En 2010, des fouilles dans la carrière de Schaudiberg (Bayern, Allemagne) mirent au jour le squelette partiel d’un ptérosaure. Cette carrière se trouve dans la formation géologique de Mörnsheim, qui date du Tithonien. Le fossile a été préparé pendant plusieurs années et un moulage en a été fait. Hone et ses collègues décrivent ainsi ce squelette comme l’holotype du nouveau genre Petrodactyle (« doigt de pierre »), avec P. wellnhoferi pour espèce.

L’holotype (LF 2809) de Petrodactyle wellnhoferi est un squelette partiel qui comprend le crâne, 7 vertèbres cervicales et 12 dorsales, le sacrum, la ceinture scapulaire, le bassin partiel, de nombreuses côtes et gastralias, les deux ailes et un membre postérieur. Les éléments de LF 2809 sont désarticulés mais majoritairement bien conservés, parfois en trois dimensions. Toutefois, certaines parties sont très mal conservées et ne sont présentes que sous la forme d’une rugosité indistincte d’os et de minéraux. LF 2809 est un individu subadulte qui aurait été sur le point d’atteindre l’âge adulte.

Petrodactyle représente sans aucun doute un membre de Ctenochasmatoidea. Hone et ses collègues n’ont pas effectué d’analyse phylogénétique car actuellement, la classification des genres au sein de ce groupe est très controversée. Les phylogénies récentes ont toutes récupéré des arrangements différents entre les genres de ctenochasmatoidés. Sur la base de comparaisons morphologiques, Hone et ses collègues classent Petrodactyle chez les gallodactylidés. Ils notent toutefois que des études suivantes montreront peut-être que Petrodactyle est simplement proche de Gallodactylidae, sans en faire partie.

Petrodactyle se caractérise par un crâne allongé, avec les mâchoires légèrement recourbées, et qui arborait une crête prémaxillaire. Sa crête osseuse est particulièrement grande pour un ctenochasmatoidé, et était probablement prolongée d’une crête charnue de tissus mous. Elle présente des stries orientées vers l’avant, ce qui se retrouve sur les crêtes d’autres ptérosaures comme par exemple Hamipterus. Le point le plus antérieur de la crête présente une dépression notable, qui aurait pu servir de point d’ancrage aux tissus mous de la crête charnue. Comme les crêtes des autres ptérosaures, la crête prémaxillaire de Petrodactyle aurait eu un rôle principal de communication intraspécifique.

L’une des autres particularités de Petrodactyle est sa crête frontopariétale, qui est similaire à celle observée chez Cycnorhamphus et Gallodactylus. Cette crête ne joue pas un rôle d’ornement, et est plutôt fonctionnellement importante. Elle ancrait des muscles de la mâchoire plus gros que d’habitude, ce qui aurait donné à Petrodactyle la capacité d’avoir une morsure relativement forte, même au bout des mâchoires. Ainsi, malgré ses mâchoires allongées et courbées, Petrodactyle était doté d’une morsure puissante.

Les dents de Petrodactyle sont relativement petites, coniques et légèrement courbées. Les pointes de plusieurs dents présentent des traces d’usure, montrant que l’émail est assez épais. Petrodactyle n’a pas les dents serrées, nombreuses et allongées des genres de ctenochasmatoidés filtreurs. Il a plutôt des dents largement espacées, courtes et beaucoup moins nombreuses. L’usure des dents de Petrodactyle ainsi que sa morsure puissante indiquent qu’il se nourrissait de petites proies assez dures. Il chassait probablement des crustacés, des petits poissons et des tétrapodes de petite taille.

Hone et ses collègues ont cherché à déterminer si Petrodactyle était bien un genre distinct de ceux déjà connus du jurassique supérieur allemand. Leurs comparaisons ont bien confirmé que Petrodactyle est unique. Dans leur processus de comparaison, ils ont notamment analysé la proportion des éléments des membres de Petrodactyle. Cette analyse a révélé que ses membres postérieurs étaient particulièrement allongés. Hone et ses collègues en déduisent que Petrodactyle aurait été compétent sur le plan terrestre, et qu’il aurait pu être un échassier compte tenu de ses longues pattes.

L’holotype de Petrodactyle aurait mesuré environ 2,1 mètres d’envergure, mais était un subadulte. Un Petrodactyle adulte aurait pu avoir une envergure de taille bien plus grande, faisant de ce genre l’un des plus grands connus du jurassique supérieur d’Allemagne. Petrodactyle était un échassier qui chassait ses proies sur les plages, dans un archipel d’îles entourées d’une mer aux eaux relativement calmes. Il cohabitait avec des tortues, des crocodylomorphes thalattosuchiens, des sphenodontiens, des oiseaux et d’autres ptérosaures.

Référence : Hone, D.W.E.; Lauer, R.; Lauer, B.; Spindler, F., 2023, Petrodactyle wellnhoferi gen. et sp. nov.: A new and large ctenochasmatid pterosaur from the Late Jurassic of Germany. Palaeontologia Electronica. 26(2): a25.
Toutes les images proviennent de Hone et al., 2023