Nouveau matériel et neuroanatomie de Sinovenator

Sinovenator est un genre de théropode troodontidé décrit en 2002 par Xu et ses collègues, avec S. changii pour espèce. Il est connu de quelques spécimens presque complets décrits mais il existerait des centaines de spécimens de Sinovenator. En 2002, le squelette partiel d’un troodontidé fut découvert dans le Barrémien-Aptien de la formation géologique de Yixian (Liaoning, Chine). Ce spécimen (IVPP V20378) a ensuite été mentionné par Xu et al. (2017) comme un spécimen de Sinovenator, puis par Hendrickx et al. (2019) et Chiarenza et al. (2020) comme un spécimen de troodontidé. Yu et ses collègues décrivent ainsi ce squelette comme un nouveau spécimen de Sinovenator, et en détaillent la neuroanatomie.

Photographie du squelette IVPP V20378, référé à Sinovenator changii par Yu et ses collègues

Le spécimen décrit par Yu et ses collègues est un squelette presque complet (IVPP V20378) articulé à l’exception du crâne qui est désarticulé du corps. IVPP V20378 est préservé en position de repos, avec la queue entourant le corps et le cou replié. Les caractéristiques de ce spécimen permettent à Yu et ses collègues d’attribuer IVPP V20378 à Sinovenator changii. Toutefois, ils ne décrivent en détail que la neuroanatomie de ce spécimen. L’anatomie détaillée d’IVPP V20378 fera probablement l’objet d’une autre publication.

Photographies et dessins interprétatifs du crâne du spécimen IVPP V20378, référé à Sinovenator changii par Yu et ses collègues

Yu et ses collègues ont ainsi scanné le crâne du spécimen IVPP V20378 avec un scanner CT, ce qui a permis une modélisation en 3D du spécimen. Sur la base de cette modélisation, il leur a été possible de reconstruire son endocrâne. Etant donné que Sinovenator est un membre de Maniraptora, la morphologie de son endocrâne reflète presque à l’identique la surface réelle de son cerveau. Il est donc possible pour Yu et ses collègues d’étudier le cerveau de Sinovenator sur la base de son endocrâne.

Scan CT du crâne du spécimen IVPP V20378, référé à Sinovenator changii par Yu et ses collègues (A) et modélisation 3D de l’endocaste de Sinovenator, modélisant le cerveau, l’oreille interne, les nerfs crâniens et des vaisseaux sanguins (B-D)

Yu et ses collègues constatent que les bulbes et les voies olfactives de Sinovenator sont plus petits que chez les théropodes à l’odorat très développé, mais qu’ils sont plus grands que chez les oiseaux basaux et certains troodontidés. L’odorat de Sinovenator était donc plutôt bon pour un troodontidé, sans être exceptionnel. Sa vue était en revanche très bonne, comme en témoignent ses lobes optiques très développés, comme chez les autres Maniraptora. Enfin, son flocculus est bien développé, indiquant que c’était un prédateur agile capable de suivre rapidement du regard ses proies.

Modélisation 3D de l’oreille interne du spécimen IVPP V20378 de Sinovenator changii

Yu et ses collègues ont également réalisé une analyse morphométrique afin d’étudier l’évolution morphologique de l’endocrâne des théropodes. Ils constatent que l’endocrâne de Sinovenator présente des caractéristiques typiques des théropodes Maniraptora, mais aussi des caractéristiques qui se retrouvent chez les oiseaux. Cela se traduit dans l’analyse morphométrique, où Sinovenator est placé dans un morphospace proche de celui des autres Maniraptora (Incisivosaurus, Zanabazar…), mais surtout proche de celui des oiseaux.

Résultats de l’analyse morphométrique de Yu et ses collègues, plaçant l’endocrâne de Sinovenator proche du morphospace des endocrânes des oiseaux (points bleus)

Sinovenator était un prédateur d’invertébrés et de petits vertébrés qui vivait dans un environnement forestier au climat assez froid, situé proche d’une chaîne de volcans. Il cohabitait avec des tortues, des squamates, des choristoderes, de nombreux ptérosaures, des ornithopodes, les sauropodes titanosauriformes Ruixinia, Dongbeititan et Liaoningotitan, les cératopsiens Psittacosaurus et Liaoceratops, l’ankylosaure Liaoningosaurus, d’autres troodontidés, des thérizinosaures, des dromaeosauridés, des ornithomimosaures, des oviraptorosaures, des tyrannosauroidés, des coelurosaures basaux et des oiseaux.

Reconstitution squelettique de Sinovenator

Références : Yu, C.; Watanabe, A.; Qin, Z.; King, J.L.; Witmer, L.M.; Ma, Q.; Xu, X., 2024, Avialan-like brain morphology in Sinovenator (Troodontidae, Theropoda). Communications Biology. 7: 168.

Xu, X.; Norell, M.A.; Wang, X.-L.; Makovicky, P.J.; Wu, X.-C., 2002, A basal troodontid from the Early Cretaceous of China. Nature. 415(6873): 780-784.

Xu, X.; Currie, P.; Pittman, M.; Xing, L.; Meng, Q.; Lü, J.; Hu, D.; Yu, C., 2017, Mosaic evolution in an asymmetrically feathered troodontid dinosaur with transitional features. Nature communications. 8(1): 14972.

Hendrickx, C.; Mateus, O.; Araújo, R.; Choiniere, J., 2019, The distribution of dental features in non-avian theropod dinosaurs: Taxonomic potential, degree of homoplasy, and major evolutionary trends. Palaeontologia Electronica. 22.3.74: 1-110.

Chiarenza, A.A.; Fiorillo, A.R.; Tykoski, R.S.; McCarthy, P.J.; Flaig, P.P.; Contreras, D.L., 2020, The first juvenile dromaeosaurid (Dinosauria: Theropoda) from Arctic Alaska. PLoS One. 15(7): e0235078.

Toutes les images proviennent de Yu et al., 2024, à l’exception de la dernière qui est une œuvre de Scott Hartman

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