Nouveau matériel d’elasmosauridé des Etats-Unis

Dans les années 1990, un squelette d’elasmosauridé est découvert par Carol McClure dans le Turonien du membre de Juana Lopez, dans la formation géologique de Carlile Shale (Colorado, USA). La découverte est rapportée à Schumacher et le squelette est ensuite excavé de 2013 à 2016 par une équipe de paléontologues. A l’occasion de la description du nouveau genre Plesioelasmosaurus (traitée dans cet article), Schumacher et Everhart ont également décrit ce squelette. Numéroté DMNH V.90000, ils lui ont donné le surnom de « Juana Lopez elasmosaur ».

Dessin de terrain montrant la zone de fouille en 2014 du spécimen DMNH V.90000

DMNH V.90000 se compose d’une dent, de 10 vertèbres cervicales, 1 dorsale, 1 sacrale, 5 caudales, des fragments de côtes, des coracoïdes, de 4 phalanges et d’au moins 17 gastrolithes. Schumacher et Everhart attribuent le Juana Lopez elasmosaur à Elasmosauridae mais DMNH V.90000 manque de caractères diagnostiques pour lui ériger un nouveau genre. Il s’agit ainsi d’un des rares elasmosauridés datant du Turonien.

Photographies de fossiles appartenant à DMNH V.90000

La proportion de taille entre les phalanges et les vertèbres de DMNH V.90000 a permis à Schumacher et Everhart de considérer le spécimen comme un elasmosauridé de grade intermédiaire. Son stade évolutif est plus dérivé que Plesioelasmosaurus, similaire à celui de Libonectes et Thalassomedon et plus basal qu’Elasmosaurus ou Styxosaurus. Ces conclusions se basent principalement sur le degré d’élongation des vertèbres et sur la taille des membres.

Graphique montrant la proportion des vertèbres cervicales avec leur longueur en fonction de leur position dans le cou, montrant avec évidence que DMNH V.90000 est une forme intermédiaire entre Plesioelasmosaurus (UNSM 50134) et Elasmosaurus

Les foramina subcentralia (ouvertures pour le passage des vaisseaux sanguins dans les vertèbres) de DMNH V.90000 ont une disposition plesiomorphique pour les elasmosauridés. L’étude par Schumacher et Everhart des variations de position de ces foramina sur les vertèbres des elasmosauridés suggère que ces foramina n’avaient pas tendance à migrer vers les parois latérales de la vertèbre au cours de l’évolution. Cette remarque contraste avec les conclusions d’études précédentes et nécessite une exploration plus profonde de la position de ces foramina subcentralia.

DMNH V.90000 a été retrouvé dispersé dans des sédiments de rivage de type bioclastiques, suggérant que le cadavre de l’animal s’est échoué sur le rivage et a été exposé au courant pendant quelques temps. Ce type de préservation est rare car les elasmosauridés sont généralement découverts dans le fond marin. Etant donné que les cadavres des elasmosauridés ne flottaient pas, c’est la preuve que le Juana Lopez elasmosaur vivait près du littoral. La présence de ce spécimen sur les côtes n’est pas accidentelle selon Schumacher et Everhart, car les elasmosauridés ont pu préférer les habitats côtiers pour sonder les sédiments du fond marin à la recherche d’invertébrés. Ainsi la présence de DMNH V.90000 dans des sédiments de rivage ne témoigne pas d’une écologie unique mais bien d’une écologie courante pour les elasmosauridés.

Référence : Schumacher, B.A.; Everhart, M.J., 2022, Washed ashore – New elasmosaurid specimens (Plesiosauria: Sauropterygia) from the Late Cretaceous of Colorado and Kansas and their bearing on elasmosaurid lineages of the Western Interior Seaway .Transactions of the Kansas Academy of Science. 125(3-4): 237-263.

Toutes les images proviennent de Schumacher et Everhart, 2022

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