Tyrannosaurus est un genre de théropode tyrannosauridé connu dans le Maastrichtien d’un très grand nombre de formations géologiques d’Amérique du Nord. Il était jusque là uniquement représenté par son espèce-type T. rex, qui est documentée par des fossiles très nombreux et complets de plusieurs stades ontogéniques. En 1983, Donald Staton et Joe LaPoint découvrirent un dentaire de Tyrannosaurus dans le Campanien-Maastrichtien de la formation géologique d’Hall Lake (Nouveau-Mexique, Etats-Unis). Plus tard dans l’année, une équipe de paléontologues fouilla le site de la découverte et découvrit d’autres éléments du crâne.

En 1984, Lozinsky et ses collègues mentionnèrent la découverte de ce spécimen, qu’ils attribuèrent à Tyrannosaurus rex. En 1986, Gillette et ses collègues décrivirent ce crâne partiel (NMMNH P-1013-1) et l’attribuèrent à T. rex. Selon eux, le spécimen se composait d’un dentaire gauche, d’un articulaire, d’un préarticulaire droit, de trois dents et d’un chevron. En 1990, Lehman et Carpenter signalèrent que ce spécimen pourrait en réalité représenter un nouveau taxon distinct de T. rex. En 2000, Carr et Williamson déclarèrent que NMMNH P-1013-1 avait désormais pour numéro NMMNH P-3698, que son articulaire est en fait un os palatin droit, et ils réitérèrent l’attribution du spécimen à T. rex.

Par la suite, NMMNH P-3698 fut toujours considéré comme un spécimen de Tyrannosaurus rex. Il y a quelques années, Williamson découvrit de nouveaux éléments de NMMNH P-3698, permettant de constater des différences avec T. rex. En 2022, Dalman et ses collègues déclarèrent que NMMNH P-3698 représentait un Tyrannosaurini, provisoirement assignable à cf. Tyrannosaurus. Dalman et ses collègues décrivent ainsi le spécimen NMMNH P-3698 comme l’holotype d’une nouvelle espèce de Tyrannosaurus, qu’ils baptisent T. mcraeensis.

L’holotype (NMMNH P-3698) de Tyrannosaurus mcraeensis est un crâne partiel qui se compose du postorbitaire droit, du squamosal droit, du palatin gauche, d’un fragment de maxillaire, du dentaire gauche, du splénial droit, du préarticulaire droit, de l’angulaire droit de l’articulaire droit, de dents isolées. Des chevrons sont associés avec le crâne, mais n’ont pas été figurés ni décrits par Dalman et ses collègues.

Dalman et ses collègues remarquent la présence de perforations et de cicatrices sur le dentaire de NMMNH P-3698. Ces pathologies semblent avoir été produites lors d’un combat intraspécifique, où NMMNH P-3698 a été mordu par un congénère. Les marques de cicatrisations semblent indiquer qu’il a survécu à ce combat. Dalman et ses collègues notent la présence d’une autre pathologie potentielle. Il s’agit d’un foramen sur le postorbital. Toutefois, il est aussi possible que ce foramen soit lié à la pneumatisation du crâne.

L’analyse phylogénétique de Dalman et ses collègues a classé Tyrannosaurus mcraeensis en taxon-soeur de T. rex. Elle retrouve une phylogénie classique pour les tyrannosauridés. Dalman et ses collègues notent que T. mcraeensis présente plusieurs caractères dérivés que T. rex ne présente pas. Cela indique que T. mcraeensis était une branche distincte de T. rex dans l’évolution de Tyrannosaurus. Tyrannosaurus mcraeensis n’était donc pas l’ancêtre direct de Tyrannosaurus rex.

Tyrannosaurus mcraeensis ressemble beaucoup à T. rex, et leur écologie devait être très similaire. Il se distingue par plusieurs caractères, notamment en ayant une bosse postorbitale plus basse et située plus en arrière que celle de T. rex. Le dentaire de T. mcraeensis est bien moins profond que celui de T. rex, donnant à ses mâchoires une allure plus gracile. Les dents de T. mcraeensis sont grandes, robustes, élargies et usées, comme celles de T. rex. Il devait donc lui aussi être un carnivore chasseur de grands vertébrés, capable de mordre les os.

Tyrannosaurus mcraeensis était légèrement plus vieux que T. rex, mais mesurait une taille très similaire. En effet, sur la base de NMMNH P-3698, Dalman et ses collègues estiment qu’il mesurait environ 12,5 mètres de longueur. C’était le prédateur apex de son environnement, chassant des cératopsiens, des hadrosauridés et des sauropodes. T. mcraeensis cohabitait avec des squamates, des crocodylomorphes, des tortues, le cératopsien Sierraceratops, des hadrosauridés et le sauropode titanosaure Alamosaurus.

Références : Dalman, S.G.; Loewen, M.A.; Pyron, R.A.; Jasinski, S.E.; Malinzak, D.E.; Lucas, S.G.; Fiorillo, A.R.; Currie, P.J.; Longrich, N.R., 2024, A giant tyrannosaur from the Campanian–Maastrichtian of southern North America and the evolution of tyrannosaurid gigantism. Scientific Reports. 13: 22124.
Lozinsky, R.P.; Hunt, A.P.; Wolberg, D.L.; Lucas, S., 1984, Late Cretaceous (Lancian) dinosaurs from the McRae Formation, Sierra County, New Mexico. New Mexico Geology. 6: 7.
Gillette, D.; Wolberg, D.; Hunt, A., 1986, Tyrannosaurus rex from the McRae Formation (Lancian, Upper Cretaceous), Elephant Butte Reservoir, Sierra County, New Mexico. New Mexico Geology Society Guidebook. 37: 235-238.
Lehman, T.M.; Carpenter, K., 1990, A partial skeleton of the tyrannosaurid dinosaur Aublysodon from the Upper Cretaceous of New Mexico. Journal of Paleontology. 64: 1026-1032.
Carr, T.D.; Williamson, T.E., 2000, A review of Tyrannosauridae (Dinosauria, Coelurosauria) from New Mexico. New Mexico Museum of Natural History Science Bulletin. 17: 113-145.
Dalman, S.G.; Lucas, S.G.; Jasinski, S.E.; Longrich, N.R., 2022, Sierraceratops turneri, a new chasmosaurine ceratopsid from the Hall Lake Formation (Upper Cretaceous) of south-central New Mexico. Cretaceous Research. 130: 105034.
Toutes les images proviennent de Dalman et al., 2024, à l’exception de la première qui provient de Gillette et al., 1986, de la deuxième qui provient de Carr et Williamson, 2000 et de la dernière qui est une oeuvre de Sergei Krasinski