Khargachelys est une tortue bothremydidé décrite en 2023 par Abdel Gawad et ses collègues, avec K. caironensis pour espèce. Elle est connue de son seul holotype (NVP005), une carapace quasi complète découverte dans le Campanien de la formation géologique de Quseir (New Valley, Egypte). El Hedeny et ses collègues décrivent ainsi les paléopathologies et les marques de bioérosion qui affectent l’holotype de Khargachelys caironensis ainsi que d’autres spécimens de bothremydidés de la formation géologique de Quseir. Ces spécimens supplémentaires appartiennent d’ailleurs très probablement à Khargachelys.
El Hedeny et ses collègues ont analysé la surface de plus de 50 restes de tortues découverts dans la formation géologique de Quseir. Selon eux, il s’agit de carapaces de bothremydidés. El Hedeny et ses collègues n’ont pas détaillé l’attribution taxonomique de ces spécimens, mais il est probable qu’ils représentent Khargachelys. Ils ont effectué une description détaillée des traces de bioérosion (altération de l’os d’origine biologique) affectant ces spécimens. Parmi ces traces de bioérosion, la plupart ont été faites post-mortem, mais certaines ont affecté les individus de leur vivant. Il y a donc des traces pathologiques dans l’échantillon étudié par El Hedeny et ses collègues.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de trois perforations ellipsoïdes sur le fragment de carapace NVP001. Ils ont identifié ces traces comme appartenant à l’ichnotaxon Nihilichnus nihilicus. El Hedeny et ses collègues ont identifié trois rayures parallèles sur la carapace NVP030. Ils ont identifié ces traces comme appartenant à l’ichnotaxon Machichnus bohemicus. Selon eux, Nihilichnus et Machichnus représentent des marques de morsure de crocodylomorphes.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de quatre perforations circulaires sur le plastron NVP002 et plusieurs perforations en forme de cuvette sur trois carapaces (NVP003, NVP004 et NVP005). Ils ont identifié ces traces comme appartenant à l’ichnotaxon Karethraichnus lakkos. Ce type de marques a été causé par des parasites comme les tiques et les sangsues notamment, qui se sont nourri du sang qui irriguait la carapace du vivant de l’animal. A noter que l’une des carapace infectées est l’holotype (NVP005) de Khargachelys caironensis.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de petits sillons sur quatre carapaces (NVP006, NVP019, NVP020 et NVP021). Ils ont identifié ces sillons comme étant produits par l’ichnotaxon Osteocallis mandibulus. Osteocallis correspond à des marques laissées par des insectes nécrophages ou ostéophages lorsqu’ils ont consommé l’os ou les tissus des carapaces des individus morts de Khargachelys.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de nombreux faisceaux courbés sur trois carapaces (NVP019, NVP020 et NVP021). Ils ont identifié ces sillons comme étant produits par l’ichnotaxon Radulichnus inopinatus. Radulichnus correspond à des marques laissées par des coquilles de mollusques qui se sont nourri d’organismes présents sur les carapaces des individus morts de Khargachelys.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de 25 petites perforations sur la carapace NVP022. Ces perforations sont les entrées de terriers en forme de U, qui comportent chacun deux ouvertures. El Hedeny et ses collègues ont identifié ces traces comme appartenant à l’ichnotaxon Osteichnus ossiobontum. Osteichnus correspond à des marques laissées par des larves d’éphémères détritivores.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de nombreux sillons étroits sur trois carapaces (NVP027, NVP028 et NVP029). Ils ont identifié ces sillons comme étant produits par l’ichnotaxon Sulculites bellus. Sulculites est un ichnotaxon énigmatique mais semble avoir été produit par le creusement de cavités par des vers. Les vers producteurs de Sulculites se sont ainsi nourri de l’os des carapaces des individus morts de Khargachelys.
El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de plus de 39 chambres creusées sur 12 carapaces (NVP006, NVP007, NVP008, NVP009, NVP010, NVP011, NVP012, NVP013, NVP014, NVP015, NVP016 et NVP017). Ces chambres ont une ouverture faite avec des perforations ovoïdes ou ellipsoïdes discrètes. El Hedeny et ses collègues ont identifié ces traces comme appartenant à l’ichnotaxon Cubiculum. Cubiculum correspond à des marques causées par le forage de coléoptères dermestidés. Ces dermestidés se nourrissent de l’os de la carapace à la mort des individus de Khargachelys.
Enfin, El Hedeny et ses collègues ont identifié la présence de plusieurs perforations circulaires sur quatre carapaces (NVP023, NVP024, NVP035 et NVP026). Ils ont identifié ces sillons comme étant produits par l’ichnotaxon Osedacoides jurassicus. Osedacoides correspond à des marques laissées par des vers marins Polychètes, qui se sont nourri de l’os des carapaces des individus morts de Khargachelys.
Références : El Hedeny, M.; Mohesn, D.; Tantawy, A.-A.; El-Sabbagh, A.: Abdel Gawad, M.; Abu El-Kheir, G., 2023, Bioerosion traces on the Campanian turtle remains: New data from the lagoonal deposits of the Quseir Formation, Kharga Oasis, Egypt. Palaeontologia Electronica. 26(3): a40.
Abdel Gawad, M.; Pérez-García, A.; Hirayama, R.; Mohesn, S.; Tantawy, A.-A.; Abu El-Kheir, G., 2023, The First Side-Necked Turtle (Pleurodira, Bothremydidae) from the Campanian (Late Cretaceous) of Egypt. Diversity. 15: 284.
Toutes les images proviennent de El Hedeny et al., 2023 à l’exception de la première qui provient d’Abdel Gawad et al., 2023
Dinozoïque : Tratayenia et ses compères 