Melanorosaurus est un genre de dinosaure sauropodomorphe décrit en 1924 par Haughton, avec M. readi pour espèce. Haughton désigna alors plusieurs syntypes (SAM-PK-3449 et SAM-PK-3450) pour ce taxon, comprenant des vertèbres, des éléments du bassin et des membres. Il désigna également un fémur isolé (SAM-PK-K11851), un humérus isolé (SAM-PK-K11849) et des éléments squelettiques associés (SAMPK-K3532) comme syntypes de M. readi. Ces syntypes proviennent tous du Norien-Rhétien de la formation géologique d’Elliot (Eastern Cape, Afrique du Sud).
En 1929, von Huene créa la famille Melanorosauridae, qu’il classa proche des sauropodes. En 1932, von Huene attribua des vertèbres à M. readi mais ne spécifia pas où étaient entreposés ces spécimens. En 1965, Charig et ses collègues notèrent que les syntypes SAM-PK-3449 et SAM-PK-3450 représentaient des éléments non-associés appartenant peut-être à plusieurs taxons. En 1979, Van Heerden proposa de synonymiser Melanorosaurus à Euskelosaurus, en tant que cf. E. sp. En 1985, Galton rejeta cette synonymie et déclara que Melanorosaurus était bien un genre valide.
En 1993, Gauffre créa la seconde espèce Melanorosaurus thabanensis sur la base d’un fémur (MNHN.F.LES 16) découvert au Lesotho. En 1997, Van Heerden et Galton attribuèrent deux squelettes postcrâniens associés (NMQR 1551) à Melanorosaurus readi. En 2005, Galton et ses collègues attribuèrent un squelette presque complet (NMQR 3314) à M. readi. En 2016, Peyre de Fabrègues et Allain déclarèrent que M. thabanensis devait être assigné à son propre genre, qu’ils baptisèrent Meroktenos.
En 2017, McPhee et ses collègues déclarèrent que NMQR 3314 n’était pas attribuable à Melanorosaurus sur la base de différences stratigraphiques et morphologiques. Ils mirent également en évidence la nécessité de désigner un néotype pour M. readi. Barrett et Choiniere effectuent ainsi une redescription de Melanorosaurus. Ils réexaminent ses syntypes et désignent ainsi un nouveau lectotype.
Le lectotype (SAM-PK-3449) de Melanorosaurus readi est un squelette partiel composé d’un arc neural cervical, d’un centrum cervical, de trois centrum dorsaux, de deux arcs neuraux dorsaux, de deux vertèbres sacrales, de trois vertèbres caudales, de l’ulna droit, du radius gauche partiel, de l’ilium droit, du pubis gauche partiel, des tibias, de la fibula gauche, des métatarsiens gauches I, II, III et IV. Barrett et Choiniere notent que l’ilium droit et le métatarsien gauche III sont actuellement perdus.
Barrett et Choiniere notent que les anciens syntypes SAM-PK-3449, SAM-PK-K11851, SAM-PK-K11849 et SAM-PK-K3532 ne présentent pas les caractéristiques diagnostiques de Melanorosaurus readi. Ils les assignent donc à Sauropodomorpha indet. De plus, des éléments précédemment associés au lectotype SAM-PK-3449 semblant appartenir à d’autres taxons sont nouvellement catalogués SAM-PK-K11850. Barrett et Choiniere confirment que NMQR 3314 ne représente pas M. readi mais notent que NMQR 1551 pourrait lui être référé avec prudence.
L’analyse phylogénétique de Barrett et Choiniere classe Melanorosaurus comme un sauropode basal plus dérivé que Lessemsauridae mais plus basal que Pulanesaura et Gongxianosaurus. Camelotia y représente soit un lessemsauridé basal, soit le taxon-soeur de Melanorosaurus, formant un clade pouvant être appelé Melanorosauridae. A noter que Meroktenos et Kholumolumo sont classés dans Lessemsauridae par Barrett et Choiniere
La redescription de Melanorosaurus permet de clarifier le statut taxonomique de ce taxon, mais révèle également que son anatomie est assez mal connue. L’absence d’éléments stylopodiaux dans le lectotype ne permet pas de savoir si Melanorosaurus était bipède ou quadrupède. Si l’attribution de NMQR 1551 à ce genre est bien valide, Melanorosaurus serait un quadrupède. C’était un végétivore de grande taille qui vivait en compagnie d’un grand crocodylomorphe, d’autres sauropodomorphes, de petits théropodes, de Loricata basaux et de cynodontes.
Références : Barrett, P.M.; Choiniere, J.N., 2024, Melanorosaurus readi Haughton, 1924 (Dinosauria, Sauropodomorpha) from the Late Triassic of South Africa: osteology and designation of a lectotype. Journal of Vertebrate Paleontology. e2337802.
Haughton, S.H., 1924, The fauna and stratigraphy of the Stormberg Series. Annals of the South African Museum. 12(7): 323-497.
von Huene, F., 1929, Kurze Übersicht über die Saurischia und ihre natürlichen Zusammenhänge. Palaeontologische Zeitschrift. 11(3): 269-273.
von Huene, F., 1932, Die fossile Reptil-Ordnung Saurischia, ihre Entwicklung und Geschichte. Monographien zur Geologie und Palaeontologie. 4(1-2): 1-361.
Charig, A.J.; Attridge, J.; Crompton, A.W., 1965, On the origin of sauropods and the classification of the Saurischia. Proceedings of the Linnean Society of London. 176(2): 197-221.
Van Heerden, J., 1979, The morphology and taxonomy of Euskelosaurus (Reptilia: Saurischia; Late Triassic) from South Africa. Navorsinge van die Nasionale Museum, Bloemfontein. 4(2): 21-84.
Galton, P.M., 1985, Notes on the Melanorosauridae, a family of large prosauropod dinosaurs (Saurischia, Sauropodomorpha). Geobios. 18(5): 671-676.
Gauffre, F.-X., 1993, The most recent Melanorosauridae (Saurischia, Prosauropoda), Lower Jurassic of Lesotho, with remarks on the prosauropod phylogeny. Neues Jahrbuch für Geologie und Paläontologie, Monatschefte. 1993(11): 648-654.
Van Heerden, J.; Galton, P.M., 1997, The affinities of Melanorosaurus – a Late Triassic prosauropod dinosaur from South Africa. Neues Jahrbuch für Geologie und Paläontologie, Monatschefte. 1997(1): 39-55.
Galton, P.M.; Van Heerden, J.; Yates, A.M., 2005, Postcranial anatomy of referred specimens of the sauropodomorph dinosaur Melanorosaurus from the Upper Triassic of South Africa. In: Tidwell, V.; Carpenter, K. (Eds.), Thunder-lizards: The sauropodomorph dinosaurs. Indiana University Press.
Peyre de Fabrègues, C.; Allain, R., 2016, New material and revision of Melanorosaurus thabanensis, a basal sauropodomorph from the Upper Triassic of Lesotho. PeerJ. 4: e1639.
McPhee, B.W.; Bordy, E.M.; Sciscio, L.; Choiniere, J.N., 2017, The sauropodomorph biostratigraphy of the Elliot Formation of southern Africa: tracking the evolution of Sauropodomorpha across the Triassic-Jurassic boundary. Acta Palaeontologica Polonica. 62(3): 441-465.
Toutes les images proviennent de Barrett et Choiniere, 2024, à l’exception de la première qui provient d’Haughton, 1924, de la deuxième et de la troisième qui proviennent de Peyre de Fabrègues et Allain, 2016 ainsi que de la sixième qui provient de Van Heerden et Galton, 1997
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