Redescription de Bagaraatan

En 1970, une expédition paléontologique découvrit un assemblage de fossiles de dinosaures dans le Maastrichtien de la formation géologique de Nemegt (Ömnögovi, Mongolie). En 1996, Osmólska décrivit une grande partie des éléments découverts comme faisant partie du squelette partiel d’un nouveau théropode (ZPAL MgD-I/108) qu’elle baptisa Bagaraatan, avec B. ostromi pour espèce. Osmólska classa alors Bagaraatan comme le taxon-soeur du clade comprenant Allosauridae et Coelurosauria.

Reconstitution squelettique de Bagaraatan, par Osmólska, 1996, montrant les os connus de l’holotype (y compris les éléments désormais référés à Elmisaurus par Słowiak et ses collègues)

En 1998, Csiki et Grigorescu suggérèrent que Bagaraatan pouvait faire partie d’un clade particulier de théropodes proches des oiseaux, avec Bradycneme et Elopteryx. En 2005, Rauhut et Xu classèrent plutôt Bagaraatan dans un clade de coelurosaures asiatiques mal connus, avec Xinjiangovenator. En 2010, Carr et Williamson retrouvèrent Bagaraatan dans une position basale chez les tyrannosauroidés. Depuis, Bagaraatan est considéré comme un tyrannosauroidé probable mais encore très énigmatique.

Photographies et scans CT des éléments de l’holotype (ZPAL MgD-I/108) de Bagaraatan ostromi tel qu’il est redéfini par Słowiak et ses collègues

Certaines études récentes comme Brusatte en 2013 ou Brusatte et Carr en 2016 par exemple ont suggéré que Bagaraatan puisse être une chimère. Cette hypothèse n’avait jusque là pas fait l’objet d’une étude détaillée. Słowiak et ses collègues redécrivent ainsi l’holotype de Bagaraatan ostromi, qu’ils considèrent comme une chimère composée d’un squelette de tyrannosauridé juvénile et d’un squelette d’Elmisaurus.

Photographie du tibiotarse gauche (à gauche), de la fibula gauche partielle (en haut à droite) et de l’extrémité proximale du fémur gauche (en bas à droite) initialement inclus dans l’holotype (ZPAL MgD-I/108) de Bagaraatan ostromi et désormais désignés sous le numéro ZPAL MgD-I/108/1 et référés à Elmisaurus rarus

Initialement, l’holotype (ZPAL MgD-I/108) de Bagaraatan ostromi comprenait une mandibule droite partielle, deux vertèbres cervicales, 25 caudales, 2 chevrons, les iliums partiels, les pubis partiels, d’ischium gauche partiel, les extrémités du fémur gauche, un tibiotarse, un fragment de fibula, une phalange pédale II-2 et une phalange pédale IV-1. Słowiak et ses collègues notent que le tibiotarse, la fibula, le fémur gauche et la phalange pédale IV-1 appartiennent en réalité à Elmisaurus, un oviraptorosaure caenagnathidé (voir cet article). Ces éléments sont donc désormais exclus de ZPAL MgD-I/108 et catalogués sous le numéro ZPAL MgD-I/108/1.

Reconstitution squelettique de Bagaraatan, avec les os connus de l’holotype représentés

Désormais composé uniquement d’éléments de tyrannosauridés, ZPAL MgD-I/108 représente désormais le squelette partiel d’un seul taxon, à savoir l’holotype de Bagaraatan ostromi. Słowiak et ses collègues redécrivent ainsi Bagaraatan, qui n’est plus une chimère. Ils constatent que ZPAL MgD-I/108 représente un tyrannosauridé juvénile âgé d’environ 2 à 3 ans. Leur analyse phylogénétique confirme leurs observations, en classant Bagaraatan au sein de Tyrannosauridae.

Résultats de l’analyse phylogénétique de Słowiak et ses collègues, classant Bagaraatan comme un tyrannosauridé basal ; on note que sa position basale est due à son statut juvénile, et qu’elle ne reflète pas nécessairement son classement réel

Bagaraatan peut représenter un taxon distinct de tyrannosauridé mais il ne présente pas suffisamment de caractéristiques distinctives pour en être certain. Il représente plus probablement un juvénile d’un tyrannosauridé déjà connu de la formation géologique de Nemegt, à savoir Tarbosaurus ou Alioramus. Słowiak et ses collègues ne sont pas en mesure de déterminer à quel taxon Bagaraatan appartient, car les juvéniles d’Alioramus ne sont pas connus. Ils considèrent donc que Bagaraatan est un Tyrannosauridae indet. probablement synonyme de Tarbosaurus ou Alioramus.

Reconstitution squelettique d’Alioramus (en haut) et de Tarbosaurus (en bas), par GetAwayStrike (Alioramus) et Scott Hartman (Tarbosaurus)

L’holotype de Bagaraatan ostromi était un tyrannosauridé juvénile d’environ 3 mètres de longueur. Il chassait de petites proies rapides, qui n’étaient pas chassées par les adultes tyrannosauridés. Bagaraatan vivait dans un environnement semi-aride avec des cours d’eau et des marais, en compagnie de tortues, de crocodylomorphes, de ptérosaures, de sauropodes titanosaures, de pachycephalosaures, d’hadrosauridés, d’ankylosauridés, de dromaeosauridés, d’alvarezsauridés, d’ornithomimosaures, d’oviraptorosaures, de tyrannosauridés, de troodontidés et d’oiseaux.

Références : Słowiak, J.; Brusatte, S.L.; Szczygielski, T., 2024, Reassessment of the enigmatic Late Cretaceous theropod dinosaur, Bagaraatan ostromi. Zoological Journal of the Linnean Society.

Osmólska, H., 1996, An unusual theropod dinosaur from the Late Cretaceous Nemegt Formation of Mongolia. Acta Palaeontologica Polonica. 41:1-38.

Csiki, Z.; Grigorescu, D., 1998, Small theropods from the Late Cretaceous of the Hateg Basin (Western Romania) an unexpected diversity at the top of the food chain. Oryctos. 1: 87-104.

Rauhut, O.W.M.; Xu, X., 2005, The small theropod dinosaurs Tugulusaurus and Phaedrolosaurus from the Early Cretaceous of Xinjiang, China. Journal of Vertebrate Paleontology. 25: 107-18.

Carr TD, Williamson TE. Bistahieversor sealeyi, gen. et sp. nov., a new tyrannosauroid from New Mexico and the origin of deep snouts in Tyrannosauroidea. Journal of Vertebrate Paleontology 2010;30:1–16.

Brusatte, S.L., 2013, The phylogeny of basal coelurosaurian theropods (Archosauria: Dinosauria) and patterns of morphological evolution during the dinosaur–bird transition. Unpublished PhD Dissertation, Columbia University, New York.

Brusatte, S.L.; Carr, T.D., 2016, The phylogeny and evolutionary history of tyrannosauroid dinosaurs. Scientific Reports. 6: 20252.

Toutes les images proviennent de Słowiak et al., 2024, à l’exception de la première qui provient d’Osmólska, 1996 et de la dernière qui est composée d’une œuvre de GetAwayTrike et de Scott Hartman

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