Teyujagua est un genre d’archosauromorphe décrit en 2016 par Pinheiro et ses collègues, avec T. paradoxa pour espèce. Son holotype (UNIPAMPA 653) est un crâne complet associé aux quatre premières vertèbres cervicales. Il a été découvert dans l’Induen-Olénékien de la formation géologique de Sanga do Cabral (Rio Grande do Sul, Brésil). Des fouilles menées sur le site où UNIPAMPA 653 a été découvert ont permis de mettre au jour le reste du squelette. de Oliveira et ses collègues décrivent ainsi de nouveaux éléments appartenant à l’holotype (UNIPAMPA 653) de Teyujagua paradoxa.

Les nouveaux éléments décrits par de Oliveira et ses collègues composent une grande partie du squelette postcrânien. Cela inclut 5 vertèbres cervicales, 6 dorsales, 2 sacrales et 3 caudales, presque toutes les côtes, des gastralias, 2 chevrons, la ceinture scapulaire complète, le bassin partiel, l’humérus gauche, l’ulna gauche, le radius gauche, un carpe gauche, le fémur gauche partiel, le tibia gauche et la fibula gauche partielle. Avec ce nouveau matériel, l’holotype (UNIPAMPA 653) de Teyujagua paradoxa est l’un des spécimens d’archosauromorphe basal les plus complets connus. Il s’agit d’un individu adulte.

L’addition de nouveaux éléments très bien conservés à l’holotype de T. paradoxa permet donc de connaître son squelette postcrânien en détail. de Oliveira et ses collègues ont testé l’impact de ces données sur la position phylogénétique de Teyujagua. Comme dans la description originale de 2016, l’analyse phylogénétique de de Oliveira et ses collègues classe Teyujagua comme un archosauromorphe crocopode, taxon-soeur du clade Tasmaniosaurus + Archosauriformes. La position phylogénétique de Teyujagua semble ainsi très stable, grâce à la complétude de son holotype.

de Oliveira et ses collègues ont également réalisé une analyse morphométrique pour évaluer la diversité et la disparité morphologique des archosauromorphes. Dans cette analyse, Teyujagua se retrouve dans un morphospace distinct de tous les autres membres d’Archosauromorpha. Sa morphologie générale n’a donc pas de grandes similitudes avec un genre ou un groupe déjà connus. Le fait que Teyujagua occupe son propre morphospace pourrait indiquer qu’il avait développé des spécialisations pour occuper un rôle écologique bien distinct des autres archosauromorphes.

L’analyse du squelette postcrânien de Teyujagua peut nous renseigner sur la nature de ce rôle écologique, mais de Oliveira et ses collègues n’ont pas développé ce sujet dans leur article. Certaines des vertèbres cervicales de Teyujagua ont un centrum en forme de parallélogramme, indiquant qu’il avait le cou légèrement courbé. Son crâne suggère un mode de vie semi-aquatique, mais cela reste à confirmer avec son squelette postcrânien. La queue de Teyujagua est presque inconnue, alors qu’elle fournit souvent une preuve de l’écologie semi-aquatique car elle joue un grand rôle dans la nage des archosauromorphes semi-aquatiques.

Teyujagua était un prédateur court sur pattes au corps relativement allongé, mesurant environ 1 mètre de longueur. La morphologie de ses dents et de ses mâchoires indiquent clairement que c’était un prédateur carnivore, et sa taille suggère qu’il chassait des petits vertébrés. Teyujagua était peut-être un chasseur semi-aquatique, auquel cas il aurait chassé en embuscade, tapi dans l’eau. Il vivait en compagnie de temnospondyles, de cynodontes, des procolophonidés Procolophon et Oryporan et du tanystropheidé Elessaurus.

Références : de Oliveira, T.M.; da Silva, J.L.; Kerber, L.; Pinheiro, F.L., 2024, The postcranial skeleton of Teyujagua paradoxa (Reptilia: Archosauromorpha) from the early Triassic of South America. The Anatomical Record.
Pinheiro, F.L.; França, M.A.G.; Lacerda, M.B.; Butler, R.J.; Schultz, C.L., 2016, An exceptional fossil skull from South America and the origins of the archosauriform radiation. Scientific Reports. 6: 22817.
Toutes les images proviennent de de Oliveira et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Pinheiro et al., 2016