Nouveau mosasauridé : Khinjaria

Il y a quelques années, le crâne partiel d’un mosasaure fut découvert dans une mine de phosphate du bassin d’Ouled Abdoun, dans le Maastrichtien de la formation géologique de la Couche III (Béni Mellal-Khénifra, Maroc). Longrich et ses collègues décrivent ainsi ce spécimen comme l’holotype du nouveau genre Khinjaria (« dague » en arabe), avec K. acuta pour espèce.

Photographie (A) et dessin interprétatif (B) de l’holotype (MHNM.KHG.521) de Khinjaria acuta

L’holotype (MHNM.KHG.521) de Khinjaria acuta se compose d’un crâne partiel et d’une vertèbre dorsale. Les parties préservées du crâne comprennent un prémaxillaire partiel, les maxillaires, les préfrontaux, les frontaux, les pariétaux, le postorbitofrontal droit, le squamosal droit partiel et le dentaire droit.

Photographie du dentaire droit de l’holotype (MHNM.KHG.521) de Khinjaria acuta ; on note ses dents en forme de lame de couteau qui lui ont valu son nom

L’analyse phylogénétique de Longrich et ses collègues classe Khinjaria comme un mosasauridé plioplatecarpiné, dans une tribu nouvellement nommée : les Selmasaurini. Selmasaurini comprend les genres Khinjaria, Goronyosaurus, Gavialimimus et Selmasaurus. Khinjaria y est classé comme la taxon-sœur de Goronyosaurus. Longrich et ses collègues notent que les Selmasaurini sont un clade particulièrement abondant à de basses latitudes, dans des eaux chaudes à tropicales.

Résultats de l’analyse phylogénétique de Longrich et ses collègues, classant Khinjaria dans la nouvelle tribu des Selmasaurini (carré rouge), en taxon-sœur de Goronyosaurus

Khinjaria présente une morphologie crânienne hautement spécialisée, très similaire à celle de Goronyosaurus. Khinjaria possède un museau court et robuste ainsi qu’une région postorbitale allongée. De plus, contrairement à de nombreux mosasaures, son crâne était akinétique, c’est-à-dire qu’il ne pouvait pas se déformer pour manger des proies normalement trop grosses. Toutes ces particularités indiquent que Khinjaria avait une morsure lente et puissante.

Reconstitution squelettique du crâne de Khinjaria

Longrich et ses collègues notent également que, tout comme Goronyosaurus, Khinjaria avait de petits yeux. Ils interprètent cette condition morphologique comme le fait que la vue n’était pas un sens crucial pour la chasse chez Khinjaria et Goronyosaurus. Ces deux genres auraient plutôt utilisé leur odorat pour chasser leurs proies dans des environnements où la visibilité était mauvaise (récifs, baies, eaux profondes…). De plus, Khinjaria et Goronyosaurus ont également pu chasser la nuit dans des environnements plus ouverts (eaux de surface de pleine mer) qu’ils ne fréquentaient pas la journée.

Reconstitution du vivant de Khinjaria

Khinjaria mesurait environ 8 mètres de longueur, ce qui faisait de lui l’un des plus grands prédateurs de son environnement. Malgré tout, il pouvait tout de même être la proie de mosasaures encore plus gros comme Thalassotitan. Khinjaria était un prédateur aux dents en forme de lame et à la morsure puissante, indiquant qu’il chassait de gros poissons et parfois des requins et d’autres mosasaures plus petits. Ses spécialisations auraient permis à Khinjaria d’occuper une niche écologique différente de celle des autres grands mosasaures. Il vivait dans une mer aux eaux chaudes, en compagnie de nombreux autres mosasaures, de serpents et varans marins, de tortues, de ptérosaures et du plésiosaure elasmosauridé Zarafasaura.

Silhouette de Khinjaria comparée à un humain

Référence : Longrich, N.R.; Polcyn, M.J.; Jalil, N.-E.; Pereda-Suberbiola, X.; Bardet, N., 2024, A bizarre new plioplatecarpine mosasaurid from the Maastrichtian of Morocco. Cretaceous Research. 105870.

Toutes les images proviennent de Longrich et al., 2024

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