Nouveau matériel de crocodylomorphe d’Afrique du Sud

Les crocodylomorphes sont un groupe de pseudosuchiens qui comprend les crocodiliens actuels. Ils se caractérisent par une croissance lente, qui contraste avec la croissance rapide des autres membres d’Archosauromorpha. Les récentes analyses ostéohistologiques des crocodylomorphes basaux et des genres proches de ce groupe ont permis de mieux comprendre ce changement de vitesse de croissance. Botha et ses collègues décrivent un nouveau spécimen de crocodylomorphe basal découvert dans le Norien de la formation géologique d’Elliot (Eastern Cape, Afrique du Sud). Ils analysent ainsi son ostéohistologie, et constatent qu’il s’agit d’un taxon à la vitesse de croissance de transition entre les crocodylomorphes basaux et leurs ancêtres.

Photographies d’éléments du spécimen BP/1/8484, référé à Crocodylomorpha indet. par Botha et ses collègues

Le spécimen décrit par Botha et ses collègues comprend les deux tibias et les deux fibulas d’un seul individu (BP/1/8484). La morphologie de BP/1/8484 est similaire aux membres de Loricata, et aux crocodylomorphes basaux. Botha et ses collègues ont réalisé une analyse phylogénétique afin de connaître avec précision son classement. Ils ont placé BP/1/8484 dans une position de membre le plus basal de Crocodylomorpha. Il est toutefois possible qu’il s’agisse d’un Loricata non-crocodylomorphe mais proche de ceux-ci. Pour Botha et ses collègues, BP/1/8484 représente un nouveau taxon, mais des fossiles supplémentaires sont souhaitables pour le baptiser.

Résultats de l’analyse phylogénétique de Botha et ses collègues, classant BP/1/8484 comme un crocodylomorphe basal

Botha et ses collègues ont réalisé une analyse ostéohistologique de BP/1/8484, en étudiant les coupes ostéohistologiques de son fémur gauche et de son tibia gauche. Cette analyse révèle que BP/1/8484 était encore en cours de croissance, mais que celle-ci était en phase de ralentissement. Cela indique que c’était un individu subadulte. Botha et ses collègues distinguent 3 lignes d’arrêt de croissance chez BP/1/8484, ce qui signifie que cet individu était âgé d’au moins 3 ans à sa mort. BP/1/8484 présente une croissance plus ralentie que les membres basaux de Loricata, à l’exception de Prestosuchus. Ce ralentissement de la croissance montre une phase de transition entre la croissance rapide des Loricata basaux et des crocodylomorphes plus dérivés.

Coupe ostéohistologique du tibia gauche de BP/1/8484, montrant notamment ses trois lignes d’arrêt de croissance (E et D : flèches blanches)

Le crocodylomorphe basal BP/1/8484 mesurait environ 4,5 mètres de longueur. Cette taille en fait le plus grand crocodylomorphe basal connu. Selon Botha et ses collègues, sa croissance est ralentie car il s’agit du seul grand prédateur de son environnement, ce qui aurait limité les contraintes pour maintenir une croissance rapide. Il est possible que ce ralentissement ait entamé un processus de diminution de la taille des crocodylomorphes basaux. BP/1/8484 était probablement le prédateur principal de son environnement, et vivait en compagnie de sauropodomorphes, de petits théropodes, d’autres Loricata et de cynodontes.

Référence : Botha, J.; Weiss, B.M.; Dollman, K.; Barrett, P.M.; Benson, R.B.J.; Choiniere, J.N., 2023, Origins of slow growth on the crocodilian stem lineage. Current Biology.

Toutes les images proviennent de Botha et al., 2023

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