Caipirasuchus est un genre de crocodylomorphe sphagesauridé décrit en 2011 par Iori et Carvalho, avec C. paulistanus pour espèce-type. Par la suite, quatre autres espèces ont été décrites pour ce genre : C. montealtensis, C. stenognathus, C. mineirus et C. attenboroughi. Toutes les espèces de Caipirasuchus ont été découvertes dans le Campanien de la formation géologique d’Adamantina (São Paulo, Brésil).

En 2013, Iori et ses collègues attribuèrent à Caipirasuchus montealtensis un squelette partiel (MPMA 68–0003/12) découvert dans le Campanien de la formation géologique d’Adamantina (São Paulo, Brésil). En 2020, Dias et ses collègues signalèrent que MPMA 68–0003/12 représentait probablement une nouvelle espèce de Caipirasuchus distincte de C. montealtensis, provisoirement désignée sous le nom de « Catanduva specimen ». Iori et ses collègues décrivent ainsi cette nouvelle espèce de Caipirasuchus et lui donnent le nom de Caipirasuchus catanduvensis (en référence à la localité où il a été découvert).

L’holotype (MPMA 68–0003/12) de Caipirasuchus catanduvensis est un squelette partiel composé du crâne complet, des 2 vertèbres cervicales, de 4 vertèbres dorsales, de plusieurs vertèbres caudales, de chevrons, de côtes, des coracoïdes, des humérus, d’éléments des pieds et des mains et d’ostéodermes. Iori et ses collègues ont également référé un crâne partiel de juvénile (MPMA 68–0004/12) à C. catanduvensis. MPMA 68–0004/12 avait précédemment été référé à Caipirasuchus montealtensis par Iori et Carvalho en 2018.

L’analyse phylogénétique de Iori et ses collègues classe Caipirasuchus catanduvensis dans une position d’espèce-soeur de Caipirasuchus montealtensis. La description de cette nouvelle espèce porte à six le nombre d’espèces valides de Caipirasuchus, toutes ayant été découvertes dans la formation géologique d’Adamantina. Iori et ses collègues mettent en évidence le fait que les différentes espèces de Caipirasuchus présentent peu de variations mais que celles-ci sont très évidentes au niveau du palais.

Etant donné que chez les crocodiliens actuels, le palais est la région du crâne liée à la vocalisation, il est fort probable que cela ait également été le cas pour Caipirasuchus. En 2020, Dias et ses collègues avaient noté que MPMA 68–0003/12, désormais holotype de Caipirasuchus catanduvensis, avait de larges cavités ptérygoïdiennes reliées au système respiratoire. Ils en avaient conclu que ces cavités ptérygoïdiennes auraient pu servir de chambres de résonnance pour des vocalisations, à la manière des dinosaures hadrosauridés comme Parasaurolophus.

Iori et ses collègues suggèrent une corrélation entre ces adaptations pour la vocalisation et le nombre élevé d’espèces de Caipirasuchus. En effet, c’est la région du palais qui distingue ces six espèces et c’est aussi cette région qui est liée à la vocalisation. Pour Iori et ses collègues, chaque espèce de Caipirasuchus devait vocaliser différemment. Ils supposent ainsi que la spéciation chez le genre Caipirasuchus a pu se faire suite à des pressions comportementales et/ou environnementales faisant évoluer les vocalisations des espèces.

Comme les autres sphagesauridés et les autres espèces de Caipirasuchus, C. catanduvensis avait une dentition hétérodonte spécialisée. Il possédait ainsi quatre dents antérieures caniniformes et six dents postérieures molariformes de chaque côté de la mâchoire. L’usure dentaire des dents indique aussi que C. catanduvensis mastiquait sa nourriture et ce dès le stade juvénile, comme Iori et ses collègues l’attestent sur MPMA 68–0004/12.

Caipirasuchus catanduvensis était un crocodylomorphe d’environ 1 mètre de longueur aux membres allongés adaptés pour la course. Sa dentition spécialisée semble indiquer qu’il était végétivore, ou au moins qu’il s’agissait d’un omnivore se nourrissant de végétaux. Il vivait dans une région semi-aride, en compagnie de nombreux crocodylomorphes, de tortues, de squamates, d’abelisauridés, de dromaeosauridés et des sauropodes titanosaures Arrudatitan, Gondwanatitan, Maxakalisaurus et Adamantisaurus.

Références : Iori, F.V.; Ghilardi, A.M.; Fernandes, M.A.; Dias, W.A.F., 2024, A new species of vocalizing crocodyliform (Notosuchia, Sphagesauridae) from the Late Cretaceous of Brazil. Historical Biology.
Iori, F.V.; Carvalho, I.S., 2011, Caipirasuchus paulistanus, a new sphagesaurid (Crocodylomorpha, Mesoeucrocodylia) from the Adamantina Formation (Upper Cretaceous, Turonian–Santonian), Bauru Basin, Brazil. Journal of Vertebrate Paleontology. 31(6): 1255.
Iori, F.V.; Marinho, T.D.S.; Carvalho, I.S.; Campos, A.C.D.A., 2013, Taxonomic reappraisal of the sphagesaurid crocodyliform Sphagesaurus montealtensis from the late Cretaceous Adamantina Formation of São Paulo State, Brazil. Zootaxa. 3686(2): 183-200.
Dias, W.A.F; Iori, F.V.; Ghilardi, A.M.; Fernandes, M.A., 2020, The pterygoid region and cranial airways of Caipirasuchus paulistanus and Caipirasuchus montealtensis (Crocodyliformes, Sphagesauridae), from the Upper Cretaceous Adamantina Formation. Cretaceous Research. 106: 104192.
Iori, F.V.; Carvalho, I.S., 2018, The Cretaceous crocodyliform Caipirasuchus: behavioral feeding mechanisms. Cretaceous Research. 84: 181-187.
Martinelli, A.G.; Marinho, T.S.; Iori, F.V.; Ribeiro, L.C.B., 2018, The first Caipirasuchus (Mesoeucrocodylia, Notosuchia) from the Late Cretaceous of Minas Gerais, Brazil: new insights on sphagesaurid anatomy and taxonomy. PeerJ. 6: e5594.
Toutes les images proviennent de Iori et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Martinelli et al., 2018
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