Les plumes pennacées sont un type de plumes caractérisées par la présence d’un rachis, d’un calamus, de barbes et de barbules, et comprennent notamment les plumes de vol des oiseaux actuels. Ces plumes pennacées sont apparues chez les théropodes Pennaraptora. L’origine de leur apparition reste floue, tout comme l’utilisation de ces plumes pennacées chez les premiers membres de Pennaraptora. Ces premiers membres étaient incapables de voler et devaient donc s’en servir pour communiquer, couver, améliorer la course… Park et ses collègues proposent ainsi une nouvelle théorie suggérant que les plumes pennacées des premiers membres de Pennaraptora ont pu servir pour chasser.

Park et ses collègues basent leur raisonnement sur le fait que des oiseaux actuels comme la paruline à ailes blanches (Myioborus pictus) ou encore le grand géocoucou (Geococcyx californianus) chassent des invertébrés et des petits vertébrés à l’aide de leurs plumes des ailes. Ces oiseaux agitent leurs ailes afin de faire fuir leurs proies, ce qui leur permet ensuite de les poursuivre. Park et ses collègues notent que cette technique de chasse se base sur sur le fait que les proies aient un système nerveux assez simple, une capacité à poursuivre des petites proies rapides et à les capturer avec les mâchoires ou les membres.

Park et ses collègues ont testé l’hypothèse que certains théropodes Pennaraptora basaux chassaient eux aussi de cette manière. Ils ont construit un robot reproduisant la forme de Caudipteryx, un oviraptorosaure caudipteridé, sachant que les oviraptorosaures sont les Pennaraptora les plus basaux. Park et ses collègues ont fait agiter les « plumes » du robot devant des sauterelles vivantes, afin d’enregistrer leurs réponses nerveuses. Il en résulte que l’agitation des « plumes » entraîne une plus grande proportion de fuite des sauterelles, confirmant que l’hypothèse de Park et ses collègues est viable.

Park et ses collègues en concluent que les Pennaraptora basaux ont pu se servir de leurs plumes pennacées afin de faire fuir des petites proies. Il leur était alors possible de les capturer en les pourchassant, en profitant de la confusion des proies lors de leur fuite. Cette technique de chasse est plus efficace qu’une chasse en embuscade de petites proies, mais seulement dans un milieu assez ouvert. Cela reste toutefois une hypothèse comportementale qui est difficilement vérifiable avec les données fossiles, mais qui est quand même plausible.

Les théropodes Pennaraptora susceptibles d’avoir chassé de cette manière sont des théropodes de petite taille présentant des plumes pennacées développées au niveau des membres antérieurs et/ou de la queue. Les candidats les plus plausibles sont les oviraptorosaures basaux comme les caudipteridés, les scansoriopterygidés ou encore les troodontidés.
Référence : Park, J.; Son, M.; Park, J.; Bang, S.Y.; Ha, J.; Moon, H.; Lee, Y.-N.; Lee, S.-I.; Jablonski, P.G., 2024, Escape behaviors in prey and the evolution of pennaceous plumage in dinosaurs. Science Reports. 14: 549.
Toutes les images proviennent de Park et al., 2024, à l’exception de la première qui est une oeuvre d’Andrew Leach et de la dernière qui est une œuvre de Scott Hartman