Vegavis est un genre d’oiseau vegaviidé connu du le Maastrichtien de la formation géologique de López de Bertodano (Antarctique). Il a été décrit sur la base d’un squelette postcrânien partiel (MLP 93-I-3-1) en 2005 par Clarke et ses collègues, avec V. iaai pour espèce-type. En 2016, Clarke et ses collègues référèrent un second spécimen (MACN-PV 19.748) à V. iaai. MACN-PV 19.748 est un squelette partiel qui préserve quelques éléments crâniens, mais Clarke et ses collègues ne les ont décrits que sommairement. La position phylogénétique des vegaviidés est aujourd’hui encore floue, car seule leur anatomie postcrânienne est bien connue. Álvarez-Herrera et ses collègues décrivent ainsi en détail la mandibule du spécimen MACN-PV 19.748, afin d’obtenir des informations permettant de classer les vegaviidés.

Álvarez-Herrera et ses collègues ont procédé à une description minutieuse de la mandibule de Vegavis. Leurs résultats confirment que les vegaviidés sont bien des Neornithes, ce que certaines études précédentes ont pu mettre en doute. Des affinités avec les Galloanserae avaient été suggérées, mais également rejetées par différentes études. Álvarez-Herrera et ses collègues constatent que la mandibule de Vegavis est similaire à celle des oiseaux Aequorlitornithes et Mirandornithes. Néanmoins, elle est également similaire à celle d’oiseaux plus basaux comme Patagopteryx, Ichthyornis et les Hesperornithiformes. Ils en concluent que la morphologie de la mandibule de Vegavis est plésiomorphe, similaire à celle des Ornithurae basaux.

Vegavis, comme les autres vegaviidés, était un oiseau aquatique. Il présente ainsi de nombreuses adaptations anatomiques en lien avec cette écologie spécialisée. Cette spécialisation a pu entraîner une convergence évolutive avec des clades d’oiseaux actuels comme par exemple les Anseriformes. Les résultats d’Álvarez-Herrera et ses collègues montrent que la morphologie de sa mâchoire était plésiomorphe, ce qui contraste avec son squelette postcrânien spécialisé. Vegavis représente ainsi un oiseau avec une mosaïque de caractères différents, ce qui le rend difficile à classer. Les informations d’Álvarez-Herrera et ses collègues nous en apprennent plus sur sa morphologie, mais ne permettent pas de résoudre son classement.

Références : Álvarez-Herrera, G.P.; Rozadilla, S.; Agnolín, F.L.; Novas, F.E., 2023, Jaw anatomy of Vegavis iaai (Clarke et al., 2005) from the Late Cretaceous Antarctica, and its phylogenetic implications. Geobios.
Clarke, J.A.; Tambussi, C.P.; Noriega, J.I.; Erickson, G.M.; Ketcham, R.A., 2005, Definitive fossil evidence for the extant avian radiation in the Cretaceous. Nature. 433: 305-308.
Clarke, J.A.; Chatterjee, S.; Li, Z.; Riede, T.; Agnolin, F.; Goller, F.; Isasi, M.P.; Martinioni, D.R.; Mussel, F.J.; Novas, F.E., 2016, Fossil evidence of the avian vocal organ from the Mesozoic. Nature. 538: 502-505.
Agnolín, F.L.; Egli, F.B.; Chatterjee, S.; Marsà, J.A.G.; Novas, F.E., 2017, Vegaviidae, a new clade of southern diving birds that survived the K/T boundary. The Science of Nature. 104: 1-9.
Toutes les images proviennent d’Álvarez-Herrera et al., 2023 à l’exception de la dernière qui provient d’Agnolín et al., 2017