodruff et ses collègues constatent ainsi que Diplodocus hallorum avait une croissance très lente mais qui durait très longtemps. Cela contraste avec Diplodocus carnegii qui avait une croissance plus rapide, mais aussi plus courte.

Comparaison des courbes de croissance de Diplodocus hallorum (orange) et de Diplodocus carnegii (bleu) ; on note la croissance plus lente mais beaucoup plus longue de D. hallorum

Référence : Woodruff, D.C.; Curtice, B.D.; Foster, J.R., 2024, Seis-ing up the Super-Morrison formation sauropods. Journal of Anatomy.

Toutes les images proviennent de Woodruff et al., 2024, à l’exception de la première qui est une œuvre de Scott Hartman

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