Araripemys est une tortue araripemydidé connue de sédiments formés par des lagons au cours de l’Aptien-Albien. Araripemys est de loin la tortue la plus courante parmi toutes les tortues du crétacé inférieur du bassin d’Araripe du Brésil. Une grande quantité de spécimens sont connus des formations géologiques de Crato, Romualdo et Itapecuru. Lors de sa description en 1973, Price considéra Araripemys comme une tortue vivant près de la mer, sur les côtes ou dans des marécages. Lors de la redescription du genre en 1991, Maisey le considéra plutôt comme une tortue aquatique très hydrodynamique. Malgré de nombreux spécimens connus, l’écologie d’Araripemys n’est toujours pas claire. Pour cette raison, Batista et ses collègues cherchent ainsi à déterminer l’environnement dans lequel vivait Araripemys.

Batista et ses collègues analysent ainsi l’environnement de dépôt des différents spécimens d’Araripemys. Ils notent que la formation géologique de Romualdo correspond à un environnement marin côtier avec des lagons, et que la formation géologique de Crato correspond à un environnement tantôt marin tantôt terrestre avec des lacs. Batista et ses collègues considèrent que la formation géologique d’Itapecuru correspond à un environnement fluvial à estuarien. Ils ont ensuite analysé en détail la morphologie de quatre spécimens d’Araripemys (UFRJ DG-37-R, UFRJ DG-74-R, UFRJ DG-675-R et UFRJ DG-693-R). UFRJ DG-37-R et UFRJ DG-74-R proviennent de la formation géologique d’Itapecuru tandis que UFRJ DG-675-R et UFRJ DG-693-R du bassin d’Araripe (formations géologiques de Crato et Romualdo)

Batista et ses collègues ont analysé la taphonomie des différents spécimens d’Araripemys, afin de déterminer si ils se sont déposés directement dans les sédiments, ou s’ils ont été transportés post-mortem. Ils constatent que dans les formations géologiques de Crato et Romualdo, les spécimens sont pour la plupart articulés, suggérant qu’ils se sont fossilisés sur le lieu de leur mort. En revanche, les spécimens d’Araripemys de la formation géologique d’Itapecuru sont pour la plupart fragmentaires et désarticulés, ce qui suggère leur transport post-mortem.

Araripemys fait partie du clade des Pelomedusoides, qui est un groupe de tortues presque exclusivement d’eau douce, avec seulement quelques espèces de Bairdemys vivant dans un milieu marin. La microstructure osseuse d’Araripemys est très similaire à celle des animaux terrestres, et ne concorde pas avec l’environnement de dépôt de ses spécimens. Les foraminifères retrouvés dans les mêmes sédiments qu’Araripemys suggèrent que ce genre vivait plutôt près des côtes, au niveau des estuaires par exemple. Toutefois, Batista et ses collègues ont également étudié la morphologie d’Araripemys pour confirmer cette hypothèse. Ils ont notamment réalisé une analyse morphospaciale qui a placé Araripemys au niveau des tortues aquatiques vivant en eau assez profonde.

Batista et ses collègues notent la présence d’une fenêtre costopériphérique chez Araripemys, c’est-à-dire une fenêtre formée dans sa carapace par une ossification partielle entre les plaques costales et les plaques périphériques. Ce type de fenêtre se forme chez différents genres de tortues, afin d’augmenter leur mobilité dans l’eau. Cela leur permet de s’alléger mais également de plonger et remonter dans l’eau beaucoup plus vite, une adaptation typique de tortues vivant en eau profonde. En plus de cette fenêtre, Araripemys possède différentes adaptations au niveau du plastron, qui augmentent fortement son hydrodynamisme. Batista et ses collègues notent que les membres d’Araripemys étaient incapables de permettre la marche, mais étaient beaucoup mieux adaptés pour fonctionner comme des pagaies. Cela suggère qu’Araripemys devait passer le plus clair de son temps dans l’eau.

Batista et ses collègues en concluent qu’Araripemys était une tortue capable de supporter différents taux de salinité, vivant dans des environnements aquatiques variés. Le genre pouvait vivre dans des eaux de profondeur variable, mais était plus adapté à des environnements à grande hauteur d’eau. En effet, Araripemys devait se plaire dans des lieux où aller sur terre était inutile. Araripemys vivait ainsi dans des fleuves, des estuaires, des lagons ou encore dans la mer épicontinentale qui recouvrait la partie nord du Brésil à la fin du crétacé inférieur. Le fait qu’Araripemys était très bien adapté à la vie dans cette mer a également pu favoriser sa large répartition paléogéographique.
Références : Batista, D.L.; de Souza Carvalho, I.; de la Fuente, M.S., 2023, Araripemys barretoi: Paleoecological analysis of a pelomedusoid Chelonia from the Lower Cretaceous of Araripe and Parnaíba basins, Brazil. Cretaceous Research. 105503.
Price, L., 1973, Quelônio amphichelydia no Cretáceo inferior do nordeste do Brasil. Revista Brasileira de Geociências. 3: 84-96.
Maisey, J. G., 1991, Santana fossils: an illustrated atlas. Neptune: TFH Publications Incorporated. 455p.
Toutes les images proviennent de Batista et al., 2023