En 1974, Bob Salvia et A. Heimlich découvrirent les restes d’un phytosaure dans le Norien-Rhétien de la formation géologique de Blomidon (Nouvelle-Ecosse, Canada). En 1989, Olsen et ses collègues attribuèrent provisoirement le spécimen (YPM VPPU 007920) à Rutiodon sp., sans le décrire en détail. En 2015, Sues et Olsen revinrent sur cette attribution en notant le fait que le spécimen ne partageait aucune caractéristique unique à Rutiodon. Selon eux, il s’agissait d’un phytosaure indéterminé nécessitant une description détaillée. Brownstein décrit ainsi ce spécimen comme l’holotype du nouveau genre Jupijkam (en référence à Jupijkam, un serpent cornu de la mythologie Mi’kmaq, un peuple vivant en Nouvelle-Ecosse), avec J. paleofluvialis pour espèce.

L’holotype (YPM VPPU 007920) de Jupijkam paleofluvialis est un squelette partiel qui se compose d’un museau, d’un ostéoderme et de fragments du squelette postcrânien. Le spécimen a été consolidé avec du plâtre, mais son utilisation n’a pas modifié la forme originale de YPM VPPU 007920.

Brownstein a réalisé une analyse phylogénétique afin de connaître le classement de Jupijkam par rapport aux autres phytosaures. Plusieurs résultats ont été obtenus par cette analyse, mais tous placent Jupijkam au sein des parasuchidés, en tant que Mystriosuchinae non-Leptosuchomorpha. Selon les analyses, Jupijkam se retrouve taxon-soeur de Colossosuchus ou bien membre d’un clade composé de Volcanosuchus et Rutiodon. Malgré sa précédente attribution à Rutiodon, l’analyse de Brownstein démontre clairement que Jupijkam est un genre distinct de mystriosuchiné.

Jupijkam présente un crâne typique des parasuchidés, avec un museau allongé. Son museau était exceptionnellement long, à l’instar de la majorité des mystriosuchinés. Jupijkam présentait une région nasale élevée en forme de bosse, une caractéristique souvent retrouvée chez les phytosaures. Il possédait un petit paranasal, ce qui lui conférait une bosse nasale plus basse que Rutiodon. Les éléments postcrâniens de Jupijkam étant fragmentaires, les détails morphologiques du reste de son squelette restent inconnus.

Jupijkam représente l’un des phytosaures les plus septentrionaux connus, mais aussi l’un des plus jeunes. Il s’agit du seul phytosaure décrit du Canada, et par conséquent une occurrence paléobiogéographique précieuse pour reconstruire l’évolution des phytosaures. Jupijkam était un animal semi-aquatique, comme la majorité des autres parasuchidés. C’était un prédateur chassant en embuscade au fond de l’eau, se nourrissant principalement de poissons et de petits vertébrés. Jupijkam vivait en compagnie de procolophonidés, de rhynchosaures, de pseudosuchiens et de théropodes.
Références : Brownstein, C.D., 2023, A late-surviving phytosaur from the northern Atlantic rift reveals climate constraints on Triassic reptile biogeography. BMC Ecology and Evolution. 23: 33.
Olsen, P.E.; Schlische, R.W.; Gore, P.J.W., 1989, Tectonic, depositional, and paleoecological history of early Mesozoic rift basins, eastern North America. In: 28th International Geological Congress, Field Trip Guidebook, vol. 351.
Sues, H.D.; Olsen, P.E., 2015, Stratigraphic and temporal context and faunal diversity of Permian-Jurassic continental tetrapod assemblages from the Fundy rift basin, eastern Canada. Atlantic Geology. 51: 139–205.
Toutes les images proviennent de Brownstein, 2023