Europasaurus est un sauropode brachiosauridé connu de plusieurs spécimens aux stades ontogéniques variés, provenant du Kimméridgien de la formation géologique de Süntel (Niedersachsen, Allemagne). Europasaurus, dont l’espèce type est E. holgeri, est par ailleurs sujet au nanisme insulaire, avec une taille adulte ne dépassant pas les 6 mètres de longueur. Malgré le fait que le genre soit très bien connu, notamment par des crânes bien préservés, son écologie reste encore obscure. Schade et ses collègues étudient ainsi la neuroanatomie d’Europasaurus afin de mieux connaître ses sens et ainsi en déduire son écologie.

Pour analyser la neuroanatomie d’Europasaurus, Schade et ses collègues ont réalisé le scan 3D de l’endocrâne d’une boîte crânienne d’un individu adulte (le spécimen paratype DFMMh/FV 581.1, 581.2 et 581.3). L’étude de l’endocrâne permet ainsi de connaître les caractéristiques neuroanatomiques de l’animal telles que la morphologie du cerveau ou de l’oreille interne. D’autres spécimens moins complets ont également été analysés pour étudier la neuroanatomie de différents stades ontogéniques d’Europasaurus.

Le cerveau d’Europasaurus est similaire à celui de ses proches parents comme Giraffatitan, ce qui signifie que son nanisme n’a pas affecté ses principales caractéristiques neuroanatomiques. L’analyse du cerveau des juvéniles d’Europasaurus montre que leurs capacités motrices étaient déjà très bien développées. Schade et ses collègues interprètent cette caractéristiques comme le signe que les juvéniles étaient livrés à eux mêmes dès la naissance, leurs parents ne pouvant s’occuper d’eux du fait de l’écart de taille trop grand. Ils notent également le fait que le cerveau d’Europasaurus n’est pas globalement pas modifié au cours de l’ontogénèse.

L’analyse de l’oreille interne d’Europasaurus a permis à Schade et ses collègues d’estimer sa fréquence d’audition moyenne à 2225 Hertz. Ils évaluent ses capacités d’audition comme étant comprises entre 374 et 4076 Hertz. Cette palette de fréquence est particulièrement large pour un dinosaure et suggère donc qu’Europasaurus produisait des sons complexes dans cette gamme de fréquences. Une vocalisation complexe, combinée à des preuves fossiles de grégarité chez les sauropodes, suggèrent qu’Europasaurus vivait en groupes. Il est toutefois improbable qu’Europasaurus ait produit des sons dans toutes ces fréquences, et que son audition à large fréquence lui aie servi à entendre des sons dans un environnement acoustiquement encombré. Schade et ses collègues en concluent qu’Europasaurus vivait en groupes dans un environnement insulaire particulièrement boisé.
Référence : Schade, M.; Knötschke, N.; Hörnig, M.K.; Paetzel, C.; Stumpf, S., 2022, Neurovascular anatomy of dwarf dinosaur implies precociality in sauropods. eLife. 11: e82190.
Marpmann, J.S.; Carballido, J.L.; Sander, M.P.; Knötschke, N., 2014, Cranial anatomy of the late jurassic dwarf sauropod Europasaurus holgeri (Dinosauria, Camarasauromorpha): ontogenetic changes and size dimorphism. Journal of Systematic Palaeontology. 1: 875074.
Toutes les images proviennent de Schade et al., 2022 à l’exception de la première qui provient de Marpmann et al., 2014