Nouvel ichthyosaure : Argovisaurus

Il y a plus de vingt ans, Elmar Meier mit au jour le squelette d’un ichthyosaure, dans l’ancienne carrière d’Oberegg, dans le Bajocien de la formation géologique d’Hauptrogenstein (Argovie, Suisse). En 2019, il en fit don au musée PIMUZ, qui entreprit des fouilles sur le site d’origine, ce qui permit la découverte d’éléments supplémentaires. Miedema et ses collègues décrivent ainsi ce squelette comme l’holotype d’un nouveau taxon qu’ils baptisent Argovisaurus (en référence au canton où il a été découvert), avec A. martafernandezi pour espèce.

Photographie (A) et dessin interprétatif (B) des éléments postcrâniens de l’holotype (PIMUZ A/III 5279) d’Argovisaurus martafernandezi

L’holotype (PIMUZ A/III 5279) d’Argovisaurus martafernandezi est un squelette partiel comprenant le crâne partiel, les clavicules, l’interclavicule, 37 vertèbres cervicales et dorsales, 5 vertèbres caudales et des côtes. Il s’agit d’un individu subadulte presque adulte ou d’un adulte. Miedema et ses collègues ont relevé la présence de plusieurs anomalies chez PIMUZ A/III 5279, qui pourraient représenter des pathologies. Ils décrivent en détail ces anomalies, sans donner de diagnostic ou de causes précises pour ces pathologies.

Scan CT du crâne de l’holotype (PIMUZ A/III 5279) d’Argovisaurus martafernandezi

Le dentaire gauche présente des foramens neurovasculaires élargis et entourés d’os plus épais. Le pariétal gauche est asymétrique et le surangulaire gauche est élargi et déformé. Ces caractéristiques semblent indiquer une pathologie de type traumatisme, qui aurait affecté la mâchoire inférieure gauche de PIMUZ A/III 5279. La clavicule droite et une côte dorsale présentent chacune plusieurs dépressions osseuses pathologiques. Certaines de ces dépressions sur les côtes correspondent à des marques de morsures laissées par le charognage d’un crocodylomorphe Machimosaurini, décrites quelques mois plus tard (voir cet article).

Scans CT des éléments pathologiques (A-D : dentaire gauche ; E-G : côte dorsale ; K-L : clavicule droite ; M-N : surangulaire gauche) de l’holotype (PIMUZ A/III 5279) d’Argovisaurus martafernandezi

L’analyse phylogénétique de Miedema et ses collègues a classé Argovisaurus comme le membre le plus basal d’Ophthalmosauria. Ils ont ainsi suivi la taxonomie proposée par Zverkov (voir cet article), où le nom Ophthalmosauria correspond en fait à la définition de la famille Ophthalmosauridae. Selon la définition employée, Argovisaurus correspond ainsi au membre le plus basal d’Ophthalmosauridae.

Résultats de l’analyse phylogénétique de Miedema et ses collègues, qui classe Argovisaurus comme le membre le plus basal d’Ophthalmosauria (ou d’Ophthalmosauridae selon la définition phylogénétique)

Argovisaurus se caractérise par un museau robuste et modérément allongé, ce qui est une morphologie typique des ophthalmosauridés macroprédateurs. Malheureusement, sa dentition n’est pas connue, car basée uniquement sur des racines de dents, mais elles semblent être robustes elles aussi. Avec une taille estimée entre 4,5 et 6 mètres de long, Argovisaurus était ainsi un grand prédateur de vertébrés marins. Il s’agit du premier vertébré décrit de la formation géologique d’Hauptrogenstein.

Référence : Miedema, F.; Bastiaans, D.; Scheyer, T.M.; Klug, C.; Maxwell, E.E., 2024, A large new Middle Jurassic ichthyosaur shows the importance of body size evolution in the origin of the Ophthalmosauria. BMC Ecology and Evolution. 24: 34.

Toutes les images proviennent de Miedema et al., 2024

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