Evolution de l’amplitude de mouvement des mains des théropodes

Lors de la description d’un nouveau spécimen de troodontidé (SDUST-V1042) de la formation géologique de Yixian (traitée dans cet article), Yu et ses collègues en ont également exploité sa superbe conservation de pour étudier la morphologie fonctionnelle de la main des troodontidés. Ils ont ainsi étudié l’amplitude de mouvement des phalanges de SDUST-V1042, c’est-à-dire les capacités de déplacement des phalanges au niveau de leurs articulations. Cela comprend les angles de flexion ainsi que les capacités d’extension des phalanges. Yu et ses collègues ont ensuite comparé ces données avec celles d’autres théropodes de plusieurs clades différents.

Analyse de l’amplitude de mouvement des phalanges de SDUST-V1042, étudiant les angles de flexion ainsi que les capacités d’extension des phalanges

Ils ont remarqué que la condition ancestrale d’amplitude de mouvement des théropodes était une hypertension phalangienne, qui s’observe jusqu’aux Maniraptoriformes. Chez les Maniraptoriformes, Yu et ses collègues remarquent une diminution de cette hypertension, ce qui se traduit par des capacités d’extension des phalanges plus faibles, mais notent également une augmentation des capacités de flexion des phalanges. Selon Yu et ses collègues, ce changement morphologique des phalanges des théropodes peut s’expliquer par un changement fonctionnel. En effet, les théropodes plus basaux ont pu se servir de leurs mains à des fins de prédation, l’hyperextension pouvant jouer un rôle particulier pour tuer leurs proies. L’extension des phalanges a pu être un facteur déterminant pour améliorer l’efficacité des griffes pour blesser la proie, mais une étude biomécanique est nécessaire pour en savoir plus sur ce rôle.

Arbre phylogénétique des théropodes, montrant l’évolution de l’amplitude de mouvement des phalanges des mains des théropodes, avec une forte diminution de l’hyperphalangie au sein des Maniraptoriformes

Chez les Maniraptoriformes, la perte d’hyperextension et l’augmentation de la flexion peuvent s’expliquer par une fonction de préhension. En effet, cette combinaison de caractéristiques phalangiennes s’observe également chez les primates qui emploient leurs mains pour saisir. Les Maniraptoriformes comme les dromaeosauridés ou les troodontidés ont ainsi pu se servir de leurs mains pour saisir leurs proies avant de les achever avec leurs dents ou les griffes de leurs pieds. Les Maniraptoriformes comme les ornithomimosaures ou les oviraptorosaures ont pu se servir de leurs mains pour saisir des proies mais aussi de la végétation.

Référence : Yu, D.; Pei, R.; Yin, Y.-L.; Zhou, C.-F., 2022, The morphology and function of the manual digits of a troodontid from the Yixian Formation of western Liaoning, China. Historical Biology.

Toutes les images proviennent de Yu et al., 2022

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