Analyse du squelette appendiculaire de Proterochersis

Le squelette appendiculaire des Testudinata basaux est l’un des aspects les moins bien connus de leur morphologie. En effet, malgré de nombreux spécimens connus, très peu d’entre eux ont été décrits en détail. Cela représente une lacune dans notre compréhension de l’évolution des membres des tortues, ainsi que dans l’évolution de leur écologie. Afin de mieux connaître la morphologie appendiculaire des Testudinata basaux, Szczygielski et Piechowski décrivent ainsi le squelette appendiculaire de Proterochersis.

Dessins représentant l’intérieur de la dossière et du plastron de Proterochersis porebensis, montrant les zones d’articulation des éléments appendiculaires

Szczygielski et Piechowski ont analysé 109 éléments appendiculaires de l’espèce Proterochersis porebensis, provenant du Norien de la formation géologique de Grabowa (Silésie, Pologne). Ils appartiennent à des individus juvéniles et adultes. Ils ont comparé ces spécimens à ceux des espèces de Testudinata basaux Odontochelys semitestacea, Palaeochersis talampayensis, Pappochelys rosinae, Proganochelys quenstedtii, Proganochelys sp., Proterochersis robusta, Waluchelys cavitesta et Chinlechelys tenertesta.

Dessins représentant la ceinture scapulaire de Proterochersis porebensis

Szczygielski et Piechowski ont étudié en détail la morphologie de la ceinture scapulaire, du bassin et des membres de Proterochersis porebensis, à l’aide de scans CT. Ils ont ainsi mis en évidence de nombreux caractères morphologiques, tout en étudiant leur évolution au cours de l’ontogénèse. Szczygielski et Piechowski constatent notamment que la taille des os des membres de P. porebensis n’a pas beaucoup augmenté au cours de l’ontogénèse, et que ces os ont plutôt gagné en circonférence et en masse.

Dessins représentant le bassin de Proterochersis porebensis

Szczygielski et Piechowski signalent que Proterochersis porebensis avait l’humérus légèrement plus court que le fémur, tout comme Pappochelys et Proganochelys. Le fait que l’humérus soit plus court que le fémur indique une écologie semi-aquatique ou aquatique d’eau douce. Les autres caractéristiques des éléments appendiculaires de P. porebensis ne permettent pas d’éclairer son écologie car elles peuvent être témoins d’une écologie terrestre comme aquatique selon leur interprétation.

Reconstitution squelettique de la ceinture scapulaire et des membres antérieurs de Proterochersis porebensis

L’écologie de Proterochersis est un sujet de débat depuis de longues années. Le genre a d’abord été considéré comme terrestre fouisseur, avant que de nouvelles études rejettent son comportement fouisseur. Proterochersis a ensuite été considéré comme un genre semi-aquatique d’eau douce ou bien un purement terrestre. Récemment, Szczygielski et Slowiak ont noté en 2022 (voir cet article) que Proterochersis porebensis changeait d’écologie au cours de son ontogénèse. Les jeunes auraient été semi-aquatiques alors que les adultes auraient été terrestres. Les résultats de Szczygielski et Piechowski ne permettent pas de résoudre ce débat, mais donnent des arguments en faveur d’une écologie semi-aquatique pour P. porebensis.

Reconstitution squelettique du bassin et des membres postérieurs de Proterochersis porebensis

Références : Szczygielski, T.; Piechowski, R., 2023, Limb anatomy of the Triassic turtles: appendicular osteology of Proterochersis (Testudinata, Proterochersidae). Zoological Journal of the Linnean Society. zlad057.

Szczygielski, T.; Slowiak, J., 2022, Shell histology of the Triassic turtle, Proterochersis porebensis Szczygielski & Sulej, 2016, provides novel insights about shell ankylosis. Comptes Rendus Palevol. 21(29): 619-679.

Toutes les images proviennent de Szczygielski et Piechowski, 2023

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