En 2014, un membre postérieur d’oviraptorosaure fut découvert dans le Maastrichtien de la formation géologique d’Hell Creek (Dakota du Sud, Etats-Unis). Atkins-Weltman et ses collègues décrivent ainsi ce spécimen comme l’holotype d’un nouveau genre qu’ils baptisent Eoneophron (« Neophron de l’aube », Neophron étant le nom de genre du vautour percnoptère, un rapace aussi surnommé « poulet du pharaon »), avec E. infernalis pour espèce. L’holotype (CM 96523) d’Eoneophron infernalis est un membre postérieur droit partiel qui comprend le fémur, le tibia et les métatarsiens III et IV.

Atkins-Weltman et ses collègues ont réalisé une analyse ostéohistologique de l’holotype (CM 96523) d’Eoneophron infernalis. Ils ont donc effectué des coupes histologiques sur le fémur, le tibia et le métatarsien IV. Chacun de ces os présente 6 lignes d’arrêt de croissance, et le métatarsien préserve en plus une ligne néonatale. Cela indique que CM 96523 était âgé de 6 ans à sa mort. Etant donné que la sixième ligne d’arrêt de croissance venait juste de se faire à sa mort, CM 96523 est mort juste après la reprise de sa croissance, c’est-à-dire au début du printemps. Atkins-Weltman et ses collègues indiquent que CM 96523 était un individu subadulte presque adulte.

L’analyse phylogénétique d’Atkins-Weltman et ses collègues classe Eoneophron comme un oviraptorosaure caenagnathidé, en taxon-sœur du clade Elmisaurus + Citipes. A noter qu’Atkins-Weltman et ses collègues se sont contentés de classer Eoneophron comme un caenagnathidé, sans préciser s’il se plaçait dans une sous-famille. La position d’Eoneophron suggère que c’était un membre basal d’Elmisaurinae. Les elmisaurinés se composeraient donc de Citipes, Elmisaurus et Eoneophron.

Eoneophron est uniquement connu d’un membre postérieur, ce qui rend difficile toute interprétation de sa paléoécologie. Son astragale est fusionnée au calcanéum, formant un astragalocanéum, et ses tarses distaux sont fusionnés aux métatarsiens. Ces deux fusions sont courantes chez les caenagnathidés, mais Eoneophron se caractérise par une fusion supplémentaire : la fusion de l’astragalocanéum avec le tibia. La fusion des os des membres des caenagnathidés joue un rôle encore méconnu, mais elle est très avancée chez Eoneophron. Elle lui a peut-être permis d’optimiser sa course, d’améliorer ses capacités de préhension avec ses membres postérieurs…

Eoneophron était un caenagnathidé de taille moyenne, mesurant un peu moins de 2 mètres de longueur pour 78 kilogrammes. Comme les autres caenagnathidés, son écologie alimentaire demeure floue. Il est possible qu’il se soit nourri de petits vertébrés et de végétaux, avec une plus forte proportion de viande.

Eoneophron vivait dans une plaine côtière boisée traversée par plusieurs cours d’eau, au climat subtropical. Il cohabitait avec des tortues, des squamates, des crocodylomorphes, des ptérosaures, les ankylosaures Ankylosaurus et Denversaurus, des cératopsiens, les pachycephalosaures Platytholus, Sphaerotholus et Pachycephalosaurus, les ornithopodes Thescelosaurus et Edmontosaurus, des oiseaux, des dromaeosauridés, des troodontidés, le caenagnathidé Anzu, l’alvarezsauridé Trierarchuncus, des ornithomimosaures et le tyrannosauridé Tyrannosaurus.
Référence : Atkins-Weltman, K.L.; Simon, D.J.; Woodward, H.N.; Funston, G.F.; Snively, E., 2024, A new oviraptorosaur (Dinosauria: Theropoda) from the end-Maastrichtian Hell Creek Formation of North America. PLoS ONE. 19(1): e0294901.
Toutes les images proviennent d’Atkins-Weltman et al., 2024
Un avis sur « Nouveau caenagnathidé : Eoneophron »