Redescription d’Oksoko

Oksoko est un genre de théropode oviraptorosaure oviraptoridé décrit en 2020 par Funston et ses collègues, avec O. avarsan pour espèce. Il se base sur six squelettes presque complets découverts dans le Maastrichtien de la formation géologique de Nemegt (Ömnögovi, Mongolie). Oksoko se caractérise par la finesse de préservation de ses spécimens, ainsi que par le fait qu’ils représentent plusieurs stades ontogéniques. Il possède en outre la particularité d’avoir seulement deux doigts fonctionnels à la main. Funston présente ainsi une description très détaillée d’Oksoko.

Reconstitution squelettique d’Oksoko

L’holotype (MPC-D 102/110.a) d’Oksoko avarsan est un squelette presque complet de juvénile. Il a été retrouvé en association avec deux autres squelettes presque complets de juvéniles (MPC-D 102/110.b et MPC-D 102/110.c). Un squelette presque complet de juvénile (MPC-D 102/11), un squelette postcrânien de subadulte (MPC-D 100/33) et un squelette postcrânien d’adulte (MPC-D 102/12) ont également été référés à O. avarsan. Ces six spécimens d’âges différents permettent de connaître l’intégralité du squelette d’Oksoko, mais aussi d’en étudier la variation au cours de l’ontogénèse.

Photographie du bloc contenant l’holotype (MPC-D 102/110.a) et les spécimens référés MPC-D 102/110.b et MPC-D 102/110.c d’Oksoko avarsan

Funston décrit ainsi en détail l’ostéologie d’Oksoko avarsan sur la base de ces spécimens. Il mentionne toutes les caractéristiques observables, afin de mieux connaître le genre. Il note la présence d’une perforation dans le sternum droit du spécimen MPC-D 100/33. Cette particularité est peut être due à une mauvaise ossification de l’os, puisque l’individu n’est pas encore adulte. Funston évoque également la possibilité qu’il s’agisse d’une perforation d’origine pathologique. Seule une étude plus détaillée de cette anomalie chez MPC-D 100/33 permettra de connaître sa nature.

Photographies du sternum gauche (K) et droit (L) du spécimen MPC-D 100/33 d’Oksoko avarsan ; on remarque une perforation potentiellement pathologique dans le sternum droit (path?)

Funston note qu’Oksoko présente une crête crânienne arrondie, formée par les os nasaux, frontaux et pariétaux. Elle est très pneumatisée, comme chez les autres oviraptorosaures. Funston remarque que les Oksoko juvéniles ont déjà une crête bien développée. Cela contredit l’idée que la crête des oviraptorosaures ne se formait qu’à la maturité sexuelle, et donc qu’il s’agit d’un ornement de parade nuptiale. Pour Funston, la crête d’Oksoko et des autres oviraptorosaures serait un outil de communication intraspécifique plus large, servant à indiquer un statut social ou à informer de la santé des individus. Le fait que cette crête soit pneumatisée suggère aussi un rôle de caisse de résonnance pour produire des sons.

Photographie et dessin interprétatif du crâne de l’holotype (MPC-D 102/110.a) d’Oksoko avarsan ; Reconstitution du crâne d’Oksoko

Oksoko se caractérise par la présence de seulement deux doigts fonctionnels (les doigts I et II) à la main, puisque le doigt III est très réduit. Funston constate également que les os carpiens d’Oksoko sont relativement simplifiés, ce qui aurait pu rendre le poignet plus flexible. Les muscles des membres antérieurs d’Oksoko étaient puissants, ce qui montre que la réduction du nombre de doigts à sa main n’était pas due à une perte de fonction. Pour Funston, cette perte signifie plutôt une modification de fonction. La main d’Oksoko est ainsi mieux adaptée pour gratter ou perforer, mais a perdu de sa capacité de préhension.

Photographies des os de la main de l’holotype (MPC-D 102/110.a) d’Oksoko avarsan ; on note son doigt III réduit

Enfin, Funston remarque que chez Oksoko, les membres postérieurs devenaient de plus en plus courts et robustes au cours de l’ontogénèse. Cette allométrie de croissance est le témoin d’un changement écologique entre les jeunes Oksoko et les adultes. Les jeunes avaient des membres postérieurs allongés et graciles, bien adaptés pour courir vite, et donc pourchasser de petites proies rapides ou fuir les prédateurs. En grandissant, Oksoko ne chassait plus de petites proies, et pouvait plus facilement faire face aux prédateurs.

Photographies des os du pied de l’holotype (MPC-D 102/110.a) d’Oksoko avarsan

Références : Funston, G.F., 2024, Osteology of the two-fngered oviraptorid Oksoko avarsan (Teropoda: Oviraptorosauria). Zoological Journal of the Linnean Society. zlad169.

Funston, G.F.; Chinzorig, T.; Tsogtbaatar, K.; Kobayashi, Y.; Sullivan, C.; Currie, P.J., 2020, A new two-fngered dinosaur sheds light on the radiation of Oviraptorosauria. Royal Society Open Science. 7: 201184.

Toutes les images proviennent de Funston, 2024

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