Nouveau noasauridé : Kiyacursor

En 2023, une équipe de paléontologues découvrit le squelette partiel d’un théropode le long de la rivière Kiya, sur le site de Shestakovo, dans l’Aptien de la formation géologique d’Ilek (Kemerovo, Russie). Cette découverte fut relayée dans la presse au début de l’année 2024, qui donna au dinosaure le nom informel de « Киякурсор лонгипес » (en français « Kiyacursor longipes »). Averianov et ses collègues décrivent ainsi ce théropode et lui donnent le nom désormais officiel de Kiyacursor (en référence au lieu de sa découverte), avec K. longipes pour espèce.

Scan CT et photographie de l’holotype (KOKM 5542) de Kiyacursor longipes

L’holotype (KOKM 5542) de Kiyacursor longipes est un squelette partiel qui comprend une vertèbre cervicale, trois vertèbres caudales, une côte cervicale, quatre fragments de côtes dorsales, le scapulocoracoïde gauche, les humérus et des membres postérieurs presque complets. Averianov et ses collègues ont référé une vertèbre cervicale (PIN 329/16) à K. longipes, déjà décrite en 2023 par Averianov et Lopatin comme une vertèbre de Coelurosauria indet. (voir cet article). Pour Averianov et ses collègues, il est possible que PIN 329/16 appartienne au même individu que KOKM 5542.

Photographies de la vertèbre PIN 329/16, référée à Coelurosauria indet. par Averianov et Lopatin (2023) et attribuée à Kiyacursor longipes par Averianov et ses collègues

Averianov et ses collègues ont réalisé une analyse ostéohistologique du fémur et du tibia gauches de l’holotype (KOKM 5542) de Kiyacursor longipes. Ils constatent que cet individu présente au maximum 4 lignes d’arrêt de croissance, indiquant qu’il était âgé d’au moins 4 ans lors de sa mort. Ses caractéristiques ostéohistologiques indiquent que sa croissance était toujours continue, sans signes de ralentissement. Pour Averianov et ses collègues, KOKM 5542 était donc un jeune subadulte d’au moins 4 ans.

Coupe ostéohistologique du tibia gauche de l’holotype (KOKM 5542) de Kiyacursor longipes ; on note la présence de 4 lignes d’arrêt de croissance (flèches jaunes)

L’analyse phylogénétique d’Averianov et ses collègues a classé Kiyacursor au sein de Noasauridae, dans un clade avec Afromimus et un genre australien sans nom de la formation géologique d’Eumeralla (« Eumeralla taxon »). Ce clade se situe à la base de Noasauridae, mais sa position et les relations entre ses membres sont susceptibles de changer avec de nouvelles découvertes.

Résultats de l’analyse phylogénétique d’Averianov et ses collègues, qui classe Kiyacursor au sein de Noasauridae, dans un clade avec Afromimus et un genre sans nom de la formation géologique d’Eumeralla (« Eumeralla Formation »)

Kiyacursor se caractérise, comme la plupart des autres noasauridés, par des membres postérieurs adaptés pour la course. En effet, ses tibias sont bien plus allongés que ses fémurs et ses métatarsiens II sont réduits tandis que les métatarsiens III sont très développés. Cette morphologie des métatarsiens est une condition appelée antarctométatarse, également présente chez d’autres noasauridés. Kiyacursor possédait ainsi des membres postérieurs graciles et allongés, mais suffisamment robustes au niveau des métatarsiens. Il lui était ainsi possible de courir à de grandes vitesses sur une durée relativement longue.

Photographies et scans CT des métatarsiens gauches et des phalanges pédales de l’holotype (KOKM 5542) de Kiyacursor longipes ; on note que le métatarsien II est réduit tandis que le métatarsien III est très développé, ce qui est la condition antarctométatarse

Kiyacursor était un petit à moyen théropode, son holotype encore en cours de croissance ayant mesuré environ 2,5 mètres de longueur. Son crâne étant inconnu, il est impossible de connaître l’écologie alimentaire de Kiyacursor, mais ses vertèbres cervicales allongées le rapprochent plus des noasauridés végétivores comme Limusaurus. Il vivait dans un environnement boisé parcouru de cours d’eau avec des squamates, des crocodylomorphes, des choristodères, des ptérosaures, des oiseaux, le sauropode Sibirotitan, le cératopsien Psittacosaurus, des troodontidés, des dromaeosauridés et des tyrannosauroidés.

Reconstitution squelettique de Kiyacursor, montrant les os actuellement connus

Références : Averianov, A.O.; Skutschas, P.P.; Atuchin, A.A.; Slobodin, D.A.; Feofanova, O.A.; Vladimirova, O.N., 2024, The last ceratosaur of Asia: a new noasaurid from the Early Cretaceous Great Siberian Refugium. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences. 291: 20240537.

Averianov, A.O.; Lopatin, A.V., 2023, A long-necked theropod from the Lower Cretaceous of Western Siberia, Russia. Journal of Vertebrate Paleontology. e2216761.

Toutes les images proviennent d’Averianov et al., 2024

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