En 2008, une expédition paléontologique met au jour le squelette partiel d’un petit théropode dans le Campanien de la formation géologique de Barun Goyot (Ömnögovi, Mongolie). Lee et ses collègues décrivent ainsi ce squelette partiel comme l’holotype (MPC-D 102/114) du nouveau genre Natovenator (« chasseur nageur ») avec N. polydontus pour espèce.

L’holotype (MPC-D 102/114) de Natovenator polydontus est un squelette en partie désarticulé qui se compose du crâne presque complet, de nombreuses vertèbres cervicales, dorsales, sacrales et caudales, de côtes dorsales, de chevrons, des ceintures pectorales et pelviennes partielles et des membres partiels.

L’analyse phylogénétique de Lee et ses collègues a classé Natovenator au sein des dromaeosauridés, dans la sous-famille des halszkaraptorinés, dans une position dérivée en polytomie avec Mahakala et Hulsanpes. Il représente un second genre bien connu de cette sous-famille, permettant de confirmer les hypothèses fonctionnelles émises sur ce groupe.

Selon Lee et ses collègues, le cou de Natovenator est proportionnellement plus long que chez la plupart des théropodes mais demeure plus court que celui d’Halszkaraptor. Ses vertèbres présentent une morphologie similaire à celle d’Halszkaraptor, et témoigne d’adaptations à un mode de vie semi-aquatique. La cage thoracique de Natovenator est également révélatrice de cette écologie mais représente aussi la première connue pour les halszkaraptorinés. En effet, la disposition des côtes dorsales de Natovenator est bien différente de celle des autres théropodes et se rapproche beaucoup plus de celle des oiseaux plongeurs.

Tout comme chez Halszkaraptor, le prémaxillaire de Natovenator présentait de nombreux foramens, témoins de la présence d’un système neurovasculaire complexe avec potentiellement des neurones sensoriels pour détecter les mouvements. Ce système de détection aurait pu aider Natovenator lors de la recherche de proies sous l’eau. Ses narines sont également placées en arrière du museau et dans une position dorsale, comme chez Halszkaraptor, et peuvent être une autre adaptation à un mode de vie semi-aquatique.

Natovenator possède une dentition hétérodonte avec des dents prémaxillaires différentes des autres dents. Il possède de nombreuses dents au remplacement assez lent qui lui aurait permis de toujours avoir des dents de grande taille. Cette adaptation combinée à la forme effilée des dents semble être spécialisée pour la chasse de poissons ou d’invertébrés.

Natovenator était ainsi un prédateur semi-aquatique de poissons, mollusques et autres invertébrés d’eau douce, chassant en immergeant son cou dans l’eau à la manière d’un cygne. Il est possible qu’il ait nagé dans l’eau de manière active mais une analyse biomécanique reste à réaliser pour le prouver. Au vu de la taille des fossiles de l’holotype, Natovenator était une petite espèce, mesurant environ 50 centimètres de longueur. Natovenator vivait dans des points d’eau et des cours d’eau parmi un environnement aride avec de nombreuses dunes. Il cohabitait avec des squamates, des crocodylomorphes, des ankylosaures, des cératopsiens, des sauropodes, des pachycephalosaures, des alvarezsauridés, d’autres dromaeosauridés, des oviraptorosaures et des oiseaux.
Référence : Lee, S.; Lee, Y.-N.; Currie, P.J.; Sissons, R.; Park, J.-Y.; Kim, S.-H.; Barsbold, R.; Tsogtbaatar, K., 2022, A non-avian dinosaur with a streamlined body exhibits potential adaptations for swimming. Communications Biology. 5: 1185.
Toutes les images proviennent de Lee et al., 2022