Connaître quelle est la morphologie cérébrale ancestrale chez les archosaures est assez difficile car les hypothèses penchaient jusque là pour un cerveau de type crocodilien mais ces dernier sont des animaux semi-aquatiques spécialisés. Leur cerveau a pu ainsi subir des modifications suite à ce mode de vie. Ces doutes sur le caractère ancestral du cerveau des crocodiles sont supportés par l’anatomie du cerveau des archosauromorphes basaux qui ressemble plus à celle des lepidosaures. Pour tenter de connaître la condition ancestrale du cerveau des archosaures, Fabbri et Bhullar étudient ainsi la neuroanatomie d’Euparkeria, un genre d’archosauriforme basal proche des archosaures à l’écologie terrestre sans grande spécialisation.
Pour étudier la neuroanatomie d’Euparkeria, Fabbri et Bhullar analysent la boîte crânienne de l’holotype (SAM-PK 5867) d’E. capensis. La numérisation du fossile par scan CT leur a permis d’obtenir le scan de l’endocrâne de SAM-PK 5867. A partir de l’endocrâne, ils ont ainsi pu analyser les différentes caractéristiques morphologiques du cerveau d’Euparkeria et en déduire les implications pour son écologie. Fabbri et Bhullar remarquent que les bulbes olfactifs d’Euparkeria sont de taille proportionnellement similaire à ceux des phytosaures et des archosaures, impliquant un bon odorat similaire à celui de ces groupes. Le fait que les bulbes oculaires soient plus petits que les bulbes olfactifs montre qu’Euparkeria se servait principalement de son odorat pour interagir avec son environnement. Le flocculus du cerveau d’Euparkeria est de grande taille, ce qui suggère que c’était un animal bien coordonné avec de bons réflexes, et donc un chasseur actif
Cet endocaste a ensuite permis à Fabbri et Bhullar de comparer le cerveau d’Euparkeria à celui d’autres archosaures et archosauriformes. Ainsi, le cerveau d’Euparkeria présente une innovation morphologique au sein des archosauriformes : une forme sigmoïdale du cerveau qui diffère de la forme tubulaire du cerveau de formes plus basales comme Proterosuchus. Il est morphologiquement similaire à celui des phytosaures et des pseudosuchiens, ce qui signifie que leurs cerveaux n’ont globalement pas été modifiés par leur écologie semi-aquatique. Le cerveau d’Euparkeria représente donc une étape très proche de la condition ancestrale du cerveau des archosaures. Il montre également que le cerveau des crocodiles est pertinent pour être considéré comme l’équivalent moderne le plus proche du cerveau ancestral des archosaures.
Références : Fabbri, M.; Bhullar, B.-A.S., 2022, The endocast of Euparkeria sheds light on the ancestral archosaur nervous system. Palaeontology. 65(6): e12630.
Toutes les images proviennent de Fabbri et Bhullar, 2022
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