Les dromaeosauridés sont une famille de théropodes particulièrement courants dans toutes les faunes du crétacé. Cette famille se divise en plusieurs sous-familles possédant chacune ses particularités : Halszkaraptorinae, Unenlagiinae, Microraptorinae, Dromaeosaurinae et Velociraptorinae. L’écologie alimentaire de chacune de ces sous-famille est souvent un sujet d’étude, mais rarement avec l’appui de preuves biomécaniques. Tse et ses collègues analysent ainsi la biomécanique du crâne de plusieurs membres de Dromaeosauridae afin de mieux comprendre leur écologie alimentaire.

Tse et ses collègues ont analysé les crânes des velociraptorinés Tsaagan, Linheraptor, Saurornitholestes et Velociraptor, des microraptorinés Sinornithosaurus et Microraptor, de l’halszkaraptoriné Halszkaraptor ainsi que des dromaeosaurinés Dromaeosaurus et Deinonychus. Tse et ses collègues ont analysé le comportement biomécanique de ces genres en leur appliquant des contraintes de von Mises. La méthode des contraintes de von Mises permet de connaître les actions optimales au niveau biomécanique, indiquant quels mouvements étaient optimaux pour les taxons étudiés.

Tse et ses collègues ont identifié trois types de réactions face aux contraintes de von Mises. Chez les dromaeosaurinés, une morsure engendre un stress mécanique important à l’arrière crâne, alors que chez les velociraptorinés, une morsure engendre un stress mécanique important le long des bords dorsal et ventral du crâne. Enfin, Halszkaraptor présente un stress mécanique important à l’arrière de la mâchoire et à l’extrémité ventrale de l’orbite.

Ces résultats indiquent un mode de morsure relativement similaire entre les différents dromaeosauridés, avec des spécificités liées à leur architecture crânienne. La force de morsure des dromaeosaurinés est plus importante que chez les velociraptorinés. Pour Tse et ses collègues, les dromaeosaurinés auraient été plus spécialisés pour être des charognards alors que les velociraptorinés et les microraptorinés auraient préféré chasser des proies vivantes. Les halszkaraptorinés ont quant à eux une force de morsure très faible, ce qui soulève la possibilité d’une réinterprétation de leur écologie.

Halszkaraptor était auparavant considéré comme un piscivore semi-aquatique. Pour Tse et ses collègues, Halszkaraptor avait un museau platyrostre, alors que les piscivores ont généralement un museau longirostre. Cette platyrostrie est convergente avec plusieurs anatidés actuels et suggère plutôt une écologie alimentaire invertivore. Les canaux neurovasculaires dans le prémaxillaire d’Halszkaraptor est indicatrice de la présence de neurorécepteurs. Halszkaraptor aurait donc pu chasser des invertébrés aquatiques dans des eaux troubles, détectés grâce à ces neurorécepteurs.

Référence : Tse, Y.T.; Miller, C.V.; Pittman, M., 2024, Morphological disparity and structural performance of the dromaeosaurid skull informs ecology and evolutionary history. BMC Ecology and Evolution. 24: 39.
Toutes les images proviennent de Tse et al., 2024, à l’exception de la première qui est une œuvre de Scott Hartman