Les mines de phosphate dans le bassin d’Ouled Abdoun sont un site extrêmement fossilifère, livrant de nombreux spécimens nouveaux pour la science. Récemment, un fragment de mâchoire de mosasaure y fut découvert, dans le Maastrichtien de la formation géologique de la Couche III (Béni Mellal-Khénifra, Maroc). Longrich et ses collègues décrivent ainsi ce spécimen comme l’holotype du nouveau genre Stelladens (« dent en étoile »), avec S. mysteriosus pour espèce-type.

L’holotype (MHNM.KHG.1436) de Stelladens mysteriosus est un dentaire gauche partiel avec deux dents associées. Le dentaire est particulièrement abîmé, suggérant une longue phase d’exposition sur le fond marin avant son enfouissement. De plus, une concrétion calcaire s’est formée sur sa surface. MHNM.KHG.1436 est trop incomplet pour l’inclure dans une analyse phylogénétique, et le classement de Stelladens a été réalisé sur la base de comparaisons morphologiques. Longrich et ses collègues ont proposé de le classer comme un mosasauridé mosasauriné, car ses dents sont plus similaires à celles des Mosasaurinae qu’à celles des autres sous-familles de Mosasauridae.

Longrich et ses collègues notent que l’holotype de S. mysteriosus est très fragmentaire, et que l’espèce a pu être diagnostiquée uniquement sur la base des caractères inhabituels des dents. En effet, Stelladens se caractérise par une morphologie dentaire unique parmi les tétrapodes, avec des couronnes dentaires courtes et triangulaires portant une série de crêtes fortes, élaborées et dentelées sur la surface linguale. Cette morphologie très atypique nous révèle ainsi la très grande diversité morphologique des mosasaures, déjà connus pour des genres aux dentitions uniques, avec par exemple Xenodens.

La dentition spécialisée de Stelladens suggère une alimentation particulière ou bien un mode d’alimentation spécifique. Le manque d’analogues actuels à cette morphologie dentaire rend difficile la déduction de sa fonction. Les dents de Stelladens ont pu servir à capturer des poissons ou des céphalopodes, mais elles semblent un peu courtes. Longrich et ses collègues supposent que les crêtes sur les dents ont pu fonctionner pour fracturer des carapaces de crustacés et des coquilles minces d’ammonites. L’usure dentaire de l’holotype suggère que les proies de Stelladens n’étaient pas exclusivement à corps mou.

Sur la base de son holotype, Longrich et ses collègues supposent que Stelladens avait un crâne d’environ 80 centimètres de long. En supposant des proportions corporelles typiques des mosasaurinés, Stelladens aurait ainsi mesuré environ 5 mètres de longueur. C’était ainsi un prédateur spécialisé dans la chasse de proies aux carapaces et coquilles assez fines, se nourrissant occasionnellement de proies au corps mou. Stelladens vivait dans une mer aux eaux chaudes, en compagnie de nombreux autres mosasaures, de serpents et varans marins, de tortues, de ptérosaures et du plésiosaure elasmosauridé Zarafasaura.
Référence : Longrich, N.R.; Jalil, N.-E.; Pereda-Suberbiola, X.; Bardet, N., 2023, Stelladens mysteriosus: A Strange New Mosasaurid (Squamata) from the Maastrichtian (Late Cretaceous) of Morocco. Fossils. 1: 2-14.
Toutes les images proviennent de Longrich et al., 2023