Les restes d’une carapace de tortue furent découverts dans le Turonien de la formation géologique de Moreno Hill (Nouveau-Mexique, USA). Le spécimen, composé d’une dossière partielle et de son plastron partiel (MSM P16032), a ainsi été décrit par Adrian et ses collègues sous le nom d’Edowa (« tortue » en langue Zuni) avec E. zuniensis pour espèce. L’holotype est assez complet mais Adrian et ses collègues n’ont pas pu déterminer son stade ontogénique.

L’analyse phylogénétique d’Adrian et ses collègues a classé Edowa chez les baenidés, en tant que taxon-soeur de Plesiobaena au sein de Baenodda. Ce petit clade formé entre ces deux genres à la base de Baenodda a été informellement nommé « Plesiobaena-grade » par Adrian et ses collègues.

Le plastron de l’holotype (MSM P16032) d’E. zuniensis présente une perforation circulaire qu’Adrian et ses collègues interprètent comme la marque d’une dent de crocodylomorphe. Ils n’ont pas pu déterminer si cette marque a été réalisée pendant la vie de l’holotype ou après sa mort et donc si celle-ci est une marque de prédation ou de charognage. La petite taille de cette perforation indique que le crocodylomorphe qui en est l’auteur était relativement petit. Aucun des fossiles de crocodylomorphe de la formation géologique de Moreno Hill n’a été référé à une espèce en particulier, donc l’identité de l’auteur de la marque sur MSM P16032 reste floue.

Des marques d’un ectoparasite présentes sur l’holotype (MSM P16032) d’Edowa zuniensis ont été identifiées par Adrian et ses collègues comme étant l’ichnotaxon (taxon décrit à partir de traces) Karethraichnus lakkos . Ce type de marques est courant chez les tortues fossiles du crétacé et du début du Cénozoïque et correspondent à des marques de différents parasites comprenant les tiques et les sangsues notamment. Ces parasites se nourrissent du sang qui irrigue la carapace des tortues modernes, particulièrement aux jointures des écailles. Les marques sur l’holotype d’Edowa sont les plus vieilles traces de Karethraichnus connues à ce jour.

Des marques parallèles ont également été identifiées sur l’holotype (MSM P16032) d’E. zuniensis par Adrian et ses collègues. Ces marques ovoïdes et assez profondes ont été attribuées à l’ichnotaxon Nihilichnus nihilichnus, dont l’auteur est considéré comme indéterminé par Adrian et ses collègues. D’autres études ont identifié Nihilichnus comme étant produit par des morsures de crocodylomorphes. Enfin, des marques en anneaux à la profondeur légère ont été identifiées par Adrian et ses collègues comme appartenant à l’ichnotaxon Thatchtelithichnus holmani. Tout comme Karethraichnus, les marques Thatchtelithichnus ont probablement été réalisées par des tiques ou des sangsues.

La texture de la carapace d’Edowa est particulièrement différente de celle des autres baenidés du crétacé : elle est lisse et ne présente pas de bosses ni de crénelures. La description d’Edowa permet de combler un vide évolutif chez les baenidés, entre le Cénomanien et le Santonien, car jusque là aucun baenidé n’était connu du Turonien. C’était une petite tortue carnivore d’eau douce d’environ 40 centimètres de longueur, vivant dans les cours d’eau. Edowa vivait en compagnie d’autres tortues, de crocodylomorphes, d’ankylosaures, de l’ornithopode Jeyawati, du cératopsien Zuniceratops, du therizinosauridé Nothronychus et du tyrannosauroidé Suskityrannus.
Référence : Adrian, B.; Smith, H.F.; Kelley, K.; Wolfe, D.G., 2022, A new baenid, Edowa zuniensis gen. et sp. nov., and other fossil turtles from the Upper Cretaceous Moreno Hill Formation (Turonian), New Mexico, USA. Cretaceous Research. 105422.
Toutes les images proviennent d’Adrian et al., 2022
Un avis sur « Nouvelle tortue : Edowa »