Dineobellator est un genre de théropode dromaeosauridé du Maastrichtien de la formation géologique d’Ojo Alamo (Nouveau-Mexique, USA). Il a été décrit en 2020 par Jasinski et ses collègues, avec pour espèce D. notohesperus, sur la base d’un squelette partiel (SMP VP-2430). A l’origine, l’holotype a été découvert lors de fouilles en 2008 puis du nouveau matériel a été découvert dans la localité type en 2009, 2015 et 2016. Ce nouveau matériel de l’holotype de Dineobellator permet ainsi à Jasinski et ses collègues de réétudier l’ostéologie du genre.

Le matériel de l’holotype de D. notohesperus a subi quelques révisions par Jasinski et ses collègues qui ont réinterprété un basipterygoïde droit en un gauche, un métatarse I en phalange pédale I-I et une astragale gauche en un élément indéterminé. Le nombre de vertèbres caudales est passé de 6 avec des fragments à 9 avec des fragments, un radius droit partiel, un unguéal manuel III et un fragment de pubis droit ont également été ajoutés au matériel de SMP VP-2430.

Jasinski et ses collègues ont analysé en détail les fossiles de Dineobellator, mettant en évidence certaines particularités. L’extrémité proximale d’une côte dorsale de l’holotype de D. notohesperus présente des signes de pathologies. Des zones de déformation et d’ajout de tissu osseux sont présentes, signes d’une restructuration de l’os après une pathologie que Jasinski et ses collègues n’ont pas déterminée. Plusieurs os de Dineobellator présentent des anomalies de croissance qui nécessitent une étude plus approfondie.

L’humérus de Dineobellator est de taille identique à celui de Deinonychus, mais est bien plus gracile que ce dernier. Cette différence morphologique implique une musculature moins puissante pour Dineobellator et donc un usage différent du bras. L’ulna de l’holotype présente quant à lui des structures particulières : des papilles ulnaires. Celles-ci ont déjà été observées chez plusieurs dromaeosauridés et ont pu servir de point d’ancrage pour des plumes.

Les vertèbres de Dineobellator sont opisthocoeles, ce qui lui aurait conféré une plus grande mobilité caudale et augmenté son agilité. Sans plus de fossiles, l’amplitude de mouvement et l’impact sur l’équilibre de sa queue ne peuvent être connus, mais Jasinski et ses collègues notent que Dineobellator était certainement un prédateur agile.

Le sillon profond des unguéaux manuels et la grande taille de leur tubercule d’attache chez Dineobellator suggère qu’il possédait une grande force de préhension. Cette force a été mesurée par Jasinski et ses collègues comme étant grossièrement comprise entre 4,28 et 21,4 kPa. De meilleures estimations nécessitent plus de fossiles voire des tissus mous pour obtenir un modèle d’étude plus réaliste. L’unguéal manuel de l’holotype de Dineobellator présente des déformations sans pour autant présenter un remodelage ou une retexturation. Cette déformation pourrait être due à un impact ou bien à une infection mais aucune hypothèse ne peut être validée par Jasinski et ses collègues en l’état actuel des connaissances.

Les unguéaux pédaux de Dineobellator présentent quant à eux un taux de flexion bien plus élevé que chez les autres dromaeosauridés, avec un taux de 67% contre 36% chez Deinonychus, 30% chez Dromaeosaurus et 26% chez Velociraptor. Cette plus grande maniabilité des griffes aux pieds peut être liée à l’agilité de Dineobellator, avec un mode de chasse particulier que Jasinski et ses collègues n’ont pas pu élucider.

Cette étude approfondie leur a permis de réétudier la position phylogénétique de Dineobellator au sein des dromaeosauridés avec l’ajout de nouveaux caractères analysables. Cette nouvelle analyse phylogénétique de Jasinski et ses collègues a trouvé un résultat différent de celui de l’étude initiale de 2020. Au lieu de retrouver Dineobellator au sein des velociraptorinés, elle le place dans une position non résolue au sein d’Eudromaeosauria, à l’extérieur des clades Dromaeosaurinae, Velociraptorinae et Saurornitholestinae. Cette position non résolue témoigne plus d’un manque de caractères et donc de fossiles que d’une position réelle de Dineobellator.

Cette réévaluation de Dineobellator montre que ses similitudes avec les velociraptorinés ne sont, selon Jasinski et ses collègues, que le fruit de convergences évolutives. Toutefois il est possible que ces convergences ne soient pas les seules raisons mais les schémas de migration des dromaeosauridés sont encore trop mal connus pour permettre d’autres hypothèses.

Plusieurs dents isolées de dromaeosauridés ont été rapportées comme provenant de la formation géologique d’Ojo Alamo. La dent de Dromaeosauridae indet. SMP VP-2595 rapportée en 2011 par Jasinski et ses collègues pourrait représenter Dineobellator. En revanche, une dent rapportée par Williamson et Brusatte en 2014 semble distincte et témoigne de la présence d’une seconde espèce de dromaeosauridés dans cette formation géologique.

Avec une taille environnant 3 mètres de longueur, Dineobellator était un prédateur de taille moyenne, un grade de taille assez rare dans le crétacé supérieur aux Etats-Unis. Jasinski et ses collègues ont analysé la faune de la formation géologique d’Ojo Alamo et ont déterminé que Dineobellator vivait en compagnie de plusieurs autres théropodes : de tyrannosauridés, du coelurosaure Richardoestesia, d’ornithomimosaures, de troodontidés et de l’oviraptorosaure Ojoraptorsaurus. Il coexistait également avec des tortues, des crocodylomorphes, des squamates, des ankylosaures, des cératopsiens, des hadrosaures et le sauropode titanosaure Alamosaurus.

Références : Jasinski, S.E.; Sullivan, R.M.; Carter, A.M.; Johnson, E.H.; Dalman, S.G.; Zariwala, J.; Currie, P. J., 2022, Osteology and reassessment of Dineobellator notohesperus, a southern eudromaeosaur (Theropoda: Dromaeosauridae: Eudromaeosauria) from the latest Cretaceous of New Mexico. The Anatomical Record. 1–45.
Jasinski, S.E.; Sullivan, R.M.; Dodson, P., 2020, New dromaeosaurid dinosaur (Theropoda, Dromaeosauridae) from New Mexico and biodiversity of dromaeosaurids at the end of the Cretaceous. Scientific Reports. 10, 5105.
Jasinski, S.E.; Sullivan, R.M.; Lucas, S.G., 2011, Taxonomic composition of the Alamo Wash local fauna from the Upper Cretaceous Ojo Alamo Formation (Naashoibito Member), San Juan Basin, New Mexico. New Mexico Museum of Natural History & Science Bulletin. 53: 216–271.
Williamson, T.E.; Brusatte, S.L., 2014, Small theropod teeth from the Late Cretaceous of the San Juan Basin, northwestern New Mexico and their implications for understanding latest Cretaceous dinosaur evolution. PLoS One. 9(4): e93190.
Toutes les images proviennent de Jasinski et al., 2022 à l’exception de la huitième qui provient de Jasinski et al., 2020 et de l’avant-dernière qui est composée de photographies de Williamson et Brusatte, 2014 et de Jasinski et al., 2011