Protosphargis est une tortue protostegidé décrite en 1884 par Capellini, avec P. veronensis pour espèce. Ce genre est connu de plusieurs squelettes plus ou moins complets découverts dans le Turonien de la formation géologique de Scaglia Rossa Veneta (Verona, Italie). Toutefois, Protosphargis a reçu très peu d’attention de la part des études récentes, et une révision du genre est nécessaire. Serafini et ses collègues décrivent ainsi un nouveau spécimen de Protosphargis, découvert dans les années 2000 dans la formation géologique de Scaglia Rossa Veneta.
Le spécimen décrit par Serafini et ses collègues est un squelette presque complet (IGVR 91051) auquel il ne manque que quelques éléments des membres, quelques vertèbres et la majorité du crâne. Il est exposé en vue dorsale et présente 10 galets préservés dans sa cage thoracique. Serafini et ses collègues interprètent ces galets comme étant des gastrolithes ingérés par l’animal. La présence de gastrolithes chez IGVR 91051 est le premier cas de lithophagie chez une tortue fossile. De plus, sur la base des caractéristiques du spécimen, ils l’attribuent à cf. Protosphargis veronensis.
Les gastrolithes ingérés par IGVR 91051 sont riches en calcium, et la morphologie de son dentaire indique que Protosphargis se nourrissait d’animaux à corps mou. Par conséquent, Serafini et ses collègues suggèrent que les gastrolithes de IGVR 91051 ne servaient pas à faciliter la digestion de proies dures, mais plutôt de source de calcium pour la ponte. Il a déjà été rapporté à plusieurs reprises que des tortues femelles actuelles ingèrent des gastrolithes en guise de source de calcium pour former les œufs. Ces éléments laissent donc penser que IGVR 91051 était une femelle Protosphargis portant des œufs en train d’être formés.
Protosphargis était une tortue marine marine pouvant mesurer jusqu’à 2 mètres de longueur. C’était une prédatrice d’invertébrés à corps mou et de petits poissons, et il est possible qu’elle se soit également nourrie d’algues. Protosphargis vivait dans une mer chaude en compagnie du mosasauridé yaguarasauriné Romeosaurus.
Références : Serafini, G.; Gordon, C.M.; Amalfitano, J.; Wings, O.; Esteban, N.; Stokes, H.; Giusberti, L., 2024, First evidence of marine turtle gastroliths in a fossil specimen: Paleobiological implications in comparison to modern analogues. PLoS ONE. 19(5): e0302889.
Capellini, G., 1884, Il chelonio veronese (Protosphargis veronensis, Cap.) scoperto nel 1852 nel Cretaceo superiore presso Sant’Anna di Alfaedo in Valpolicella. Memorie dell’Accademia dei Lincei. 318(1883-1884): 291-320.
Toutes les images proviennent de Serafini et al., 2024
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