Analyse ostéohistologique d’Ozimek

Ozimek est un genre d’archosauromorphe sharovipterygidé (ou peut-être tanystropheidé) décrit en 2016 par Dzik et Sulej, avec O. volans pour espèce. Il est connu de plusieurs dizaines de spécimens découverts dans le Carnien de la formation géologique de Grabowa (Silésie, Pologne). Il se caractérise par ses membres postérieurs beaucoup plus allongés que ses membres antérieurs qui soutenaient un patagium. Ozimek était très probablement capable de vol battu, bien que cette hypothèse reste à conforter. Konietzko‐Meier et ses collègues analysent ainsi l’ostéohistologie d’un spécimen d’Ozimek.

Reconstitution squelettique de la partie antérieure du squelette d’Ozimek

Konietzko‐Meier et ses collègues ont réalisé des coupes histologiques sur un humérus et un fémur du spécimen UOPB 1148. UOPB 1148 a été décrit par Dzik et Sulej (2016) comme un squelette partiel désarticulé de juvénile. Alors que l’humérus de UOPB 1148 est l’un des plus petits connus pour Ozimek, son fémur est le plus grand actuellement connu. L’analyse de Konietzko‐Meier et ses collègues montre que l’humérus appartenait à un individu adulte, alors que le fémur appartenait à un juvénile ou un subadulte âgé d’au moins 3 ans à sa mort.

Photographie de l’humérus (B) et du fémur (C) du spécimen UOPB 1148 d’Ozimek volans

Les différences d’histologie entre l’humérus et le fémur de UOPB 1148 peuvent avoir plusieurs explications. Pour Konietzko‐Meier et ses collègues, UOPB 1148 contient non pas un individu d’O. volans mais plusieurs, y compris un adulte et un juvénile ou subadulte. Chez UOPB 1148, le fémur juvénile est 50% plus grand que l’humérus adulte. La différence de taille entre l’humérus et le fémur de UOPB 1148 implique que le fémur d’un Ozimek adulte était encore plus grand pour une taille identique de l’humérus.

Coupes ostéohistologiques du fémur du spécimen UOPB 1148 d’Ozimek volans ; on note la présence de lignes d’arrêt de croissance (G, en pointillés) et d’os lamellaire (D)

En plus de réviser le nombre d’individus présents dans le spécimen UOPB 1148, Konietzko‐Meier et ses collègues notent que le tissu osseux d’Ozimek est très caractéristique. En effet, il se compose majoritairement d’os lamellaire, un tissu osseux fait de fibres de collagène bien ordonnées permettant une meilleure répartition des charges le long de l’os. Ozimek pratiquant le vol battu, ses os longs exceptionnellement minces ont pu être soumis à des contraintes élevées. La solution évolutive d’Ozimek était de compenser le petit diamètre de ses os longs par la présence d’os lamellaire résistant à la compression.

Coupes ostéohistologiques de l’humérus du spécimen UOPB 1148 d’Ozimek volans ; on note la présence de lignes d’arrêt de croissance (D, en couleurs et H-J, en pointillés) et d’os lamellaire (E-G)

Cette stratégie évolutive est différente de celle des oiseaux ou des ptérosaures, qui ont compensé la finesse de leurs os par la pneumatisation. La présence d’os lamellaire chez Ozimek est une convergence évolutive avec les chauves-souris, qui ont développé la même stratégie évolutive pour voler. Toutefois, l’os lamellaire possède ses limites, et Ozimek comme les chauves-souris n’ont pu atteindre les grandes dimensions des oiseaux ou des ptérosaures.

Références : Konietzko‐Meier, D.; Teschner, E.M.; Tańczuk, A.; Sander, P.M., 2024, I believe I can fly… New implications for the mode of life and palaeoecology of the Late Triassic Ozimek volans based on its unique long bone histology. Palaeontology. 67(3): e12715.

Dzik, J.; Sulej, T., 2016, An early Late Triassic long-necked reptile with a bony pectoral shield and gracile appendages. Acta Palaeontologica Polonica. 64(4): 805-823.

Toutes les images proviennent de Konietzko‐Meier et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Dzik et Sulej, 2016

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