En 1999, le squelette partiel d’un sauropode titanosaure fut mis au jour à Villa El Chocón, dans le Cénomanien-Turonien de la formation géologique de Huincul (Neuquèn, Argentine). En 2001, des fouilles excavèrent ce spécimen et mirent au jour trois autres individus. La découverte fut annoncée en conférence la même année par Simón. Ce titanosaure reçut le nom informel de « Sauropodus », et fut annoncé comme l’un des plus grands sauropodes connus. En 2011, Simón décrivit ce taxon dans sa thèse de doctorat. Simón et Salgado décrivent ainsi ce taxon de manière officielle, sous le nom de Bustingorrytitan (en l’honneur de Manuel Bustingorry, le propriétaire du terrain où il a été découvert), avec B. shiva pour espèce.

L’holotype (MMCH-Pv 59/1–40) de Bustingorrytitan shiva est un squelette partiel composé du dentaire droit, d’une dent, d’une vertèbre dorsale, de 4 vertèbres caudales, de la ceinture scapulaire, de l’ilium droit, du pubis droit, des humérus, des ulnas, du radius droit, des métacarpiens droits, du fémur droit, du tibia droit, des fibulas, de l’astragale gauche, de trois métatarsiens et de trois phalanges unguéales. Le paratype (MMCH-Pv 60/1–6) de B. shiva est un squelette partiel composé d’une vertèbre dorsale, d’une vertèbre caudale, de l’ulna droit, d’un métacarpien III, du fémur droit et du tibia gauche.

Deux spécimens supplémentaires ont été référés à Bustingorrytitan shiva par Simón et Salgado. Il s’agit du fémur gauche MMCH-Pv 61/1 et du squelette partiel MMCH-Pv 62/1-3 composé du fémur droit, du tibia gauche et de l’astragale gauche. L’holotype et le paratype de B. shiva ont une taille identique, alors que MMCH-Pv 61/1 est légèrement plus petit et que MMCH-Pv 62/1-3 est légèrement plus grand. Simón et Salgado indiquent qu’une analyse ostéohistologique permettrait de connaître le stade ontogénique de ces spécimens, mais que seul MMCH-Pv 62/1-3 pourrait représenter un individu adulte.

L’analyse phylogénétique de Simón et Salgado classe Bustingorrytitan comme un titanosaure lithostrotien, au sein de Saltasauroidea. Il s’y classe en taxon-soeur de Saltasauridae. Toutefois, cette phylogénie est aberrante par la position de plusieurs taxons et de plusieurs clades, et ne correspond pas au consensus actuel. Ainsi, la position de Bustingorrytitan mériterait d’être évaluée dans une nouvelle analyse phylogénétique. En attendant, il est préférable de le considérer comme un lithostrotien indéterminé.

Bustingorrytitan représente un sauropode assez grand d’environ 20 mètres de longueur, avec une masse corporelle estimée à environ 60 tonnes par Simón et Salgado. Il vivait dans des zones arides parcourues de cours d’eau éphémères, en compagnie des sauropodes titanosaures Argentinosaurus, Chucarosaurus et Choconsaurus, des rebbachisauridés Cathartesaura et Limaysaurus, d’ornithopodes, du noasauridé Huinculsaurus, des carcharodontosauridés Meraxes et Mapusaurus, du Megaraptora Aoniraptor, du théropode indéterminé Gualicho, des abelisauridés Skorpiovenator, Tralkasaurus et Ilokelesia et du dromaeosauridé Overoraptor.
Références : Simón, M.E.; Salgado, L., 2023, A new gigantic titanosaurian sauropod from the early Late Cretaceous of Patagonia (Neuquén Province, Argentina). Acta Palaeontologica Polonica. 68(4).
Simon, M.E., 2001, A giant sauropod from the Upper Cretaceous of El Chocon. Ameghiniana. 38(4S): 19R.
Simón, M.E., 2011, Los dinosaurios saurópodos de la Formación Huincul (Cenomaniano superior) en Villa El Chocón (Neuquén): osteología, relaciones filogenéticas, aspectos paleoecológicos, y paleobiogeográficos. Unpublished Thesis, Facultad de Ciencias Exactas, Físicas y Naturales, Universidad Nacional de Córdoba, Córdoba. 493 pp.
Toutes les images proviennent de Simón et Salgado, 2023