Daspletosaurus est un genre de théropode tyrannosauridé décrit en 1970 par Russell pour un squelette partiel du Campanien (~ 77 MA) de la formation géologique d’Oldman (Alberta, Canada). L’espèce type est D. torosus et est connue de nombreux spécimens du Campanien du nord de Laramidia. Une grande quantité de ces fossiles a été attribuée à D. torosus sans analyse détaillée tandis que d’autres restes ont tout simplement été appelés Daspletosaurus sp. Des études ont parfois mentionné la possibilité de l’existence de plusieurs espèces de Daspletosaurus et en 2017, Carr et ses collègues nommaient D. horneri du Campanien (~ 75 MA) de la formation géologique de Two Medicine (Montana, USA). Warshaw et Fowler décrivent ainsi une troisième espèce de Daspletosaurus : D. wilsoni.

L’holotype (BDM 107) de Daspletosaurus wilsoni est un squelette partiellement désarticulé, composé du crâne partiel, de plusieurs séries de vertèbres cervicales, sacrales et caudales, d’une côte, d’un chevron et d’un métatarsien I. Ce spécimen a été découvert par John Wilson en 2017, dans le Campanien (~ 76 MA) de la formation géologique de Judith River (Montana, USA). Selon Warshaw et Fowler, BDM 107 représente un individu adulte, en se basant sur sa grande taille et sur plusieurs caractéristiques typiques d’un tyrannosauriné adulte.

L’analyse phylogénétique réalisée par Warshaw et Fowler a classé D. wilsoni au sein de Tyrannosauridae, comme un tyrannosauriné plus dérivé que D. torosus mais plus basal que D. horneri. Ces résultats font donc de Daspletosaurus un genre paraphylétique, et chacune des trois espèces du genre pourraient représenter un genre distinct. Warshaw et Fowler ont attribué D. wilsoni à Daspletosaurus pour faciliter sa comparaison et en l’attente d’une étude détaillée sur le sujet. Warshaw et Fowler remarquent également des similitudes entre D. wilsoni et le taxon sans nom de tyrannosauriné de Dinosaur Park. Une étude de ce taxon de Dinosaur Park est néanmoins nécessaire pour confirmer sa similitude avec D. wilsoni.

Carr et ses collègues avaient déjà suggéré une anagenèse entre D. torosus et D. horneri, sur la base de leurs relations phylogénétiques étroites, de leur répartition géographique similaire, de l’absence de chevauchement stratigraphique entre eux et de leur morphologie semblant évoluer de l’un vers l’autre. L’anagenèse est un processus de transformation d’une espèce au fil du temps, aboutissant à la création d’une nouvelle espèce sans ramification. Ainsi une espèce ancestrale (ici D. torosus) donne naissance à une espèce descendante (ici D. horneri) par transformation morphologique. Warshaw et Fowler appuient cette hypothèse d’anagenèse au sein des espèces de Daspletosaurus, considérant que D. wilsoni représente une espèce intermédiaire entre D. torosus et D. horneri. Cette évolution par anagenèse expliquerait par ailleurs le fait que Daspletosaurus soit retrouvé paraphylétique par leur analyse.

Daspletosaurus wilsoni était un grand prédateur de 9 mètres de longueur, probablement le prédateur apex de son écosystème. Il vivait dans un environnement de plaines boisées en compagnie de squamates, de tortues, de crocodylomorphes, de choristodères, d’oiseaux, de cératopsiens, d’hadrosaures, d’autres tyrannosauridés, de dromaeosauridés, de troodontidés, d’ankylosaures et de pachycephalosaures.

Références : Warshaw, E.A.; Fowler, D.W., 2022, A transitional species of Daspletosaurus Russell, 1970 from the Judith River Formation of eastern Montana. PeerJ. 10: e14461.
Russell, D.A., 1970, Tyrannosaurs from the Late Cretaceous of western Canada. Ottawa: National Museum of Natural Sciences, Publications in Palaeontology, No. 1.
Carr, T.D.; Varricchio, D.J.; Sedlmayr, J.C.; Roberts, E.M.; Moore, J.R., 2017, A new tyrannosaur with evidence for anagenesis and crocodile-like facial sensory system. Scientific Reports. 7(1): 1-11.
Toutes les images proviennent de Warshaw et Fowler, 2022 à l’exception de la dernière qui est une œuvre de Rudolf Hima
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