Analyse ostéohistologique des proterochampsidés

Les proterochampsidés sont une famille d’archosauriformes proterochampsiens, connus du trias moyen-supérieur d’Argentine et du Brésil. Les membres de cette famille présentent une combinaison de caractéristiques rendant leur écologie débattue. Leur crâne et leur queue présente des spécialisations pour la vie semi-aquatique, mais leurs membres semblent adaptés pour la vie terrestre. En 2020, Marsà et ses collègues ont étudié l’ostéohistologie de plusieurs genres de cette famille. Sur la base des résultats de cette étude, Marsà et ses collègues analysent les caractéristiques ostéohistologiques des proterochampsidés et leur impact sur notre connaissance de leur écologie.

Reconstitution squelettique du proterochampsidé Chanaresuchus

Marsà et ses collègues ont analysé les spécimens qui avaient été étudiés par Marsà et al. (2020). Il s’agit du fémur, du tibia et de la fibula du spécimen PULR-V 116 de Chanaresuchus bonapartei ainsi que du fémur du spécimen PVL4606 de Tropidosuchus romeri. Ces deux spécimens proviennent du Carnien de la formation géologique de Chañares (La Rioja, Argentine). Marsà et ses collègues ont comparé leurs caractéristiques ostéohistologiques à celles des autres archosauriformes, afin d’identifier des spécificités ostéohistologiques aux proterochampsidés.

Photographies du fémur, du tibia et de la fibula du spécimen PULR-V 116 de Chanaresuchus bonapartei (A) ainsi que du fémur du spécimen PVL4606 de Tropidosuchus romeri (B)

Les deux spécimens de proterochampsidés analysés par Marsà et ses collègues montrent un stade de ralentissement de la croissance, tout en étant à un stade de maturité squelettique. Il en résulte que le squelette de ces spécimens était parfaitement formé avant que leur croissance ne s’achève. Marsà et ses collègues en concluent que les proterochampsidés atteignaient la maturité sexuelle après avoir atteint la maturité squelettique. Ce mode de croissance est très répandu au sein des archosauriformes et n’est donc pas surprenant.

Coupe ostéohistologique de la fibula du spécimen PULR-V 116 de Chanaresuchus bonapartei, montrant ses lignes d’arrêt de croissance (flèches blanches) ; à noter que ce spécimen a atteint sa maturité squelettique mais pas sa maturité sexuelle

Marsà et ses collègues constatent que la croissance des proterochampsidés suivait un schéma identique à celui des autres archosauriformes. Ils avaient une croissance lente, mais étaient capables d’accélérer leur croissance sur certaines périodes. De plus, leur croissance n’était pas uniforme au niveau de leurs os, avec une croissance asymétrique sur les éléments squelettiques des proterochampsidés. Là encore, cela est courant au sein des archosauriformes.

Coupe ostéohistologique de la fémur du spécimen PULR-V 116 de Chanaresuchus bonapartei

Enfin, Marsà et ses collègues ont évalué la compacité des os des proterochampsidés. La mesure de ce paramètre permet de renseigner l’écologie. En effet, les animaux semi-aquatiques n’ont pas la même compacité osseuse que les animaux terrestres, du fait de la différence du milieu de vie. La compacité osseuse des proterochampsidés est inférieure à 0,50, ce qui est le témoin d’une écologie terrestre. Les donnés ostéohistologiques de Marsà et ses collègues sont ainsi en faveur d’une écologie terrestre pour les proterochampsidés.

Analyse de la compacité osseuse du fémur PVL4606 de Tropidosuchus romeri (A) et du fémur PULR-V 116 de Chanaresuchus bonapartei (B)

Marsà et ses collègues notent que les proterochampsidés ont une grande histovariabilité intraspécifique. En effet, la taille des individus n’est pas liée à leur stade de croissance, ce qui peut s’expliquer de deux manières. Marsà et ses collègues proposent que l’histovariabilité des proterochampsidés soit le signe d’un dimorphisme sexuel ou bien d’une plasticité de développement. La plasticité de développement témoigne de la capacité à modifier son mode de croissance en fonction des pressions environnementales. En fonction des ressources disponibles, un individu grandira donc en conséquence. La plasticité de développement se retrouve chez de nombreux archosauriformes.

Références : Marsà, J.A.G.; Ponce, D.A.; Agnolín, F.L.; Novas, F.E., 2023, Histovariability and lifestyle in Proterochampsidae Romer, 1966 (Archosauriformes) from the Chañares Formation (Late Triassic), northwestern Argentina. Comptes Rendus Palevol. 22(30): 605-622.

Marsà, J.A.G.; Agnolín, F.L.; Novas, F.E., 2020, Comparative bone microstructure of three archosauromorphs from the Carnian, Late Triassic Chañares Formation of Argentina. Acta Palaeontologica Polonica. 65: 387-398.

Arcucci, A.; Previtera, E.; Mancuso, A.C., 2019, Ecomorphology and bone microstructure of Proterochampsia from the Chañares Formation. Acta Palaeontologica Polonica. 64(1): 157–170.

Toutes les images proviennent de Garcia Marsà et al., 2023 à l’exception de la première qui provient d’Arcucci et al., 2019

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