Nouveau matériel pathologique de sauropodes d’Argentine

Les pathologies observables sur les os fossiles sont de bons moyens de connaître le comportement de leurs propriétaires. Leur analyse permet de déceler des indices de combats intraspécifiques, de mode d’alimentation… Les pathologies des sauropodes sont relativement bien étudiées, notamment chez les sauropodes titanosaures. Les pathologies des vertèbres caudales sont parmi les plus fréquentes car la queue est l’une des parties du corps les plus exposées au cours de la vie des sauropodes. Cruzado-Caballero et ses collègues décrivent deux nouveaux spécimens de sauropodes titanosaures, présentant chacun une pathologie.

Photographies de la vertèbre MAU-Pv-LJ-472/1, référée à Titanosauria indet. par Cruzado-Caballero et ses collègues

Les spécimens étudiés par Cruzado-Caballero et ses collègues sont deux vertèbres caudales isolées (MAU-Pv-LI-601 et MAU-Pv-LJ-472/1). MAU-Pv-LI-601 provient du Santonien de la formation géologique de Bajo de la Carpa (Neuquén, Argentine) tandis que MAU-Pv-LJ-472/1 provient du Coniacien de la formation géologique de Sierra Barrosa (Neuquén, Argentine). Ces deux vertèbres ont une morphologie qui les attribue clairement à Titanosauria, mais une identification plus précise n’est pas possible. Cruzado-Caballero et ses collègues les réfèrent donc à Titanosauria indet.

Photographies de la vertèbre MAU-Pv-LI-601, référée à Titanosauria indet. par Cruzado-Caballero et ses collègues

MAU-Pv-LI-601 et MAU-Pv-LJ-472/1 présentent toutes deux des signes indiquant la présence d’une pathologie. Elles montrent toutes deux des signes d’une réaction périostée, c’est-à-dire une sur-ossification de l’os, causée par une pathologie. Les deux vertèbres présentent également des zones à la structure rugueuse et perforée, qui témoigne d’une possible infection. En plus de cela, MAU-Pv-LI-601 est atteinte d’une ankylose au niveau du chevron. Pour avoir une meilleure idée des pathologies atteignant MAU-Pv-LI-601 et MAU-Pv-LJ-472/1, Cruzado-Caballero et ses collègues les ont passées au scanner CT. Ces scans CT confirment leurs observations externes et permettent de constater l’absence de fractures sur ces deux vertèbres.

Modèle 3D et scans CT de la vertèbre MAU-Pv-LI-601, montrant les signes d’une spondylarthropathie (flèche blanche)

A partir de ces observations, Cruzado-Caballero et ses collègues ont pu donner un diagnostic des pathologies atteignant MAU-Pv-LI-601 et MAU-Pv-LJ-472/1. Selon eux, la vertèbre MAU-Pv-LI-601 est atteinte d’une spondylarthropathie. Ce terme désigne un ensemble de rhumatismes inflammatoires, c’est-à-dire des pathologies articulaires. Le peu de données disponibles ne permet pas de préciser quel type de spondylarthropathie affectait MAU-Pv-LI-601. Cette pathologie n’a pas causé de douleur au spécimen, et n’a pas non plus atteint sa mobilité.

Modèle 3D et scans CT de la vertèbre MAU-Pv-LJ-472/1, montrant les signes d’une infection de type ostéomyélite (flèche rouge)

Cruzado-Caballero et ses collègues déclarent que la vertèbre MAU-Pv-LJ-472/1 était atteinte d’une infection pyogène, c’est-à-dire productrice de pus. Ils affirment que cette infection était très probablement une ostéomyélite, causée par des microorganismes suite à l’infection d’une plaie aux tissus mous de la queue. Cette pathologie a pu être douloureuse, et restreindre la mobilité de la partie postérieure de la queue de MAU-Pv-LJ-472/1.

Référence : Cruzado-Caballero, P.; Filippi, L.S.; González-Dionis, J.; Canudo, J.I., 2023, How Common Are Lesions on the Tails of Sauropods? Two New Pathologies in Titanosaurs from the Late Cretaceous of Argentine Patagonia. Diversity. 15(3): 464.

Toutes les images proviennent de Cruzado-Caballero et al., 2023

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