Ecologie alimentaire des Alioramini

Les Alioramini sont un clade de théropodes tyrannosauridés placés dans une position basale au sein de Tyrannosaurinae. Ils sont représentés par deux genres tous deux datés du Maastrichtien : Alioramus de Mongolie et Qianzhousaurus de Chine. Les Alioramini sont caractérisés par leur crâne au museau plus allongé, plus gracile et garni de plus de dents que les autres tyrannosaurinés. Ils sont également plus petits et plus rapides que les autres tyrannosaurinés. Yun analyse ainsi l’écologie alimentaire des Alioramini en étudiant la biomécanique de leurs crânes.

Photographies du crâne de l’holotype (GM F10004) de Qianzhousaurus sinensis

Yun a analysé les crânes des holotypes d’Alioramus altai (MPC-D 100/1844) et de Qianzhousaurus sinensis (GM F10004). Il a effectué des mesures sur ces spécimens lui permettant de modéliser la réaction des mâchoires face à différents types de morsures. En se basant sur ces résultats ainsi que sur la masse corporelle estimée d’Alioramus et de Qianzhousaurus, Yun a également été en mesure d’estimer qu’Alioramus chassait des proies d’une masse maximale de 572 kg et que celles de Qianzhousaurus ne dépassaient pas 1 322 kg.

Illustration des différentes mesures prises par Yun sur les mâchoires inférieures des Alioramini

Yun constate que les mâchoires des Alioramini sont assez résistantes au stress au niveau de la symphyse, comme chez les autres tyrannosauridés. Ils utilisaient donc l’extrémité antérieure de leur mâchoire pour capturer, manipuler ou démembrer leurs proies. La morsure médiane des Alioramini était beaucoup moins puissante et résistante à la flexion que les autres tyrannosauridés, mais plus résistante à la torsion. Cela indique que les Alioramini étaient capables de cisailler et de couper, mais qu’ils ne pouvaient pas s’attaquer à de grosses proies pouvant se débattre.

Graphique montrant la relation entre la force d’une morsure médiane et la longueur de la mâchoire, montrant que la morsure médiane des Alioramini (en vert) est plus faible que celle des autres tyrannosauridés (en bleu)

La faible force de morsure des Alioramini ainsi que l’estimation de la masse maximale de leurs proies confirme qu’ils ne chassaient pas les grands dinosaures. En termes de comparaison, le tyrannosauridé Tarbosaurus, qui cohabitait avec Alioramus, pouvait chasser des proies de plus de 10 tonnes. Pour Yun, il existait une partition de niche écologique entre les Alioramini et les autres tyrannosauridés. Les Alioramini chassaient les petits dinosaures rapides comme les pachycephalosaures, les petits théropodes et les jeunes dinosaures. Les autres tyrannosauridés comme Tarbosaurus chassaient les plus gros dinosaures comme les sauropodes, les hadrosaures ou les ankylosaures.

Reconstitution du vivant de deux Qianzhousaurus chassant un petit théropode (l’oviraptorosaure Nankangia), par Chuang Zhao

Références : Yun, C.-G., 2024, Mandibular force profiles of Alioramini (Theropoda: Tyrannosauridae) with implications for palaeoecology of this unique lineage of tyrannosaurid dinosaurs. Lethaia. 57(2): 1-12.

Foster, W.; Brusatte, S.L.; Carr, T.D.; Williamson, T.E.; Yi, L.; Lü, J., 2022, The cranial anatomy of the long-snouted tyrannosaurid dinosaur Qianzhousaurus sinensis from the Upper Cretaceous of China. Journal of Vertebrate Paleontology. 41: e1999251.

Toutes les images proviennent de Yun, 2024, à l’exception de la première qui provient de Foster et al., 2022 et de la dernière qui est une oeuvre de Chuang Zhao

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