En 2013, Jones et ses collègues décrivirent deux dentaires (SMNS 91061 et SMNS 91060) découverts dans le Ladinien de la formation géologique d’Erfurt (Baden-Württemberg, Allemagne). Ils les surnommèrent « Vellberg jaws » et les attribuèrent à cf. Diphydontosaurus sp. En 2017, Whiteside and Duffin considèrent ces spécimens comme un rhynchocéphale mais non lié à Diphydontosaurus. En parallèle, en 2015 Schoch a mentionné que des fouilles dans la formation géologique d’Erfurt ont mis au jour de nouveaux spécimens de rhynchocéphales, y compris un crâne partiel (SMNS 91313). Sues et Schoch décrivent ainsi ces spécimens comme appartenant à un nouveau genre qu’ils ont baptisé Wirtembergia (en référence à son länder de découverte), avec W. hauboldae pour espèce.

L’holotype (SMNS 91313) de Wirtembergia hauboldae est un crâne partiel associé à des vertèbres, des côtes et des éléments des membres. Il s’agit du spécimen mentionné en 2015 par Schoch.

Sues et Schoch ont référé plusieurs spécimens à W. hauboldae. Cela comprend les deux dentaires décrits par Jones et ses collègues en 2013 (SMNS 91060 et SMNS 91061), un squelette fragmentaire (SMNS 91323), cinq dentaires droit plus ou moins complets (SMNS 91725, SMNS 92018, SMNS 92070, SMNS 92074 et SMNS 92072) ainsi que trois dentaires gauche partiels (SMNS 92071, SMNS 92073 et SMNS 92075).

L’analyse phylogénétique de Sues et Schoch a classé Wirtembergia comme le membre le plus basal de Rhynchocephalia. Ces résultats contrastent avec ceux de Jones et ses collègues, qui avaient classé les « Vellberg jaws » dans une position un peu plus dérivée. Wirtembergia est ainsi à la fois le membre le plus basal mais aussi le membre le plus vieux de Rhynchocephalia.

L’implantation dentaire de Wirtembergia est une forme de transition entre les lepidosauromorphes basaux et les rhynchocéphales plus dérivés. En effet, ses dents postérieures ont une implantation pleurodonte (une partie de la dent est fusionnée à la mâchoire et l’autre lui est reliée par des ligaments) comme les lepidosauromorphes basaux. En revanche, ses dents antérieures ont une implantation acrodonte (la dent est fusionnée à la mâchoire) comme les rhynchocéphales plus dérivés.

Wirtembergia présente une morphologie dentaire typique des premiers rhynchocéphales, avec des dents coniques à ovoïdes. Ces dents sont spécialisées pour broyer les exosquelettes et les coquilles de petits invertébrés.

Wirtembergia était un invertivore qui mesurait entre 20 et 25 centimètres de longueur. Il vivait dans un environnement assez pauvre en végétation, parcouru d’un cours d’eau et parsemé de lacs. Wirtembergia cohabitait avec des cynodontes, des temnospondyles, le pseudosuchien Batrachotomus, le doswelliidé Jaxtasuchus, des procolophonoidés, le pantestudine basal Pappochelys, les lepidosauromorphes Fraxinisaura et Vellbergia, le trilophosauridé Rutiotomodon ainsi que de l’archosauriforme indéterminé Polymorphodon.
Références : Sues, H.-D.; Schoch, R.R., 2023, The oldest known rhynchocephalian reptile from the Middle Triassic (Ladinian) of Germany and its phylogenetic position among Lepidosauromorpha. The Anatomical Record.
Jones, M.E.H.; Anderson, C.L.; Hipsley, C.A.; Müller, J.; Evans, S.E.; Schoch, R.R., 2013, Integration of molecules and new fossils supports a Triassic origin for Lepidosauria (lizards, snakes, and tuatara). BMC Evolutionary Biology. 13: 208.
Whiteside, D.I.; Duffin, C.J., 2017, Late Triassic microvertebrates from Charles Moore’s ‘Microlestes’ quarry, Holwell, Somerset, UK. Zoological Journal of the Linnean Society of London. 179: 677–705.
Schoch, R.R., 2015, Reptilien des Lettenkeupers. In: Hagdorn, H.; Schoch, R.R.; Schweigert, G. (Eds.), Der Lettenkeuper – Ein Fenster in die Zeit vor den Dinosauriern. Palaeodiversity – Sonderband. Staatliches Museum für Naturkunde Stuttgart. pp. 231–264.
Toutes les images proviennent de Sues et Schoch, 2023, à l’exception de la première qui provient de Schoch, 2015 et de la troisième qui provient de Jacobs et al., 2013