Analyse du squelette postcrânien de Prestosuchus

Prestosuchus est un genre de pseudosuchien prestosuchidé connu du Carnien de la formation géologique de Santa Maria (Rio Grande do Sul, Brésil). Son espèce-type P. chiniquensis est connue de plusieurs spécimens, y compris 6 squelettes partiels dont son lectotype (SNSB-BSPG AS XXV 1-3/5-11/28-41/49). Le spécimen le plus complet de P. chiniquensis actuellement connu est le squelette UFRGS-PV-0629-T, dont le crâne a déjà été décrit en détail. Mastrantonio et ses collègues décrivent ainsi en détail le squelette postcrânien de Prestosuchus chiniquensis à l’aide du spécimen UFRGS-PV-0629-T.

Dessin interprétatif du spécimen UFRGS-PV-0629-T de Prestosuchus chiniquensis, tel qu’il a été découvert avec en blanc les os du squelette postcrânien et en gris les os du crâne

Le squelette UFRGS-PV-0629-T se compose du crâne presque complet, de toutes les vertèbres cervicales et dorsales, de deux vertèbres sacrales et trois caudales, de côtes, de la ceinture scapulaire partielle, du bassin complet, des humérus, de l’ulna gauche partiel, du radius gauche partiel, du métacarpien IV gauche, des fémurs, du tibia droit, de la fibula droite, de trois phalanges pédales et d’ostéodermes. Mastrantonio et ses collègues ont décrit en détail l’anatomie du squelette postcrânien de UFRGS-PV-0629-T, afin de mieux définir les caractéristiques postcrâniennes de Prestosuchus chiniquensis.

Photographies de plusieurs éléments postcrâniens du spécimen UFRGS-PV-0629-T de Prestosuchus chiniquensis

Cette meilleure connaissance du squelette postcrânien de P. chiniquensis permet ensuite de donner une attribution taxonomique plus précise à certains spécimens moins complets, et à préciser le classement de Prestosuchus. Mastrantonio et ses collègues ont donc réalisé une analyse phylogénétique, qui classe Prestosuchus comme un Loricata basal, plus dérivé que Mandasuchus mais moins que Saurosuchus. Le genre Prestosuchus s’y compose des espèces P. chiniquensis et P. nyassicus, mais P. nyassicus n’est actuellement pas différencié des spécimens de P. chiniquensis.

Résultats de l’analyse phylogénétique de Mastrantonio et ses collègues, classant Prestosuchus (le clade en rouge) comme un Loricata basal, plus dérivé que Mandasuchus mais moins que Saurosuchus

Mastrantonio et ses collègues ont également fait une analyse ostéohistologique de l’humérus gauche du spécimen UFRGS-PV-0629-T. Elle révèle que UFRGS-PV-0629-T présente 8 lignes d’arrêt de croissance, indiquant qu’il est mort à l’âge minimum de huit ans. Sa microstructure osseuse est peu vascularisée, présente plusieurs générations d’ostéons mais manque d’un système fondamental externe. Mastrantonio et ses collègues notent que cette absence pourrait être due à l’érosion, auquel cas UFRGS-PV-0629-T est sans aucun doute un spécimen adulte.

Coupe ostéohistologique (b-h) de l’humérus gauche (a) du spécimen UFRGS-PV-0629-T de Prestosuchus chiniquensis, montrant sa faible vascularisation osseuse, deux générations d’ostéons (c-d et f-h : flèches vertes pour la première et flèches jaunes pour la seconde) et ses huit lignes d’arrêt de croissance (c-d : flèches blanches)

Mastrantonio et ses collègues apportent ainsi de nouvelles connaissances sur la croissance de Prestosuchus. En effet, une étude récente (voir cert article) avait déterminé que le lectotype (SNSB-BSPG AS XXV 1-3/5-11/28-41/49) de P. chiniquensis était un subadulte âgé d’au moins 4 ans à sa mort. L’ostéohistologie de UFRGS-PV-0629-T révèle que c’était un adulte d’au moins 8 ans, et probablement bien plus. En définitive, P. chiniquensis est actuellement représenté par une série de croissance, bien qu’encore encore incomplète, avec un subadulte et un adulte de connus.

Reconstitution squelettique de Prestosuchus, par Henrique Paes

Référence : Mastrantonio, B.M.; Lacerda, M.B.; de Farias, B.D.M.; Pretto, F.A.; Rezende, L.O.; Desojo, J.B.; Schultz, C.L., 2024, Postcranial anatomy of Prestosuchus chiniquensis (Archosauria: Loricata) from the Triassic of Brazil. The Anatomical Record.

Toutes les images proviennent de Mastrantonio et al., 2024, à l’exception de la dernière qui est une oeuvre d’Henrique Paes (Randomdinos)

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